Steven, que retenez-vous du Tour de France 2015 ?
Pour notre équipe, il s’agit d’un Tour réussi, en dépit du fait qu’Alberto n’a pas terminé à la place qu’il visait au classement général. Mais il a tout donné, il a tâché de faire du mieux possible. Il termine 5ème du général, mais sans regrets. Il a gagné la Vuelta en septembre, il a gagné le Giro en mai, et il finit 5ème du Tour de France en juillet, il peut être fier. Ensuite, il y a Peter Sagan, qui s’est adjugé son quatrième maillot vert assez aisément même si la victoire d’étape lui fait encore faux bond. De ce côté là, Rafal Majka a encore apporté à l’équipe un beau succès d’étape à Cauterets. Je suis donc très satisfait de notre performance collective.

Alberto Contador avait fait du doublé Giro-Tour son objectif. Pensez-vous qu’il soit définitivement impossible de relever un tel défi ?
Je pense qu’il est vraiment difficile de gagner les deux, mais je reste convaincu que c’est possible. Ça dépend vraiment de comment vous passez le Giro. Pour Alberto, ça a été très dur après sa chute et la blessure à l’épaule qui en a découlé. Ça lui a coûté beaucoup d’énergie pour gagner le Giro. Le doublé Giro-Tour, il a déjà été réalisé par le passé, et je pense qu’il sera toujours réalisable dans le futur.

Cinq des neuf coureurs de votre effectif pour le Tour de France avaient déjà participé au préalable au Tour d’Italie. Avec le recul, apporteriez-vous des modifications à l’effectif que vous aviez retenu pour le Tour ?
Je ne nourris aucun regret quant à la sélection des coureurs pour le Tour de France. Roman Kreuziger et Michael Rogers ont réalisé un très bon Tour. Ça a seulement été très triste de voir Ivan Basso nous quitter pour soigner une tumeur cancéreuse. Mais d’un autre côté je pense que ça a été une chance énorme qu’il soit ici sur cette course, qu’il soit victime de cette chute et que l’on ait pu découvrir très tôt ce dont il souffrait. C’est vraiment de la chance !

Déplorez-vous le fait que l’équipe Movistar, en dernière semaine, ait plus semblé courir contre vous que pour gagner le Tour ?
Non. Chaque équipe a sa propre stratégie. Arrivé en troisième semaine, chacun défend sa place et une place sur le podium vaut cher. Forcément, les Movistar ont protégé les positions de Nairo Quintana et Alejandro Valverde, nous respectons cela.

Une fois encore, Peter Sagan aura collectionné les places d’honneur : cinq fois 2ème, deux fois 3ème, deux fois 4ème, une fois 5ème… Comment expliquez-vous qu’il bute sur la victoire ?
Je pense que ça s’explique par ses progrès en montagne. On l’a vu, Peter grimpe bien, dès lors ça se traduit par moins de puissance au moment de sprinter sur le plat. Ce n’est pas une question de capacité physique mais je pense qu’il mériterait d’être mieux protégé et mieux placé à l’approche des sprints. Mais cet objectif sur le Tour entrait en conflit avec ceux de l’équipe, qui était bâtie autour d’Alberto Contador pour le classement général et non autour de Peter Sagan, qui était là lui aussi pour soutenir Alberto, avec la possibilité de saisir des opportunités dans les sprints. Et en même temps, l’année passée chez Cannondale Peter avait bénéficié d’une équipe entière autour de lui, et ça ne lui avait pas permis de gagner davantage… Pour le moment, il doit juste faire avec des gars plus rapides que lui sur le plat.

Propos recueillis à Sèvres le 26 juillet 2015.