Quand les grandes stars du cyclo-cross avaient encore des affaires à régler du côté des sous-bois flamands, samedi à proximité de la Mer du Nord, d’autres figures de la discipline ont opté pour une destination moins courue : le Japon. Au cœur des signes de l’écriture japonaise se dégageaient quelques noms dans l’alphabet latin sur la liste des engagés. Parmi lesquels ceux de l’Américain Jeremy Powers (Aspire Racing), tenant du titre, et du couple français Steve et Lucie Chainel (Cross Team by G4). Tous ont fait le voyage jusqu’à Tokyo, où se tient depuis cinq ans un cyclo-cross qui fait recette auprès de milliers de supporters.

Le long de la baie de Tokyo, qui reste avec 43 millions d’habitants l’aire urbaine la plus peuplée au monde, c’est un circuit digne des cross du nord de l’Europe qui attendait ses hôtes. Un parcours exigeant nécessitant avant tout de la force pour franchir d’interminables sections de sable sur les rives d’Odaiba. Et s’il était possible par endroits d’aller chercher le sable encore mouillé de la mer qui s’était retirée pour profiter d’un meilleur rendement, il fallait essentiellement composer avec ce sable épais et fuyant face auquel nombre de concurrents ont pris le parti d’un portage, vélo sur l’épaule.

Bref, voilà un cyclo-cross spectaculaire qui, s’il n’est pas encore référencé au calendrier UCI, mériterait tout à fait sa place un jour au calendrier d’une Coupe du Monde qui s’ouvre tout doucement à de nouvelles destinations, confer les épreuves américaines de début de saison désormais bien installées dans le programme.

En attendant, c’est donc un spectacle époustouflant que les crossmen internationaux venus se frotter aux coureurs locaux ont offert à des milliers de spectateurs enthousiastes. Et sur la plage urbaine, Jeremy Powers ne sera pas parvenu à répéter sa victoire de 2016. Cette fois, l’Américain s’est heurté à l’opposition de Steve Chainel.

« C’est une véritable fête du cyclo-cross à laquelle nous avons eu droit, s’est réjoui le Vosgien devant la dizaine de reporters en quête des impressions du lauréat. Et vraiment, je suis fier d’avoir remporté cette dernière compétition. Le Cross Team by G4 s’est fait de nouveaux fans au Japon, un pays dont la culture est vraiment incroyable, les gens d’une sympathie absolue, et l’ensemble du pays vraiment propre. On s’y sent en sécurité et parfaitement bien. »

Sur les plages d’Odaiba, qui auront échappé à la neige qui tombait encore deux jours plus tôt dans le centre-ville de Tokyo, le nom de Chainel restera d’autant plus dans les mémoires que la victoire de Steve chez les garçons s’est fait l’écho de celle de Lucie chez les filles. Une véritable mainmise française sur un événement dont la croissance est constante et la popularité un signe encourageant à trois ans et demi des Jeux de Tokyo.