Steve Cummings. C’est avec une solide expérience que Steve Cummings (MTN-Qhubeka) a confisqué l’étape de Mende aux Français Thibaut Pinot et Romain Bardet hier. « Je n’étais pas le plus fort de l’échappée et je savais qu’il y avait de meilleurs grimpeurs que moi dans le groupe. J’ai joué de patience en attendant la dernière côte, que j’ai grimpée à mon rythme. Pinot et Bardet étaient juste devant, je m’en suis servis de carotte pour me motiver à avancer. La clé, c’était de rester calme et de saisir ma chance quand elle se présenterait. Je suis rentré sur les deux Français en haut et sachant qu’ils hésiteraient à me poursuivre j’ai aussitôt démarré sur la partie plane. Ça a payé et j’ai gagné l’étape. C’est un jour incroyable pour moi et pour l’équipe. » Il y a trois ans, Steve Cummings avait remporté une étape du Tour d’Espagne.

Thibaut Pinot. Revenu sur Romain Bardet sur le haut de la Croix Neuve, Thibaut Pinot (FDJ) a manqué de lucidité au moment où Steve Cummings est rentré à son tour. « 2ème d’une étape du Tour, ça ne sert à rien, s’est-il lamenté. Après le boulot qu’ont fait Matthieu Ladagnous et Jérémy Roy, c’est du gâchis. Des occasions de gagner une étape du Tour, il n’y en a pas tous les jours. Et là c’est raté. Cummings a giclé de derrière, il a pris les courbes plus vite que nous. Il est arrivé lancé et il nous a eus. Il a été plus fort et plus malin que nous. Je ne savais pas qu’il revenait derrière moi. Avec le bruit, je n’entendais rien. Je l’ai vu débouler aux 500 mètres, je n’avais même pas remarqué qu’il était dans l’échappée ! Avec Romain Bardet, on s’est sans doute trop regardés. Il aurait fallu s’entendre tout de suite. Nous sommes deux compétiteurs, nous voulions tous les deux gagner une étape sur le Tour. Et résultat, on fait deux et trois. »

Peter Sagan. Présent une fois encore dans la bonne échappée, Peter Sagan (Tinkoff-Saxo) a signé à Mende une honorable place d’honneur, 5ème, et surtout largement accru son avantage au classement par points. Un quatrième maillot vert consécutif ne devrait bientôt plus être qu’une formalité pour le Slovaque. « Je n’avais vraiment pas planifié de m’échapper dans cette étape, étant davantage concentrée sur celle de Valence, mais je me battais pour le sprint intermédiaire et soudain je me suis retrouvé dans la bonne. De là je m’y suis maintenu et j’ai même pu empocher des points supplémentaires à l’arrivée. J’aurais aimé gagner mais sur une côte aussi raide ce n’était pas facile pour moi. Peut-être que je pourrai encore tenter quelque chose demain mais je ne suis pas Superman. On verra comment répondent les jambes. »

Nairo Quintana. Nairo Quintana (Movistar Team) a pris possession de la 2ème place du classement général hier en distançant tous ses adversaires à l’exception de Chris Froome. « Nous n’avions pas prévu d’attaquer dans cette étape mais je me suis senti fort et nous avons pensé qu’après les derniers jours usants il y avait une opportunité à saisir. Je suis vraiment heureux de grimper à la 2ème place du classement général. Nous savions qu’en étant patients on y arriverait. Mais notre réel objectif, le seul qui nous anime, c’est de ravir la première place. Nous avons trouvé une occasion de gagner du temps aujourd’hui et nous sommes confiants et déterminés à attaquer dans les grandes étapes de montagne à venir. Le maillot jaune, c’est peut-être encore jouable. »

Chris Froome. Une tasse d’urine. C’est ce que Chris Froome (Team Sky) a reçu de la part d’un spectateur malintentionné en cours d’étape hier. Très affecté à l’arrivée à Mende, il a dénoncé ce type de geste avant de revenir sur le final de l’étape qui lui a permis d’écarter encore un peu plus tous ses adversaires en prenant 1 seconde à Quintana, 4 secondes à Valverde, 19 secondes à Contador et 40 secondes à Van Garderen. « Je savais quel rythme je devais maintenir dans la côte de la Croix Neuve, précise Chris Froome qui n’a jamais répondu directement aux attaques de Nairo Quintana. Je savais que Quintana ne serait pas capable de me prendre trop d’avance alors je n’ai jamais paniqué. J’ai roulé à mon rythme et je suis rentré sur lui à la pédale. Je vais attaquer les Alpes avec trois bonnes minutes d’avance, c’est une situation rêvée. »

