Coincée entre un Milan-San Remo traditionnellement dévolu aux sprinteurs et le Tour des Flandres que les adeptes des classiques pavées rêvent d’accrocher, Gand-Wevelgem est une transition parfaite entre les deux monuments. Car au terme des 233 kilomètres que compte le parcours, c’est traditionnellement un sprinteur qui s’impose à Wevelgem, petite commune située à la frontière franco-belge, bien que celui-ci doive savoir passer les monts pavés qui parsèment le tracé. Pourtant, sur les cinq dernières éditions, deux seulement se sont conclues au sprint, à chaque fois remportées par Tom Boonen (Omega Pharma-Quick-Step). Oui, Gand-Wevelgem est plus qu’une simple flandrienne convenue qui débouche toujours sur un emballage presque massif, mais la classique va renouer avec sa tradition aujourd’hui.

Une chose est sûre sur Gand-Wevelgem, les temps sont durs pour ceux qui ne sont pas habitués aux pavés ou qui ne sont pas dotés d’une belle pointe de vitesse. Marcel Aregger (IAM Cycling), Manuele Boaro (Tinkoff-Saxo), Sebastian Lander (BMC Racing Team), Jacobus Venter (MTN-Qhubeka) et Fréderik Veuchelen (Wanty-Groupe Gobert) éviteront alors de rester dans l’anonymat et passeront de l’ombre à la lumière en jouant les éclaireurs. Partis après deux kilomètres, les cinq hommes ouvrent la route au peloton et compteront 10’30 » d’avance juste avant d’entrer sur le territoire hexagonal pour quelques kilomètres. C’est là que les premières difficultés vont apparaître avec le franchissement du mont Cassel à deux reprises et du mont des Cats.

Les difficultés ne seront pas simplement topographiques pour les hommes de tête qui voient doucement, mais sûrement leur avantage fondre comme neige au soleil en cette belle journée de printemps. C’est une fois entrée dans la partie décisive de la course qui comprend l’enchaînement Baneberg-mont Kemmel-Monteberg que l’échappée sent le souffle du peloton sur sa nuque. Car c’est à cet endroit que les choses sérieuses commencent pour les hommes forts de cette campagne de flandriennes. Les favoris n’hésitent pas à se dévoiler dès le premier passage dans le Kemmel à près de 80 bornes de l’arrivée. Tom Boonen, le pouce endolori, y place une accélération avec un Fabian Cancellara (Trek Factory Racing) qui le suit comme son ombre.

Il faut ensuite attendre la deuxième escalade de la principale difficulté de la classique pour voir de nouveaux mouvements. Mais l’accélération de Sep Vanmarcke (Belkin) sera insuffisante pour créer la sélection. Le regroupement général s’opère dans les dix kilomètres qui suivent le sommet du Kemmel. Les équipes de sprinteurs peuvent alors se contenter de contrôler la course dans l’optique du sprint final. Seulement voilà, tout le monde n’est pas de cet avis, à commencer par Andrey Amador (Movistar Team), Stijn Devolder (Trek Factory Racing) et Silvan Dillier (BMC Racing Team). Leur offensive semble alors vouée à l’échec, et pourtant le trio donnera des sueurs froides aux sprinteurs avec une avance tournant longtemps autour de la demie minute. Mais il était écrit que cette édition se terminerait au sprint et l’offensive est reprise par le peloton peu avant la flamme rouge.

Tous les hommes rapides ne sont pourtant pas là. Mark Cavendish a été contraint de renoncer, malade. Pour André Greipel, la déception sera immense. L’équipe Lotto-Belisol fait partie des plus actives pour revoir la tentative d’Amador, Devolder et Dillier, mais le champion d’Allemagne chute à l’aube des dix derniers kilomètres. Une aubaine pour John Degenkolb (Giant-Shimano), très actif sur le GP E3 vendredi. Le coéquipier de Marcel Kittel efface la déception d’un Milan-San Remo où il a crevé au plus mauvais moment et s’offre une nouvelle classique de prestige après Paris-Tours et la Classique de Hambourg. Côté français, on se satisfera de la 2ème place d’Arnaud Démare (FDJ.fr) qui avait fait de cette classique un objectif. Le Picard lance son sprint sur le tard et ne parvient pas à remonter John Degenkolb qui s’impose d’une demie-roue.

Classement :

1. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano)
2. Arnaud Démare (FRA, FDJ.fr) m.t.
3. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) m.t.
4. Sep Vanmarcke (PBS, Belkin) m.t.
5. Tom Boonen (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
6. Tom Van Asbroeck (BEL, Topsport Vlaanderen-Baloise) m.t.
7. Alexey Tsatevich (RUS, Team Katusha) m.t.
8. Yauheni Hutarovich (BLR, Ag2r La Mondiale) m.t.
9. Thor Hushovd (NOR, BMC Racing Team) m.t.
10. Jurgen Roelandts (BEL, Lotto-Belisol) m.t.