Jérôme, vous avez mis un terme à votre carrière hier au Tour de l’Ain. A quand remontait cette décision ?
Il y avait longtemps que j’y pensais. Je voulais déjà arrêter l’année dernière, mais j’avais à cœur de finir sur une bonne saison. Or comme je me suis cassé le poignet en avril 2015 au Tour du Pays Basque, j’avais accepté de signer pour une année de plus pour tenter de décrocher ma place aux Jeux Olympiques. Mais dès l’instant où je m’étais mis cet objectif en tête, je savais que 2016 représenterait ma dernière saison chez les pros.

Mais vous n’êtes pas allé à Rio…
Je voulais essayer d’y aller pour n’avoir aucun regret. Et je n’en ai pas. J’ai tout fait pour obtenir ma sélection aux Jeux Olympiques, mais ça n’a pas été suffisant. Aujourd’hui je n’ai plus assez de motivation pour faire ce métier à 100 %. Et faire du cyclisme chez les pros à 90 %, c’est trop dur. Mieux valait laisser la place à ceux qui sont très motivés.

Finir votre carrière au Championnat du Monde du contre-la-montre ne vous motivait plus ?
J’en ai discuté avec Bernard Bourreau mais la date de mon arrêt était aussi dépendante de l’intervention que je dois subir au poignet, et qui interviendra fin août. Courir le Mondial au Qatar ne me motivait pas plus que cela. J’y serais allé car j’aime courir en équipe de France et j’aime le chrono, mais l’objectif c’était avant tout les JO.

Vous souffrez de la maladie de Kienbock au poignet gauche, est-ce une conséquence de votre chute au Tour du Pays Basque 2015 ?
Je ne sais pas si c’est directement lié, mais je dois me faire opérer à la fin du mois. Après cela, je ne sais pas s’il m’aurait été possible de revenir au très haut niveau. A un bon niveau, c’était faisable, mais il n’étais pas acquis que je puisse retrouver un très bon niveau. L’équipe IAM Cycling, en outre, s’arrête. Tout m’invitait à mettre un terme à ma carrière au bon moment.

Vous étiez néanmoins sollicité pour poursuivre votre carrière ailleurs ?
J’ai eu pas mal de contacts en effet et deux, trois propositions concrètes. Mais la motivation n’y était plus et c’était là le problème. Je voulais arrêter sur un bon niveau. Cette décision, elle vient de moi, personne ne me l’a imposé, et je suis très serein avec ça. J’ai 30 ans, mais j’ai commencé le sport de haut niveau à 15 ans avec le ski. J’ai passé la moitié de ma vie à faire du sport de haut niveau, et mon corps grince un peu. A un moment, il faut l’écouter. L’idée d’arrêter m’avait déjà traversé l’esprit chez Cofidis, mais je ne voulais pas finir sur une mauvaise note et je me suis battu pour revenir à un bon niveau. Après deux belles saisons, une médaille de bronze au Championnat du Monde du contre-la-montre et une nouvelle victoire finale à l’Etoile de Bessèges, c’était le bon moment pour tourner la page.

Que pensez-vous que le grand public retiendra de vous ?
Je n’attends rien en particulier, même si j’aimerais qu’on retienne avant tout que j’ai fait ce que j’ai pu. Je me suis toujours donné à 100 %, même quand je marchais moins bien, pour obtenir de bons résultats.

Que ferez-vous l’an prochain ?
J’ai des pistes qui commencent à bien se préciser. Quand les opportunités sont là, si on ne les saisit pas, elles passent, et on ensuite on ne sait pas si elles se représenteront. Ça touchera au sport mais j’en dirai plus lorsque ce sera plus concret.