Romain, depuis le mois de janvier vous faites partie d’une équipe française. Une nouveauté pour vous qui avez débuté votre carrière chez Euskaltel-Euskadi.
C’est pour moi une découverte. Europcar m’a permis de continuer au plus haut niveau. L’objectif est de m’adapter au groupe. Pour le moment, tout se passe bien. J’espère que cela va continuer. Après la fin d’Euskaltel-Euskadi, j’avais plusieurs contacts. C’est vrai que nous avons appris la nouvelle assez tard. Le projet sportif, le discours de Jean-René Bernaudeau, la philosophie de l’équipe m’ont attiré.

Était-ce une priorité de revenir en France ?
J’étais encore sous contrat et je n’ai été libéré que lorsque l’équipe s’est arrêtée à la fin des négociations avec Fernando Alonso. Plus que le fait de revenir en France, je voulais trouver une équipe qui m’intéressait. C’est ce que m’a proposé Europcar. J’ai étudié les propositions que j’avais, c’est celle qui m’a le plus plu. Sa façon de procéder, son côté familial. Cela ressemblait un peu à ce que j’avais chez Euskaltel. C’est un nouvel horizon pour moi. Le fait que l’équipe soit tournée vers le collectif est quelque chose de très intéressant. C’est à moi de m’adapter. Je repars de zéro en quelque sorte.

C’est comme cela que vous voyez les choses ?
Disons que c’est un nouveau départ. Le fait de changer d’atmosphère est une bonne chose pour se remettre en question et repartir avec de nouvelles motivations.

Peut-on rapprocher le mode de fonctionnement de l’équipe Europcar de celle de l’ancienne équipe Euskaltel-Euskadi ?
Les équipes fonctionnent de la même manière. La similitude avec Euskaltel-Euskadi, c’est le travail qu’il y a avec la base, avec le Pôle Espoirs de La Roche-sur-Yon et le Vendée U. Il y a tous les éléments pour les jeunes pour poursuivre leurs études. Ce sont deux projets qui se ressemblent. Mais c’est une autre culture. C’est le cyclisme vendéen et plus globalement, le cyclisme français. C’est ce qui change le plus par rapport à la culture basque qui est différente.

Que retenez-vous de votre expérience de trois ans chez Euskaltel-Euskadi ?
J’étais avant dans l’équipe filiale d’Orbea. J’ai pu faire partie d’une équipe avec un projet territorial. Il y avait un gros public. Des gens qui sont très soudés, à l’image de ce que l’on retrouve en Vendée. J’ai beaucoup appris là-bas. J’ai rencontré des personnes de grande valeur, c’est avant tout ce que je retiens.

Quelles sont les attentes de l’équipe vis-à-vis de vous ?
Mon objectif, c’est de m’adapter au groupe. Je veux essayer de retrouver du plaisir sur le vélo. J’ai connu quelques années difficiles, moins de résultats. Retrouver du plaisir est l’essentiel, le reste viendra après.

Vous étiez très attendu après votre titre de champion du monde Espoirs en 2009. Le fait d’être à l’étranger vous a-t-il aidé pour mieux gérer la pression dans ces moments difficiles ?
Pas forcément. La plus grosse pression vient de moi. C’était difficile de ne pas pouvoir m’exprimer à 100 %, de ne pas être à mon niveau et d’être éloigné des compétitions. Le plus dur c’était de ne pas pouvoir donner le maximum sur le vélo. Je n’ai eu que peu de jours de compétition. J’ai dû baisser mes charges d’entraînement en 2011. On est dans un monde de haut niveau. Il faut travailler dur, progresser petit à petit pour essayer de revenir.

Vos problèmes de genou sont-ils derrière vous ?
Oui, c’est derrière moi. Maintenant, je regarde devant. J’ai mis un peu de temps à trouver ce qui ne fonctionnait pas. C’était en fait un problème de posture. J’ai du palier cela avec beaucoup d’exercices de renforcement. J’en fais toujours, mais pour me prémunir d’une nouvelle blessure. Ça a été un travail sur le long terme.

Le Critérium du Dauphiné que vous avez réalisé en 2010 est-il un point de repère ?
Ce qui est important, c’est que cela m’a montré que je pouvais faire des résultats à l’échelle WorldTour. En plus, j’ai terminé 2ème à Risoul sur une arrivée difficile. Quand on a connu des soucis, c’est important de savoir que l’on a atteint un certain niveau. Il n’y a pas de raison pour ne pas refaire la même chose. Donc oui, ce Critérium du Dauphiné a été une source de motivation pour moi.

Recommanderiez-vous à un jeune Français de commencer sa carrière à l’étranger comme vous l’avez fait ?
Je n’étais pas tout à fait à l’étranger. C’était l’équipe du Pays Basque. Ils m’ont permis de rentrer dans la filière continentale à l’image de ce que peut être le Vendée U pour le Team Europcar. J’ai pu progresser pas à pas, appréhender le monde professionnel. Ce qui est important, c’est de trouver l’équipe où tu te sens bien, avec un projet sportif intéressant, d’avoir un plan de carrière défini, de ne pas brûler les étapes tout en ayant conscience que les années passent très vite. Car il faut aller sur les plus grosses courses pour s’aguerrir.