Vincenzo Nibali (Astana), qui remportera tout à l’heure sauf incident son deuxième Tour d’Italie après avoir forgé son succès final sur les dernières rampes du col de la Lombarde. « Je connaissais bien cette étape. J’avais déjà grimpé le col de la Bonette sur le Tour de France 2008, c’est très long et difficile, mais le point clé était le col de la Lombarde. Avec Jakob Fuglsang et Michele Scarponi, nous avons gardé le contrôle de la course, tandis que Tanel Kangert était à l’avant. Quand j’ai accéléré, j’ai toujours été informé des écarts. C’est la première fois que je courrais contre Esteban Chaves, mais je savais, de ce qu’il a montré sur la dernière Vuelta, qu’il serait difficile à battre. J’ai insisté jusqu’au bout. Après avoir coupé la ligne, j’ai entendu que le speaker faisait le décompte. C’est là que j’ai réalisé que le maillot rose serait à moi. Je veux le dédier à tous mes coéquipiers. Nous y avons toujours cru et le rêve deviendra réalité à Turin. »

Alejandro Valverde (Movistar Team), qui montera tout à l’heure pour la huitième fois de sa carrière sur un podium d’un Grand Tour, pour la première fois sur le Giro. « Tout le monde pouvait constater à quel point je suis heureux quand j’ai tendu mon poing en l’air après l’arrivée, en attendant que le podium soit confirmé. C’est comme si j’avais gagné la course moi même. Cela n’a pas été facile, mais nous avons fini par prendre cette 3ème place et nous sommes passés proches de la 2ème. Terminer sur le podium des trois Grands Tours est un formidable accomplissement. Il y avait tellement de Tifosi dans la dernière montée que je n’entendais pas les écarts qui m’étaient donnés dans l’oreillette. Nous savions que Nibali allait être très fort sur cette étape. Avant même qu’il attaque, on sentait qu’il allait lâcher Chaves. Il mérite amplement cette victoire. »

Esteban Chaves (Orica-GreenEdge), qui n’aura pas su préserver le maillot rose conquis vendredi à Risoul. « Je n’ai pas d’excuses à formuler, car nous avons tout donné. Je n’avais pas les jambes et c’est ce qui explique pourquoi j’ai été lâché. Je suis fier de mes coéquipiers et du travail qu’ils ont fourni. Ça a été un Giro formidable. Il reste une dernière étape. Après cela, nous pourrons célébrer ce que nous sommes parvenus à réaliser. Je pense sincèrement que ce n’est que le début pour moi et Orica-GreenEdge sur les Grands Tours. Je suis certain que de nouvelles opportunités vont se présenter à nous. »

Steven Kruijswijk (Team LottoNL-Jumbo), éjecté du podium du Tour d’Italie alors qu’il en occupait les commandes avec 3 minutes d’avance 48 heures plus tôt. Malgré une côte fracturée suite à sa chute dans la descente du col Agnel, le Néerlandais a pris le départ. « Je n’ai pas souffert pendant trois semaines pour tout abandonner. La seule chose qui restait possible était de conserver ma place sur le podium. J’avais perdu le Giro la veille. J’ai fait tout ce que j’ai pu. J’ai à peine dormi la nuit dernière après ma chute et j’ai ressenti énormément de douleurs. J’ai essayé de l’ignorer. Je voulais tout oublier et atteindre la ligne d’arrivée. Je l’ai fait. C’est tout. »

Rein Taaramae (Team Katusha), qui redonne le sourire à l’équipe Katusha en s’imposant à Sant’Anna di Vinadio, 24 heures après qu’elle ait perdu Ilnur Zakarin qui s’est brisé la clavicule et l’omoplate dans la descente du col Agnel. « L’étape d’hier a été très difficile pour nous. L’équipe avait beaucoup travaillé ces trois dernières semaines et je savais à quel point Ilnur était motivé. Tout s’est terminé en une fraction de seconde. C’est la raison pour laquelle j’étais motivé à ce point pour aller dans l’échappée. Je voulais aussi me prouver que je pouvais faire une belle course. J’ai travaillé dur depuis le début de la saison et j’espérais que ce travail finisse par payer. Je connaissais très bien ces cols pour avoir fait beaucoup de stages en altitude dans les environs. Ils m’ont appris que plus haut nous montions, meilleur j’étais. »


Mikel Nieve. Le maillot rose n’est pas le seul maillot distinctif à avoir changé d’épaules hier. Le maillot bleu du meilleur grimpeur a lui aussi changé de possesseur. Alors que Damiano Cunego (Nippo-Vini Fantini) le portait sans discontinuer depuis la 10ème étape, il a dû le céder à Mikel Nieve (Team Sky) sur la dernière étape de montagne. « Le maillot bleu ne faisait pas partie de nos objectifs d’avant course, mais il est devenu clair que nous pouvions courir après lui après la victoire de Mikel Nieve sur la 13ème étape, explique le directeur sportif du Team Sky, Dario Cioni. Nous savions que s’il arrivait sur les deux dernières étapes avec de bonnes jambes, il pouvait remporter le maillot. L’étape de Risoul lui a donné de la confiance. Hier, le plan était de courir après le maillot et l’étape, mais le maillot était la priorité. Il était donc crucial de figurer dans l’échappée. »


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L’étape du jour :

21ème étape : Cuneo-Turin (163 km). Cette année, c’est à Turin que le Giro prend fin. La tradition d’une dernière étape sans difficulté est cependant respectée. Les 163 derniers kilomètres ne suffiront qu’à sacrer et Vincenzo Nibali pour le classement général et un sprinteur pour la victoire d’étape. Du moins, selon toute vraisemblance. Une fois arrivés dans la capitale du Piémont, les coureurs tourneront huit fois sur un circuit de 7,5 kilomètres longeant les deux rives du Pô. Sitôt la ligne franchie, le peloton abordera la seule portion délicate de ce tracé, la montée vers la Villa della Regina d’une longueur de 750 mètres avec des pourcentages entre 4 et 6 %. Une descente rapide mènera alors les coureurs sur la rive gauche du Pô. Le peloton devrait filer à toute allure jusqu’à la ligne, tracée au bout d’une belle et longue ligne droite de 600 mètres.

L’image du jour : du suspense jusqu’au bout

Rarement la course rose aura été aussi indécise ! Avec trois leaders différents sur les quatre dernières étapes, Steven Kruijswijk, Esteban Chaves et Vincenzo Nibali, ce n’est pas loin d’être une première. Il n’y a d’ailleurs qu’un seul précédent dans la grande histoire du Tour d’Italie quand Eberardo Pavesi, Giuseppe Azzini et Carlo Oriani avaient successivement occupé la pole position sur les quatre dernières étapes du Giro. C’était il y a plus d’un siècle, en 1913 ! Une autre époque où le Tour d’Italie était divisé en neuf étapes, longues en moyenne de 325 kilomètres, et où le maillot rose n’existait pas.