Frédéric, vous insistez beaucoup sur l’identité méditerranéenne de votre équipe, pourrait-on imaginer que La Pomme Marseille soit soutenue un jour par un gros partenaire marseillais ?
Nous nous sommes fixés un schéma d’évolution régulier, sur le modèle de ce que nous avons produit par le passé. Nous sommes prêts à nous associer nominativement auprès d’un partenaire privé mais aujourd’hui, au travers de notre nom, il y a notre histoire et nos valeurs. C’est ce qui a forcé la reconnaissance du public, essentiellement de notre région, mais nous l’espérons national et au-delà de nos frontières. La Pomme Marseille, c’est un label. L’association avec un partenaire privé ne se fera pas à n’importe quel prix. Nous travaillons aujourd’hui à de multiples collaborations possibles avec des forces économiques du bassin méditerranéen. Cette identité sudiste est très importante pour nous. Nous sommes focalisés sur 2012 mais nous y pensons déjà.

Les débuts de La Pomme Marseille avaient été chahutés il y a un an. Comment avez-vous vécu cette fois l’obtention de la licence française ?
Comme une reconnaissance de ce que nous avons pu produire sur l’année 2011. J’ai pris un peu plus de détachement par rapport à l’octroi de cette licence. Nous avons été marqués par les événements passés et nous nous réjouissons de l’issue de notre dossier. Notre sérieux a été récompensé par la clairvoyance des instances fédérales, et nous en sommes très contents. Maintenant, nous ne le considérons par comme une finalité. La saison va appartenir aux coureurs. C’était une condition nécessaire mais pas suffisante pour réussir une bonne saison. Il va nous falloir répondre présent au niveau sportif, comme on l’a fait en 2011, voire même mieux, et arriver à faire rêver des jeunes de notre région sur un état d’esprit et une pratique.

Cet octroi va vous permettre de concourir à tous les échelons de la Coupe de France. A choisir, vous prendriez la victoire en individuel ou par équipes ?
Une victoire par équipes est très importante pour un groupe. Une victoire individuelle veut dire beaucoup de choses pour le coureur. Nous sommes une toute petite structure et sommes gourmands de tout. Nous avons placé deux objectifs prioritaires : la Coupe de France et le Championnat de France. Mais derrière chaque épreuve de notre calendrier, il y a un organisateur qui nous fait confiance, un public sur le bord de la route, et nous nous attacherons à donner le meilleur de nous-mêmes partout. Ce qui compte c’est que nous parvenions à être victorieux, avec la manière, un certain état d’esprit du vélo. Si l’on gagne la Coupe de France, que ce soit individuellement ou collectivement, ce sera déjà très bon signe pour le team La Pomme Marseille.

L’équipe a perdu deux têtes d’affiche, Julien Antomarchi et Justin Jules, remplacés par quatre néo-pros, comment avez-vous effectué votre recrutement ?
Les points UCI ne nous concernent pas encore et j’espère qu’ils ne nous concerneront jamais. Nous sommes habitués historiquement à perdre nos meilleurs éléments. Nous sommes arrivés en 2011 avec un groupe de professionnels dont personne ne voulait. Julien Antomarchi et Justin Jules ont explosé, on a rempli notre mission et ils nous ont aidés à la promotion de l’équipe. On repart avec un groupe renouvelé à 40 %, un groupe de jeunes en qui nous avons entière confiance. Nous avons la chance d’être très près du milieu amateur et je suis sûr que nous avons choisi les bons coureurs pour 2012.

Par rapport aux équipes françaises de l’échelon supérieur, de quelle philosophie vous sentez-vous le plus proche ?
Je n’ai jamais eu ce genre de réflexion. Chaque manager a sa propre philosophie. C’est un chef d’entreprise qui essaie de partager sa passion avec la ferveur qui lui a permis de faire aboutir son projet. J’ai beaucoup de respect pour chacun des managers français. Je mesure le travail qu’ils ont dû effectuer pour arriver au niveau où ils sont. Ce qui est important, c’est de ne pas s’égarer de ses valeurs fondatrices en grandissant. C’est le danger de toute structure. Les valeurs doivent se décliner du bas au haut de l’échelle.

Peut-on imaginer que vous grandissiez encore la saison prochaine pour intégrer la 2ème division et postuler au Tour de France 2013 qui s’élancera de Corse ?
Non, même en rêve, c’est impossible ! Aujourd’hui nous sommes dans un bassin économique qui a sans doute la force de porter un projet cycliste à un très haut niveau comme le Tour de France, toutefois pour 2013 c’est complètement surréaliste. Notre ambition est de faire grossir un projet citoyen autour du vélo pour une pratique large à la base avec une équipe professionnelle pour porte-drapeau. L’ambition à terme sera de participer au Tour de France, mais je crois que se fixer 2015 serait déjà très bien.

Avant le Tour, il y a le Critérium International, pour lequel vous avez postulé…
Nous n’avons pas eu de réponse officielle d’ASO mais c’est en tout cas une épreuve que nous avons particulièrement préparée. Nous y espérons une participation, ce serait important pour mettre en lumière notre projet et le talent de nos coureurs. Il est important de ne pas aller trop vite en besogne, et le choix de postuler au Critérium International a été mûrement réfléchi par rapport au potentiel de nos coureurs. Même s’ils sont méconnus du public, il y a une forte mobilisation autour de cet objectif, une réelle préparation qui nous permettrait d’avoir une belle mise en lumière.

La Pomme Marseille, c’est une équipe formatrice, mais est-ce envisageable qu’un coureur formé au club il y a longtemps vienne un jour y finir sa carrière pour transmettre son expérience ?
Pour moi, un capitaine de route n’est pas quelqu’un qui vient terminer une carrière. En aucun cas, même avec des coureurs qui ont fortement marqué notre histoire et notre évolution, nous ne serons un « mouroir de coureur ». Si le mariage doit se refaire, ça passera par un vrai rôle actif dans le projet sportif, que ce soit comme coureur ou encadrant. Ça se fait dans un club de rugby comme celui de Toulouse. Et je pense effectivement que les coureurs formés chez nous par le passé, donc imprégnés de nos valeurs, peuvent être les meilleurs relais de notre philosophie.

Propos recueillis à Marseille le 27 janvier 2012.