Steve, tu passes à côté du titre de champion de France sans avoir pu défendre ta chance jusqu’au bout, les choses auraient-elles été différentes si tu n’avais pas déchaussé ?
Si je ne déchausse pas, je passe à 100 % ! Mais quand on déchausse à 100 mètres de l’arrivée, le temps de remettre le pied dans la pédale quand on est en pleine phase d’accélération, c’est terminé. Je n’ai pas déchaussé une seule fois de la course, pas même sur les planches que je passais à vélo. Mais ça fait partie du jeu, même si je suis très déçu car sur un sprint comme celui-là en faux-plat montant, il n’y aurait pas eu photo. Les deux fois où je m’étais fait battre par Francis Mourey, je m’étais fait battre à la régulière, là c’est très dommage parce que, à un demi-tour de l’arrivée, je me suis dit que si je passais bien les planches, j’avais course gagnée, mais il m’a manqué le sprint.

Heureusement que ton épouse Lucie a gagné un peu plus tôt…
Oui, sans quoi ça aurait été la grosse soupe à la grimace dans la voiture au retour. Sincèrement, que le titre ne revienne pas à la maison FDJ, ça me fait chier (sic). Francis Mourey n’était pas dans un super bon jour, Arnold Jeannesson a fait un super boulot. Moi, pour une fois, j’ai été intelligent, je n’ai pas fait le chien fou, et nous ne sommes pas récompensés. C’est une grosse déception.

N’as-tu jamais pensé à sortir Aurélien Duval avant une confrontation au sprint ?
J’ai vu que c’était lui le plus fort aujourd’hui. Dès qu’il y avait un moment d’accélération, nous nous retrouvions assez vite à deux. Aurélien a été vice-champion du monde Espoirs, il a fait une grosse saison cet hiver et je savais qu’il allait être difficile à lâcher dans les deux derniers tours. J’attendais le sprint car je me savais plus rapide que lui, il en est conscient aussi. Il y a eu cet accrochage avec ma pédale mais c’est la course, on ne la refera pas.

Vous vous êtes un moment retrouvé tous les deux devant, Aurélien Duval et toi, pourquoi n’avoir pas insisté à ce moment ?
Parce que j’avais encore deux équipiers derrière, Arnold et Francis, je n’allais pas l’emmener sur un plateau. Nous étions peut-être aussi en position de force, or des fois ça joue en notre défaveur. Nous sommes tombés sur un grand Aurélien. On referait la course, ce serait la même. Il n’y avait pas d’autre stratégie à mettre en place. Arnold avait dit qu’il n’hésiterait pas à rouler, c’est ce qu’il a fait. Il s’est sacrifié mais le champion de France c’est Aurélien Duval.

Quel champion de France fait Aurélien Duval ?
Avec tout ce qui lui est arrivé, ses deux années de suspension, je lui dis bravo. Sa suspension n’était pas normale, il a payé pour beaucoup de coureurs et je pense que ce n’est que justice qu’il ait aujourd’hui ce maillot. Avec ce qui se passe dans le vélo, beaucoup de choses illogiques et anormales, c’est bien pour lui. Tant qu’à ce que le maillot ne revienne pas à un FDJ, c’est bien qu’il lui soit revenu à lui.

Tu as eu des hauts et des bas ces derniers jours en raison de soucis de santé, qu’en était-il dimanche ?
A Quelneuc, je n’ai jamais été aussi serein depuis que je suis chez les pros à l’approche d’un Championnat de France. Justement parce qu’il n’y avait pas cette pression. Je savais très bien que je pouvais être dans un mauvais jour comme dans un très bon jour. Ma femme a gagné au matin et ça m’a enlevé un poids. L’adrénaline est montée et s’est maintenue toute la course. Je n’avais pas le droit de faire des efforts inutiles. Mon petit contretemps qui a résulté de mon forfait à Louvain a été bénéfique.

Il y aura de la revanche dans l’air l’année prochaine ?
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. J’espère revenir pour conquérir le maillot bleu-blanc-rouge. Il faudra qu’il revienne à la maison FDJ. Avec ce que font Marc Madiot et Martial Gayant, ce serait bien qu’on récupère le maillot l’année prochaine.

Propos recueillis à Quelneuc le 8 janvier 2012.