Nick, pourquoi avez-vous décidé de signer chez Garmin-Sharp ?
J’ai vécu de bons moments chez Saxo Bank mais l’équipe a choisi de se focaliser sur les Grands Tours et les épreuves par étapes. Garmin est une équipe intéressée par les classiques et a vraiment un groupe très fort pour ces courses. J’aimais bien cela. C’est moins le cas maintenant chez Bjarne Riis. Je dois d’abord penser à moi. J’ai encore beaucoup d’ambitions. Je crois que je peux encore faire de belles choses sur les classiques. Et ici, j’ai trouvé un bon groupe que je connais déjà bien. Je m’entends très bien avec Johan Vansummeren. Je connais Tyler Farrar avec qui j’ai roulé chez Cofidis. J’ai aussi roulé avec Bingen Fernandez et Geert Van Bondt, qui sont directeurs sportifs. C’est une nouvelle équipe, mais d’un autre côté, ce ne l’est pas vraiment.

Finalement, vous n’avez pas l’impression d’être un coureur qui vient d’arriver…
Je n’ai eu aucun problème à m’intégrer. C’est ma onzième année chez les pros. C’est normal que je connaisse beaucoup de gens et qu’eux me connaissent aussi. C’est un bon groupe, pas seulement au niveau des coureurs, mais aussi au niveau de l’encadrement. Ils sont vraiment motivés. C’est vraiment important pour une équipe. Si seuls les coureurs sont motivés, ça ne peut pas marcher.

Vous sentiez-vous encore soutenu chez Saxo Bank ?
J’ai gagné le Tour des Flandres dans cette équipe et c’est aussi grâce à mes équipiers. Ils ont travaillé pour moi. Chez Saxo, on avait une belle équipe pour les classiques parce que tout le monde voulait travailler. On peut avoir beaucoup de grands noms dans un groupe, mais si vous ne voulez pas travailler ensemble, ça ne peut pas marcher. Maintenant, ils ont un peu changé leur mentalité et sont plus axés sur les courses par étapes. Ils ont moins de coureurs pour les classiques alors qu’ici, il y en a beaucoup. Ce sont tous de bons coureurs, c’est un mixe de jeunes coureurs qui sont très forts et je suis vraiment confiant pour les classiques.

Comment l’accord s’est-il conclu ?
Jonathan Vaughters m’a contacté en personne. Ce n’était pas la première fois que nous avions des contacts. On a déjà parlé à quelques reprises mais cela ne s’était jamais fait et je ne suis jamais arrivé ici. Tous les deux, nous avions un bon sentiment.

Avez-vous bien récupéré de votre opération de la hanche en septembre ?
Ce n’était pas facile après l’opération. J’ai eu beaucoup de travail et j’ai encore beaucoup de boulot. La condition est bonne. Je suis là où je voulais être. Mais je manque encore de force dans la jambe droite. Je le ressens. Il faut respecter le temps et ne pas être trop ambitieux.

Le problème est survenu à Paris-Nice. Pourquoi avoir attendu tant de temps avant de vous faire opérer ?
On a essayé de guérir normalement. Au début je me sentais bien. Mais au bout de quelques mois, je sentais que ce n’était pas comme avant. J’ai senti ça après le Tour où j’étais en grande condition, mais où je ne pouvais pas utiliser la force que j’avais dans les jambes. Ça continuait et j’étais frustré. Je savais que les jambes étaient là, mais je ne pouvais pas le montrer. Finalement, je suis allé à l’hôpital pour un scan et on a vu que la côte n’était pas attachée. C’était encore ouvert pour 1,5 cm, presque 2 cm. Deux jours après j’étais opéré. J’ai senti la différence tout de suite après l’opération. Les jambes étaient de nouveau dans la même position.

Comment l’avez-vous vécu moralement ?
C’était dur, bien sûr. Mais je ne pouvais pas changer les choses. Le moment le plus dur était l’abandon à Paris-Nice. Là, je savais que ce n’était pas la bonne préparation pour les classiques. Je voulais vraiment continuer, mais je ne pouvais pas. C’était aussi dur quand on m’a dit « c’est cassé, tu auras besoin de beaucoup de temps pour revenir ». Après une ou deux semaines, vous devez accepter car vous ne pouvez pas changer les choses. J’ai essayé de changer de mentalité, penser de manière positive. De cette manière, je pense qu’on revient plus rapidement à son niveau.

Comment s’est passée votre rééducation ?
Au début je montais une heure sur un vélo, mais je ne roulais pas vraiment. Je faisais tourner les jambes, pour le rythme. J’ai toujours pensé de manière positive. Maintenant, je suis chez Garmin, je me sens bien. Pas encore comme il faut mais ça vient. Je vois une vraie différence par rapport à ces deux derniers mois. Alors je suis vraiment content d’être là où je suis. Même les spécialistes ne pensaient pas que je serais au niveau où je suis actuellement.

Êtes-vous revanchard avant d’aborder la saison ?
Oui et non. Ce n’est pas vraiment un sentiment de revanche. Je veux montrer que je suis encore là. Ces dernières années, j’ai cassé trop de choses (il rit). Chaque fois, j’ai dû beaucoup travailler et toujours avec succès. C’est la plus grande motivation. Je sais que je suis capable de retrouver le sommet. J’ai encore les jambes et la condition. Mais il faut travailler encore beaucoup.

Forcément, le Tour des Flandres sera votre objectif de l’année…
C’est ça. La période des classiques et surtout le Tour des Flandres. Le parcours est fait pour moi. Le nouveau me convient mieux. Je ferai peut-être Paris-Roubaix avec Johan Vansummeren. Il faut essayer de gagner ce que l’on peut. Pas seulement les monuments, mais aussi les courses qu’il y a avant. Elles sont toutes importantes pour un coureur de classiques parce que nous n’avons pas beaucoup d’opportunites. Nous avons quatre semaines pour faire de grandes choses.

Comment allez-vous vous répartir les rôles avec Johan Vansummeren ?
Johan est intelligent. Il sait que le parcours du Tour des Flandres me convient mieux alors que c’est l’inverse pour Roubaix. Nous étions ensemble en Espoirs et ça marchait déjà bien là-bas. Alors je pense que ça ira de nouveau vraiment bien.

Donc à vous les Flandres et à lui Roubaix ?
J’ai gagné le Ronde et lui a gagné à Roubaix. Il a beaucoup plus d’expérience là-bas. Je crois que je n’ai pas fait Paris-Roubaix ces quatre dernières années. Je suis convaincu qu’il va être là pour m’aider pour les Flandres et les courses avant. C’est normal que je sois là pour lui pour Paris-Roubaix.

Vous aurez d’autres objectifs pendant la saison, le Mondial par exemple ?
J’ai vu le parcours et il est plutôt pour les grimpeurs. Le Grand Prix de Plouay et les classiques canadiennes sont vraiment de belles courses. Je ferai peut-être la Vuelta, peut-être le Tour. Mais pendant les Grands Tours, il n’y a pas vraiment d’opportunités pour les coureurs comme moi. C’est peut-être mieux de travailler pour les courses d’un jour.

Quel est votre programme de début de saison ?
Je ferai mes débuts au Challenge de Majorque, et je ferai ensuite la Ruta del Sol, l’ouverture en Belgique, les Strade Bianche et Tirreno-Adriatico.

Vous devez être impatient d’être à Majorque…
Impatient non, car je dois encore travailler. Et si c’était demain, ce serait encore trop tôt. Bien sûr, avec un nouveau maillot et une nouvelle équipe, on veut être en course.

Propos recueillis à Calpe le 16 janvier 2013.