Dans la perspective du contre-la-montre individuel qui s’offrait aujourd’hui aux favoris du Tour de Suisse, chacun s’était entendu dès hier pour réduire à quatre le nombre des prétendants au maillot jaune à l’entame du second week-end de course. Des quatre, c’est le Français Warren Barguil (Giant-Alpecin) qui s’est avéré le meilleur grimpeur cette semaine, successivement 2ème à Cari mercredi, 7ème à Amden jeudi et 3ème à Sölden vendredi. Le Breton, qui sort d’un stage de trois semaines dans la Sierra Nevada et compte bien prendre sa revanche sur le sort à l’occasion de sa seconde participation au Tour de France (il s’était classé 14ème l’an passé en dépit d’une blessure au genou), est donc en train de marcher sur les pas de Thibaut Pinot, lequel s’était drapé de jaune un an avant lui sur le glacier du Rettenbach.

Mais quand le Franc-Comtois avait plié sur les 38,4 kilomètres du contre-la-montre de Berne qui scellait le sort de la précédente édition, finalement repoussé au 4ème rang du classement général, Warren Barguil veut croire qu’il ne fermera pas la marche, demain soir, des quatre coureurs en lice pour la victoire finale. D’abord, le grimpeur breton savait aujourd’hui l’exercice chronométré, d’une distance de 16,8 kilomètres, davantage dans ses cordes. S’il s’est appliqué à mieux appréhender le contre-la-montre l’hiver dernier, il avait pour lui un tracé technique et vallonné autour de Davos, fait  de petites routes étroites, de bosses bien prononcées et de bouts droits pour mettre les gaz.

Surtout, Warren Barguil savait l’exercice capital mais pas pour autant décisif puisque les grimpeurs auront cette fois le dernier mot demain avec une ultime étape de montagne. Sans arrivée en altitude, certes, mais la montée des cols de l’Albula et de la Flüela pourrait encore faire basculer l’issue de l’épreuve. Il s’agissait donc avant tout de ne pas céder trop de terrain à l’adversité, et en cela la mission est accomplie puisqu’il prend la 21ème place à 57 secondes. Même si pour le coup Warren Barguil est désormais précédé au classement général par Miguel-Angel Lopez (Astana), Andrew Talansky (Cannondale) et Ion Izagirre (Movistar Team), soit les autres membres d’un dernier carré qui tient en 18 secondes…

Le contre-la-montre de Davos s’est donc appliqué à redistribuer les cartes. Au grand dam de Fabian Cancellara (Trek-Segafredo), qui se voyait bien ajouter une dernière victoire d’étape à son palmarès mais dont le temps de référence aura pu être amélioré par deux des candidats à la victoire finale. Le plus convaincant aujourd’hui sera resté Ion Izagirre. Auteur d’une seconde partie de chrono époustouflante, l’Espagnol – 4ème du Tour de Valence, 2ème du Tour d’Algarve, 5ème de Paris-Nice et 3ème du Tour de Romandie depuis le début de l’année – aura accompli la plus belle performance pour refaire tout son retard (55 secondes hier soir) sur Warren Barguil. Mais il reste ce soir à 16 secondes d’un maillot jaune que sera allé chercher le tout aussi épatant Miguel-Angel Lopez.

Le Colombien de 22 ans, vainqueur du Tour de l’Avenir en 2014, s’est payé le luxe de courir dans des temps analogues à ceux de Fabian Cancellara pour prendre la 2ème place du chrono, 18 secondes derrière Ion Izagirre, et ravir un maillot jaune de leader qui s’est ni plus ni moins offert à sept coureurs en l’espace de huit jours puisque Cancellara, Roelandts, Sagan, Latour, Kelderman, Barguil et maintenant Lopez en auront été détenteurs.

Et il n’est pas dit ce soir qu’il soit définitivement fixé sur les épaules de Miguel-Angel Lopez, car même si le Colombien avait fait forte impression hier à Sölden (2ème après avoir été le seul à rentrer sur Warren Barguil), il lui faudra contenir demain les trois coureurs qui se tiennent dans un mouchoir de poche : Andrew Talansky est à 8 secondes, Ion Izagirre à 16 secondes, Warren Barguil à 18 secondes. Et c’est sans compter les secondes de bonification qui restent à prendre dans cette courte étape montagneuse dessinée autour de Davos (117,7 km).

Classement 8ème étape :

1. Ion Izagirre (ESP, Movistar Team) les 16,8 km en 21’31 » (46,8 km/h)
2. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) à 18 sec.
3. