Un caractère bien trempé, une énergie débordante et une gouaille comme seuls les gens du sud de la France en ont, Océane Grumel (Lunel Bike) a remporté en décembre le Challenge National Cadettes de cyclo-cross après ses victoires sur les manches de Lignières et Rodez et sa 2ème place à Besançon. Pur produit de la détection régionale Languedoc-Roussillon, cette jeune compétitrice est issue du TRJV-TNJV et découvre les compétitions nationales pour sa première année chez les Cadettes. Bien conseillée par Aurélien Bianciot, son entraîneur, et encadrée par Freddy Grumel, son papa bienveillant, Océane sera la favorite pour le maillot tricolore en ouverture des Championnats de France de cyclo-cross samedi à Quelneuc. A cinq jours de l’échéance, la jeune fille et ses proches nous en disent plus sur leur fonctionnement.

Océane, comment as-tu débuté la pratique du vélo ?
Océane Grumel : C’est ma quatrième année de cyclisme. J’ai 14 ans et j’ai commencé le vélo à 10 ans. J’ai découvert cette discipline par le VTT cross-country mais le calendrier est peu fourni en compétitions et j’ai découvert le cyclo-cross pour la saison hivernale. A présent ce sera VTT en période printanière-estivale et du cyclo-cross ensuite. Le cyclo-cross m’a plu et je m’y suis investie avec passion pour accéder au niveau national cet hiver. La manche de Lignières était ma première excursion à l’échelon national et ma victoire en a été que plus surprenante et inattendue.

Tu es licenciée au club héraultais de Lunel Bike. Que t’apporte cette structure ?
Océane Grumel : Au commencement, le club ne disposait pas de compétiteurs mais avait pour vocation d’organiser une épreuve et de promouvoir la découverte du cyclisme via des randonnées, des actions auprès des jeunes… Avec un copain, nous avons voulu accéder à la compétition et le club nous a suivis. Le club nous a déplacés sur des compétitions départementales puis régionales. Puis j’ai pris goût à ces compétitions et poursuivi mon évolution pour découvrir les échéances nationales en VTT principalement. Mon père a intégré le bureau du club et s’est ensuite investi de plus en plus pour encadrer les jeunes souhaitant évoluer à ce niveau et qui ne peuvent pas être déplacés par leurs parents. Il encadre la section compétition et s’occupe de toute la logistique sur ces épreuves. En contrepartie, le club nous défraye sur les épreuves nationales comme le TFJV ou les cyclo-cross. Compte tenu de mes résultats acquis au Challenge, le club me soutient énormément pour le déplacement à Quelneuc et obtenir le maillot tricolore ne serait qu’un juste retour pour les remercier de leur soutien !

Aurélien Bianciot, vous êtes l’entraîneur d’Océane, comment aborde-t-on l’entraînement d’une jeune compétitrice pour une épreuve nationale ?
Aurélien Bianciot : L’intérêt pour une Cadette est de l’initier à l’entraînement, lui faire acquérir des bases. L’avantage avec Océane est qu’avec ces bases d’initiations et ses qualités physiques naturelles, on arrive déjà à batailler à l’avant des courses nationales. C’est très intéressant mais le risque est de vouloir trop en faire. Je pense que ce serait une erreur d’augmenter les charges d’entraînement et l’investissement d’Océane dans le vélo, de vouloir l’immerger dans ce milieu… Laissons-lui du temps. Pour le moment elle roule très peu, au maximum deux fois dans la semaine et souvent sur home-trainer. Le samedi est souvent consacré au déblocage et à la reconnaissance des circuits. Enchaîner les week-ends de courses,  c’est déjà beaucoup pour une jeune Cadette, la fatigue s’accumule au fil des déplacements.

Freddy Grumel, vous êtes le père d’Océane, comment gère-t-on l’investissement sportif, les obligations scolaires et l’équilibre familial ?
Freddy Grumel : Au niveau scolaire on bénéficie de la compréhension des professeurs qui ont conscience de l’investissement d’Océane dans la compétition sportive. Océane a toujours eu besoin de faire du sport pour se défouler, s’épanouir. Elle a bien accroché avec le cyclisme où elle s’investit avec passion. Elle connaît bien Aurélien, qui encadrait l’école de vélo de Lunel Bike, en tant que moniteur. Une relation de confiance s’est instaurée et j’apprécie l’état d’esprit d’Aurélien. A partir de là, j’ai préféré bénéficier d’un appui, d’un soutien pour préserver mon rôle de père et ne pas tout mélanger. C’est pour cela qu’Aurélien et la société Cyrpéo gèrent le côté entraînement et approche de la compétition. Les rôles sont bien définis et l’équilibre me semble bon. Dans mon rôle de père, je suis fier de ma fille et de son évolution. Je la sens épanouie et heureuse, c’est l’essentiel. Je suis là au maximum lors des déplacements pour gérer la logistique et la mettre dans de bonnes conditions pour qu’elle puisse récolter les fruits de ses efforts sportifs. Nous avons deux autres filles que nous ne devons pas négliger et qui doivent compter sur nous autant qu’Océane.

Gagner un Challenge National, c’est une ligne au palmarès, gagner le Championnat c’est porter un maillot tricolore pour une saison… Comment perçois-tu l’enjeu de cette compétition ?
Océane Grumel : Je suis déjà heureuse d’avoir remporté le Challenge, c’était inattendu. Je venais sur ces épreuves pour les découvrir, m’y amuser. Après Lignières, j’y ai pris goût ! Si je pouvais gagner le Championnat de France à Quelneuc ce serait super bien sûr, mais je n’ai pas la pression car je suis encore dans ma démarche de découverte et j’ai eu beaucoup de satisfaction lors du Challenge.

Aurélien, d’un point de vue entraîneur, quelle est l’approche d’un tel objectif ?
Aurélien Bianciot : Océane ne dispose pas d’une longue expérience. On n’a pas de recul sur ce genre d’échéance, son approche, sa réaction morale… Après la dernière manche du Challenge, j’ai planifié une période de récupération car Besançon a été exigeant de par les conditions, l’enjeu et le stress. Les vacances ont permis de se reposer tout en reprenant l’entraînement avec des séances plus régulières, plus ciblées. Elle a pu aborder ces entraînements et bien se reposer. A l’approche de cet objectif majeur, je pense que mon rôle va être de donner sa place à chacun afin de limiter les tensions, la pression et de mettre Océane dans de bonnes conditions pour Quelneuc. Il faut éviter les erreurs, le moteur est là, tout est rôdé. Il faut juste arriver dans de bonnes conditions et détendue pour qu’elle exploite son potentiel. Océane partira mercredi accompagnée de son papa qui peut s’investir auprès d’elle.

En Languedoc-Roussillon, le cyclo-cross est représenté par Christel Ferrier-Bruneau. As-tu partagé des entraînements avec elle, bénéficié de ses conseils ?
Océane Grumel : Oui je connais Christel et j’ai déjà effectué des reconnaissances des parcours du Challenge 2011 avec elle. A Besançon, j’étais déplacée au sein de la sélection du comité régional et elle était aussi présente. On a discuté toute les deux et elle m’a donné des conseils, c’est appréciable.

Aurélien, du point de vue de l’entraîneur, Océane a-t-elle un intérêt à profiter de l’expérience d’une compétitrice comme Ferrier-Bruneau ?
Aurélien Bianciot : Je pense que Christel est un bon exemple pour Océane, du point de vue de la gestion de sa carrière mais aussi de ses performance acquises. Je connais Christel depuis des années puisque nous étions en faculté STAPS ensemble. C’est une compétitrice saine d’esprit et saine de corps, c’est donc un bon exemple pour Océane, vraiment ! Pour cette saison, Océance se découvre et on la découvre à ce niveau national. Alors pour le moment on n’a pas pu anticiper cette collaboration avec Christel mais on devra y réfléchir pour la saison à venir. Sur quelques séances je pense que Christel pourrait la guider et la conseiller, ce qui serait bénéfique. Si Océane avait quelques années de plus, en Juniors ou Espoirs, ce serait alors intéressant qu’elle soit dans le sillage de Christel. Mais là il y a tout de même une importante différence d’âge donc de rythme et d’approche de la compétition et du suivi qui en découle. Océane a besoin de prendre son temps et évoluer à son rythme.

La société Cyrpéo propose des prestations d’entraînement dont bénéficie Océane. Présentez-nous cela.
Aurélien Bianciot : Depuis plus de quinze ans, Thomas et Thibault Boutin et moi-même avons beaucoup reçu du vélo, vécu de bons moments de sport et d’amitié. Le vélo nous a beaucoup apportés et c’est un juste retour que de nous investir dans notre sport. La société Cyrpéo s’investit depuis plusieurs années auprès des jeunes pour faire découvrir le vélo aux jeunes, les initier à ces disciplines. On intervient dans les écoles et collèges disposant de sections cyclisme. On dispose aussi d’école de vélo et on travaille en proche collaboration avec le dynamique club de Calvisson. Tous ces investissements ont pour but de faire découvrir le vélo, initier la jeunesse à ce sport. Via mes études en STAPS et mon BE, j’apprécie de m’investir auprès d’Océane, lui faire profiter de mes expériences et mettre en place un suivi cohérent de son entraînement en prenant en compte son âge, son vécu, ses objectifs… et le long terme car l’état d’esprit de Cyrpéo est de ne pas griller des jeunes compétiteurs pour les voir quitter le vélo rincés après quelques saisons. Ensuite, notre magasin à Lunel fait le maximum pour qu’Océane dispose de bon matériel adapté et fiable et qu’elle aborde les courses dans de bonnes conditions. Le vélo coûte cher et la compétition à haut-niveau représente pour le jeune et sa famille un investissement financier très conséquent. Le magasin fait son possible pour tamponner ce coût. Océane dispose d’un très bon vélo, de roues carbone à boyaux… Le magasin fait le maximum pour qu’elle ait un matériel optimum en respectant le budget familial. Elle aborde la saison au jour le jour et je pense qu’elle a raison car cela lui enlève du stress. C’est une compétitrice qui carbure au plaisir et non pas au résultat. Et si un jour le plaisir n’est plus là je la sais capable de raccrocher du jour au lendemain car personne la forcera à continuer.

Océane, en tant que jeune compétitrice, quel serait ton rêve pour les saisons à venir ?
Océane Grumel : Honnêtement je ne me projette pas trop sur les saisons à venir et je vis pleinement les moments et résultats présents. Donc, pour le moment, je n’ai pas de rêve ou d’objectif ultime. Cet été je retrouverai la pratique du VTT, les échéances nationales… mais toujours avec le plaisir !

Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec.