Yvon, auriez-vous signé pour un scénario tel que celui-ci au départ du Tour ?
Un scénario comme celui-ci, sans doute que oui. Il a été serré au bout mais seul le résultat final compte. Et puis je pense que finalement, une victoire aussi serrée, quand elle va dans le bon sens, c’est-à-dire en notre faveur, c’est tout aussi magnifique. Bjarne Riis a bien résumé les choses : c’était vraiment un beau moment de sport. Beau et super pour nous, beau et dur pour Andy. On a vu de grands moments sur ce Tour : les attaques dans le col de la Madeleine, le mano a mano du Tourmalet, le contre-la-montre de Pauillac.

Etiez-vous stressé dans la voiture suiveuse durant le contre-la-montre de Pauillac ?
C’était dur car nous savions qu’Andy Schleck allait tout donner. La tactique, elle était claire, c’était de partir vite. Au bout de 10-12 kilomètres, Andy se maintenait dans des temps voisins à ceux d’Alberto. J’ai pensé que c’était normal, qu’il était surmotivé, mais ça a duré plus que je ne l’imaginais. La pression s’est fait ressentir jusqu’à temps qu’Alberto parvienne à inverser la tendance. On savait qu’il était un petit peu moins bien que ce que nous aurions souhaité, mais avec les tripes, la classe, le mental, il est allé chercher les secondes dont il avait besoin pour faire une différence significative.

Quel était le braquet d’Alberto Contador ?
54×11 car avec le vent qu’il y avait, ce n’était pas facile. Il y a eu énormément de vent l’après-midi, et c’est pourquoi les écarts n’ont eu rien à voir avec ceux des premiers de l’étape, même si Fabian Cancellara est un grand spécialiste du contre-la-montre. Il n’y avait cependant pas de commune comparaison entre les conditions du matin et celles de l’après-midi, ce que d’ailleurs les gens du cru nous avaient expliqué.

Andy Schleck avait préféré mettre 55×11, la bonne tactique était donc de mouliner un peu plus ?
Après, chacun sa spécificité. On sait qu’Alberto Contador tourne les jambes. Je pense que dans la situation dans laquelle était Andy Schleck, il jouait un va-tout, étant moins bon spécialiste du chrono. A un moment donné, il y a une part de risque, et c’est certainement ce qu’il a fait à ce niveau-là. Et ce n’était pas si mal joué.

Propos recueillis à Paris le 25 juillet 2010.