Loïc, quel regard portez-vous sur votre saison 2013 ?
J’ai été performant, même si cela n’a pas forcément été mis en valeur dans les médias. Sur les courses de punch, j’étais présent, notamment lors de la Classic Loire Atlantique où je me fais rattraper à 200 mètres de la ligne pour la 2ème place. J’étais aussi avec les meilleurs sur la Route Adélie ou le Tour du Finistère, avec Samuel Dumoulin, Anthony Geslin et Julien Simon qui restent des références au niveau français. J’étais aussi en forme sur les courses par étapes, mais ça a été difficile avec l’équipe. C’est peut-être ce qu’il m’a manqué pour signer de bons résultats sur les classements généraux. En fin d’année, j’ai participé au Chrono des Nations. J’ai dû louer un vélo et j’étais satisfait de mon résultat, car mon frère Gaël et moi nous étions bien préparés. On s’est battus sur les courses où nous étions présents. Ce n’a pas été une année facile puisque j’ai dû quitter mon épouse pour vivre à Rennes chez mon frère. Je suis quand même fier de moi.

Vous parlez de difficultés sur les courses par étapes, quelles sont-elles ?
J’avais les jambes, mais la difficulté venait du fait que nous étions de l’équipe Roubaix Lille Métropole. On se fait souvent pousser pour frotter. On est moins respectés que les gros maillots. On ne voit pas forcément cela à la télé, mais on se fait tirer le maillot quand ça frotte. On perd de l’énergie dans la course et quand il faut être placés, c’est toujours plus difficile pour nous de l’être au bon moment.

Vous avez passé trois ans dans cette équipe, qu’est-ce qu’elle vous a apporté ?
J’étais vraiment heureux de rencontrer Cyrille Guimard. C’est un directeur sportif exceptionnel. Il m’a apporté une certaine vision des choses pendant la course que je n’avais pas reçue chez les amateurs où on court beaucoup par l’attaque. Il m’a recentré, mais je regrette qu’il ne l’ait pas fait plus tôt puisqu’il ne m’en a parlé qu’en mars. Je pense que cela m’aurait fait gagner beaucoup de temps. J’étais très loin au niveau tactique et il m’a permis de modifier mon comportement en attendant le final pour jouer ma carte. Et quand Cyrille Guimard vous dit cela… Cela m’a donné confiance et ça a tout de suite payé.

Vous quitterez finalement Roubaix le 1er janvier pour rejoindre les rangs amateurs, au GSC Blagnac…
J’ai pu découvrir le monde professionnel. J’ai fait ce qu’il fallait pour essayer d’arriver. Ça ne s’est pas fait. Ce n’est pas dramatique. La vie n’est pas faite que de vélo. Je suis content de faire confiance à Gaëtan Prime, Cathy Moncassin et David Escudé. Ils ont un bon projet. Il faut aussi souligner le travail des bénévoles sans qui nous n’aurions rien en DN2. Je veux leur faire confiance. J’ai envie de me reconvertir et faire une année en prenant plaisir. Pour cela, si je n’ai pas envie de faire certaines courses un peu éloignées, ils comprendront. Ma priorité sera cependant les manches de Coupe de France pour essayer de les faire monter en DN1.

Selon vous, il n’y a aucune chance que vous repassiez pro ?
À 24 ans, je suis à un carrefour de ma vie. Je pourrais continuer chez les amateurs en DN1 en tentant de repasser pro, mais en prenant en compte la conjoncture actuelle, cela reste très difficile. Je pourrais être tenté par l’étranger, car les mentalités peuvent être différentes. Mon épouse est asiatique, pourquoi pas une expérience dans un de ces pays ou dans une équipe italienne où un rôle d’équipier m’aurait convenu  ? Je ne ferme pas la porte au monde professionnel, car il est toujours bon d’être pro, mais je veux sécuriser mon avenir et acquérir certaines compétences. Je vais suivre une formation de paysagiste et de travaux d’espaces verts. Cela commence en septembre 2014, donc cela va me permettre de me consacrer exclusivement au cyclisme la saison prochaine. Ça tombe bien, car le niveau amateur est vraiment relevé ! Si on ne s’entraîne pas, on ne peut pas être performants.

Vous ne serez pas le seul ancien pro dans une équipe où sont également présents Pierre Cazaux et Julien Loubet.
C’est vrai que nous avons une très belle équipe, et si tout le monde est motivé… Ce sont des coureurs qui ne devraient même pas être amateurs !

Auriez-vous préféré être dans une équipe de DN1 ?
Je ne sais pas, car les manches de Coupe de France DN2 sont très belles. En plus, le GSC Blagnac est en train de construire un beau programme de courses dans le sud. Il faut reconnaître que le sud-ouest se meurt, il y a de moins en moins de courses, car il y a de moins en moins de bénévoles. Commencer en DN2 est une bonne chose.

Avez-vous déjà coché certaines courses du calendrier ?
Les Coupes de France, car le calendrier est rempli de courses avec des arrivées en côte qui peuvent sourire aux puncheurs comme moi. Puis, si on les fait, le Tour du Maroc et le Tour de Martinique. Il y aura aussi certaines courses que je n’ai jamais faites, des classes 2 en Espagne au mois d’août. Je suis motivé pour faire ce genre de courses.

Propos recueillis le 31 octobre 2013 au col du Portillon.