La nouvelle est tombée tard dans la nuit de jeudi à vendredi.  Lance Armstrong, le recordman de victoires du Tour de France, allait être déchu de ses 7 titres obtenus consécutivement entre 1999 et 2005. Et ce n’est pas fini, l’américain devrait être radié à vie de toute compétition cycliste. Autant dire que ce matin, c’est la stupeur qui prédomine. Et pas seulement sur la planète cyclisme, mais dans tout le milieu sportif. Si l’étau autour d’Armstrong se resserrait depuis son come-back dans le cyclisme professionnel en 2009, on imaginait mal le Texan mettre le genou à terre. Et pourtant, c’est bien lui qui a décidé hier de ne plus se battre contre les charges de l’USADA – l’agence américaine de lutte contre le dopage – signant alors la fin de son rêve américain.

Dans un communiqué publié sur son site internet et écrit par lui-même, Lance Armstrong a déclaré en avoir assez de tous ces combats. « Il arrive un moment dans la vie de chaque homme où il faut savoir dire : ça suffit. » Lassé de 3 années de procédures multiples, la décision du tribunal fédéral d’Austin, qui a rejeté lundi dernier sa plainte contre l’USADA, a été la goutte d’eau en trop, le coup de massue fatidique. « J’ai espéré que la cour fédérale arrête la mascarade de l’USADA. Bien qu’elle ait fait preuve de compassion et reconnue les nombreuses irrégularités et déficiences des charges de l’USADA et de la procédure qu’elle mène, la cour a décidé qu’il ne fallait pas intervenir. »  Lance Armstrong non plus n’interviendra plus. « Aujourd’hui je tourne la page. Je ne m’occuperai plus de ce problème, quelles que soient les circonstances. Je vais me consacrer au travail que j’avais commencé avant mes victoires sur le Tour : être au service des familles et des individus touchés par le cancer. »

Dans son long communiqué, l’ancien protégé de Johan Bruyneel ne lâche toutefois pas l’affaire sur un point : la prétendue pratique de dopage généralisée à l’US Postal et Discovery Channel entre 1999 et 2005. Il n’y a pas la trace du moindre aveu dans ses dizaines de lignes écrites. Si pour certains son découragement à l’égard des batailles juridiques s’apparente à un aveu déguisé, Armstrong tient à mettre les choses au clair : « Je sais qui a gagné ces sept Tour de France, mes équipiers savent qui a gagné les sept Tours et chaque personne contre qui j’ai concourue le sait aussi. Nous avons tous couru ensemble […] La même course, les mêmes règles. L’événement sportif le plus dur du monde où le plus fort l’emporte. Personne ne peut changer ça. Et surtout pas Travis Tygart (ndlr : le directeur de l’USADA). » Armstrong touché dans son moral, mais l’orgueil reste intact.

Alors que doit-on retenir de tout ça ? A vrai dire, difficile d’y répondre. Désormais, la décision de l’USADA va transiter par l’Agence Mondiale Antidopage qui demandera à l’Union Cycliste Internationale de retirer les sept Tour de France remportés par Armstrong, mais aussi tous ses titres remportés depuis le 1er août 1998. Si l’UCI refuse, elle serait radiée au Comité Internationale Olympique. Autant dire que la sanction demandée par l’USADA est quasi-certaine et définitive. Aussi, sa médaille de bronze glanée lors des Jeux Olympiques de Sydney lui sera reprise. Encore une fois, le cyclisme se retrouve confronté à une affaire qui fait déjà grand bruit. Sauf que cette fois-ci, il est question du cycliste le plus titré des 20 dernières années. Les turbulences sur la planète cyclisme se font déjà ressentir, et l’on attend maintenant avec impatience les réactions de Pat Mc Quaid, le président de l’UCI, et de Christian Prudhomme, directeur de la Grande Boucle. Lance Armstrong n’a pas fini de faire parler de lui.