Francis, votre épaule gauche avait été touchée à Huijbergen aux Championnats d’Europe le 7 novembre dernier. Est-elle complètement rétablie ?
Ça va mieux de jour en jour. Je n’ai pratiquement plus de douleurs sur le vélo depuis le début de la semaine. Par contre, la douleur revient le soir avec la fatigue de la journée. Cette semaine, je m’entraîne uniquement sur la route. À partir de la semaine prochaine, je pourrai reprendre l’entraînement spécifique au cyclo-cross. J’ai repris la compétition ce week-end à Pierric puis à La Mézière. Les sensations étaient bonnes, meilleures que ce à quoi je m’attendais après quinze jours sans vélo. J’espère maintenant que tout se passera pour le mieux au mois de décembre.

Cette chute vous a-t-elle fait prendre du retard sur votre condition physique ?
C’est vrai, ça pourrait me ralentir pour le mois de décembre, mais pour le mois de janvier, ça n’aura aucune incidence. Pour la dernière manche de Coupe de France à Flamanville le 30 décembre, je pense que j’aurai retrouvé mon niveau. Mais pour la Coupe du Monde de Namur par exemple, je serai en dedans par rapport à mes attentes.

Depuis le début de la saison, vous assistez à l’éclosion de Clément Venturini. Doit-on parler d’une passation de pouvoir entre lui et vous ?
Oui, un peu. C’est la nouvelle génération qui émerge. Je dois dire aussi que je n’ai pas axé ma saison de cyclo-cross comme ces dix dernières années. Jusqu’à l’an dernier, je préparais la saison de cross de septembre à février pour être compétitif toute la saison. Cette saison, j’ai préféré tout axer sur le mois de janvier. Je ne veux pas terminer la saison fatigué pour pouvoir enchaîner avec la route. Pour cela, j’ai dû sacrifier tout mon début de saison. Auparavant, je visais la victoire à chaque compétition internationale. Cette année, je n’ai visé que les podiums, que ce soit à Marle, ou sur les manches de l’EKZ CrossTour par exemple.

Était-ce votre volonté ou une nécessité exigée par votre arrivée chez Fortuneo-Vital Concept au 1er janvier ?
Non, c’était ma volonté. Manu Hubert m’a fait confiance pour l’année prochaine. Je ne veux pas arriver à la fin du mois de janvier et lui dire que je dois couper pour un mois. Sans compter qu’il me faut un mois pour revenir. Avec l’expérience que j’ai, je savais que si je faisais la saison à bloc, je n’aurais pas pu être compétitif sur la route. J’ai donc décidé de mettre le paquet au mois de décembre pour être en pleine possession de mes moyens en janvier.

Quitte à sacrifier une douzième victoire en Coupe de France…
J’aurais pu la viser, mais ma blessure aux Championnats d’Europe m’a poussé au forfait pour Quelneuc. Sans elle, j’aurais pu être compétitif. J’ai eu la chance de gagner la Coupe de France onze fois, de remporter vingt-huit manches. La roue tourne. Je sais que j’avais programmé ma saison de cross comme cela. Au lieu de faire quinze heures de vélo par semaine, je n’en fais plus que six ou sept. J’ai divisé le travail par deux pour ne pas accumuler de la fatigue et pour pouvoir enchaîner avec la route. Je suis encore 17ème au classement UCI, je continue de faire des podiums internationaux. Mais si on dit que je ne marche pas…

Malgré tout, le moment arrivera où vous ne serez plus aussi dominateur que vous ne l’étiez. Est-ce quelque chose que vous appréhendez ?
Non, c’est dans la logique des choses. Je vais bientôt avoir 35 ans. Heureusement que des jeunes sont derrière ! Mais comme je l’ai dit, je serai là au mois de janvier, et l’année prochaine, je serai toujours là. C’est sûr que je ne peux plus gagner autant qu’avant. Je gagnais jusqu’à quinze cyclo-cross par an, mais je n’ai plus les mêmes priorités. Je ne mets pas le cyclo-cross de côté, loin de là. Tant que je prends du plaisir et que je joue le podium au niveau international, c’est très bien.

Est-ce en quittant la FDJ que vos priorités ont changé ?
À partir du mois de juin, j’ai su que la FDJ mettrait moins de moyens pour le cyclo-cross. Mais je pensais qu’ils me conserveraient après les douze années que nous avons passées ensemble. J’ai appris que je n’étais pas conservé au mois de septembre. J’ai appelé Manu Hubert dans la foulée. Au bout de quinze jours, j’ai signé mon contrat. Nous étions alors fin septembre. C’est à ce moment que j’ai décidé d’adapter mon programme, d’essayer de faire une bonne saison sur route en profitant du mois de janvier en cyclo-cross. Je n’ai pas fixé d’objectifs, mais j’aimerais être présent sur les Coupes de France, comme le Tro Bro Léon ou Cholet-Pays-de-Loire. Mon programme de course n’a pas encore été complètement établi, mais je devrais faire quelques courses par étapes comme le Tour de Langkawi et le Tour de Luxembourg.

Changer d’équipe en cours de saison implique également un changement de matériel. Est-ce quelque chose que vous redoutez ?
Non, mes nouveaux vélos de cyclo-cross arriveront à la maison d’ici une semaine. Je pourrai m’entraîner avec le Look au mois de décembre tout en conservant mon Lapierre pour les compétitions. En janvier, j’aurai donc eu le temps de m’y habituer. Je n’ai pas encore eu l’occasion de rouler avec le Look sur la route puisque mon vélo n’a pas encore été monté, mais cela devrait être le cas d’ici à la fin de la semaine.

Propos recueillis à Bruz le 25 novembre 2015.