A une semaine du Tour des Flandres, Gand-Wevelgem fait figure de mise en bouche. Cette année encore, la classique fait partie des grands événements de la saison et nombreux sont les coureurs qui aimeraient inscrire leur nom à son prestigieux palmarès. Aussi, la distance de 235,4 kilomètres ressemble à celle proposée  sur les plus grands rendez-vous de la saison et les noms présents au départ renforcent la valeur de l’épreuve. Le parcours est quant à lui atypique et propice à un scénario différent de celui envisagé habituellement en ce qui concerne les Flandriennes. Il y a certes onze monts mais le dernier se trouve à 33 kilomètres de l’arrivée. De ce fait, les meilleurs sprinteurs du peloton sont au départ et savent que, sauf scénario imprévu, ils auront la possibilité de se départager au sprint.

Or dans le cyclisme, personne n’est jamais à l’abri d’une surprise. Que ce soit sur Gand-Wevelgem ou ailleurs, l’histoire de la petite reine comporte suffisamment d’exemples pour faire de cette donnée une preuve empirique. C’est dans cet état d’esprit-là que neuf hommes prennent la poudre d’escampette après une vingtaine de kilomètres. En tête de course Koen Barbé (Landbouwkrediet-Euphony) est accompagné par Thomas Bertolini (Farnese Vini), Julien Fouchard (Cofidis), Vladimir Isaychev (Katusha), Ion Izagirre (Euskaltel Euskadi), Yuriy Krivtsov (Lampre-ISD), Anders Lund (Team Saxo Bank), Kevin Van Melsen (Accent Jobs-Willems Veranda’s) et Stijn Neirynck (Topsport Vlaanderen-Mercator).

Ces hommes là obtiennent la bénédiction du peloton, si bien qu’ils vont pouvoir compter jusqu’à neuf minutes d’avance. Un avantage bien suffisant aux yeux des équipes de sprinteurs qui décident alors de mettre en route la chasse, le Team Sky pour Mark Cavendish en tête. Il reste alors 83 kilomètres à courir et le train d’enfer conduit à diviser le peloton en trois morceaux. Déjà, certaines équipes se doivent de dépenser beaucoup d’énergie pour tenter de rentrer. La FDJ-BigMat d’Arnaud Démare est piégée dans sa quasi totalité. Et si les deux derniers groupes parviennent à unir leurs efforts, le peloton continue sa marche en avant à un rythme qui ne laisse aucune chance aux plus faibles.

Outre Mark Cavendish se trouvent dans le premier peloton les principaux favoris. Tom Boonen (Omega Pharma-Quick Step) est là en compagnie de Fabian Cancellara (RadioShack-Nissan) et Oscar Freire (Team Katusha). C’est sûrement l’assurance d’une meilleure compagnie qui conduit Philippe Gilbert (BMC Racing Team) à tenter la jonction seul. Décidément hors du coup, le Belge n’est plus que l’ombre de lui-même. Devant, l’échappée n’est plus composée que de deux hommes qui résistent tant bien que mal et s’entendent à merveille. Izagirre et Lund croient à leur exploit même si derrière, le peloton ne joue plus et est bien décidé à rentrer dès que possible. L’enchaînement de trois monts, le Mont Kemmel, le Schomminkelstraat et le Monteberg va condamner la tentative des deux fuyards.

Le Mont Kemmel n’a pas pour effet d’éliminer les purs sprinteurs comme certains auraient pu l’espérer. Mark Cavendish s’accroche et un sprint massif semble de plus en plus inévitable. Alors, dans le dernier mont pavé, le Monteberg et son point culminant situé à 33 longs kilomètres de l’arrivée, Greg Van Avermaet (BMC Racing Team) tente le tout pour le tout. Il est notamment suivi par Steve Chainel (FDJ-BigMat) avant que Fabian Cancellara ne passe à l’offensive en compagnie de Peter Sagan (Liquigas-Cannondale). Les deux hommes reviennent en costauds sur d’anciens échappés matinaux, incapables de les aider dans leur entreprise. Leur avance ne dépassera jamais les 20 secondes alors que derrière les Omega-Quick Step accélèrent afin de piéger Mark Cavendish et ainsi mettre sur orbite Tom Boonen.

C’est chose faite à 20 kilomètres du but lorsque c’est en fait un groupe réduit qui revient sur Fabian Cancellara et Peter Sagan. D’abord pointé à une trentaine de secondes, le groupe Cavendish dans lequel se trouve la grande majorité des sprinteurs finit par céder définitivement. Devant, Boonen n’a plus que pour grand adversaire en cas de sprint Bennati (RadioShack-Nissan). C’était avant que ce dernier ne crève. S’il reviendra bien devant, c’est au prix d’une trop grande dépense d’énergie. La voie est libre pour le Belge qui s’adjuge Gand-Wevelgem, sa septième victoire de la saison. En devançant finalement Peter Sagan et Matti Breschel (Rabobank) il devient le très grand favori pour dimanche prochain. Sur les monts pavés du Ronde il sera l’homme à battre et pour cause

Classement :

1. Tom Boonen (BEL, Omega Pharma-Quick Step) les 235,4 km en 5h32’44 »
2. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) m.t.
3. Matti Breschel (DAN, Rabobank) m.t.
4. Oscar Freire (ESP, Team Katusha) m.t.
5. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
6. Daniele Bennati (ITA, RadioShack-Nissan) m.t.
7. Marco Marcato (ITA, Vacansoleil-DCM) m.t.
8. Steve Chainel (FRA, FDJ-BigMat) m.t.
9. Filippo Pozzato (ITA, Farnese Vini) m.t.
10. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) m.t.