Tejay Van Garderen. 2ème du classement général depuis le contre-la-montre par équipes de Plumelec, Tejay Van Garderen (BMC Racing Team) a coincé dans le final de Mende, cédant 40 secondes à Froome et Quintana et reculant au 3ème rang du classement général. « C’est dommage de perdre une place au général mais le podium reste un objectif tout à fait réalisable, estime l’Américain. C’était une ascension difficile, avec des pourcentages élevés. Je sais que les Alpes seront plus adaptées à mes caractéristiques. Je me sens toujours bien, j’ai seulement essayé à Mende de limiter la perte de temps. OK, j’ai perdu du temps sur quelques gars mais j’en ai gagné sur d’autres. Ce n’est pas une journée complètement manquée. »

Jean-Christophe Péraud. Au lendemain de la chute qui lui a valu des plaies multiples aux jambes, aux coudes et aux mains, Jean-Christophe Péraud (Ag2r La Mondiale) s’est battu sous la chaleur et sur un terrain difficile vers Mende, où il s’est voulu rassurant bien que ses chances d’exister dans cette édition 2015 soient désormais minimes au regard de sa condition. « Je me suis vraiment battu sur les 70 premiers kilomètres, durant lesquels tout le monde voulait aller dans l’échappée. Il y a eu des chutes et des cassures. Ça roulait très vite, je n’ai vraiment pas été à la fête. Ensuite, le tempo a été plus raisonnable, l’avant-dernière ascension s’est faite vent de face, et j’ai réussi à rester dans le peloton pour décrocher juste avant l’arrivée. Maintenant, je vais essayer de retrouver un peu de fraîcheur pour continuer à aller de l’avant. »

Steve Morabito. Une chute importante a impliqué dès le départ de la quatorzième étape hier à Rodez le Suisse Steve Morabito (FDJ), malheureusement contraint à l’abandon. Evacué en ambulance vers l’hôpital de Rodez, les examens ont révélé, comme ses douleurs le laissaient craindre, une fracture de la clavicule gauche et un arrachement au niveau de l’insertion du ligament. Steve Morabito, qui a suivi l’étape depuis une chambre d’hôpital où l’accompagnait son manager Marc Madiot, sera transféré aujourd’hui à Genève, où il sera opéré. Jérémy Roy (FDJ), lui aussi victime de la chute et présent dans la bonne échappée hier, où il a accompli un travail exemplaire, souffre de divers traumatismes au niveau de l’omoplate et de l’épaule droites.

3 questions à… Romain Bardet (Ag2r La Mondiale)

Romain, vous avez été l’homme fort de la montée de la Croix Neuve, et puis il y a les retours de Thibaut Pinot et Steve Cummings au sommet. Que s’est-il passé ?
Je savais que pour décrocher mes adversaires il me fallait monter par à-coups comme je l’ai fait en attaquant dès le pied. Je ne connaissais pas cette montée, j’étais vraiment au rupteur, elle m’a paru longue et j’ai payé un peu mes efforts sur le haut. C’est extrêmement décevant car j’en suis réduit à cibler des étapes. Il en reste encore dans les Alpes mais c’est beaucoup d’énergie de dépensé pour prendre les échappées.

Quel sentiment prédomine au terme de cette étape ?
Je suis écœuré de manquer une deuxième victoire d’étape comme ça. Je me suis vu gagner, puis Thibaut m’est revenu dessus au moment où je commençais à être un peu dans le dur. Ensuite Steve Cummings nous a repris, et je ne sais pas pourquoi mais Thibaut a laissé un trou dans le virage. Lui et moi avons tous les deux raté notre Tour, ça aurait été bien que l’un de nous l’emporte et nous nous faisons avoir.

Avez-vous senti revenir Steve Cummings avant le dernier kilomètre ?
Non, je ne l’ai pas vu arriver. Je marquais Thibaut, en pensant en faire mon affaire au sprint. Je ne connaissais pas du tout le final. Et puis Cummings est rentré, j’ai vu dans la légère descente que Thibaut lui avait laissé dix mètres en virant un peu moins vite. Quand je lui ai passé un relais à 500 mètres, c’était trop tard. J’ai fait 6ème du Tour l’an dernier, j’étais venu pour faire mieux, or c’est raté. J’aimerais vraiment remporter une étape mais j’ai encore laissé passer une occasion.