Nicolas, en quoi cette troisième victoire de Chris Froome, et cette quatrième victoire du Team Sky, est différente des précédentes ?
La grosse différence est qu’on s’attendait à être plus attaqués. On est venus avec plus de grimpeurs que d’habitude car si on regarde le dénivelé positif, on a beaucoup plus grimpé que les autres années. Ensuite, on a une équipe multiculturelle et ça me plait beaucoup. On a un Colombien, un Biélorusse, un Espagnol, un Néerlandais, des Anglais, mais ils ont créé eux-mêmes leur culture. Il n’y pas eu de différends avec les égos. Un exemple : hier (samedi) Sergio Henao aurait pu suivre Izagirre (Movistar Team) mais on a un groupe uni avec un objectif. On ne voulait pas essayer de manger tout le gâteau. D’autres équipes prennent des risques en attaquant avec des coureurs qui pourraient aider leur leader. Nous, on préfère être tous unis. On est très fiers de nous pour ça.

Vous dites que vous avez été moins attaqués que les autres années…
Non, en fait on a été très attaqués avec des échappées à 40 coureurs mais l’opposition, de Nairo Quintana notamment, n’a pas été celle des autres années. Je pense que tout le monde est d’accord pour dire qu’il n’était pas à son meilleur niveau. Ensuite, Alberto Contador a abandonné, Vincenzo Nibali avait fait le Giro avant… Par contre, on a eu de belles révélations, même si on se doutait qu’ils étaient de grands coureurs, comme Adam Yates ou Romain Bardet mais le groupe a été tellement préparé pour ça. On a été concentrés tous les jours même si on sentait qu’on avait une équipe forte. Même si on n’a pas gagné le classement par équipe, on sentait qu’on avait l’équipe la plus forte du Tour.

Vous avez déstabilisé vos adversaires en attaquant là où ils ne l’attendaient pas…
Oui mais quand on regarde, les écarts ont été faits sur les chronos et pas en montagne. Il faut prendre les opportunités quand elles arrivent. On a très bien couru par rapport à ça. Il faut toujours pouvoir être concentrés et prêts à profiter de la moindre ouverture. On avait des plans A, des plans B et souvent les plans B ont été mis en oeuvre dans le final des étapes.

L’offensive à tout va, c’est une stratégie que vous allez utiliser encore ?
Ce n’est pas une stratégie. L’idée générale est de prendre du temps quand cela est possible. En général, sur une étape pour sprinteurs, leurs équipes cadenassent tout mais sur ce Tour on a vu qu’elles n’étaient pas aussi fortes qu’on le pensait. Quand Peter Sagan a attaqué (NDLR : Dans les 10 derniers kilomètres de la 11ème étape), Chris (Froome) a suivi et c’était juste de l’intelligence de course.

Pour la Vuelta, quelle va être l’articulation de l’équipe ?
On ne sait pas encore. On a déjà les Jeux à préparer avec pas mal de coureurs. Mais il y a 80% de chance que Chris la fasse. Ça dépendra des Jeux, évidemment.

Propos recueillis le 24 juillet 2016 à Chantilly.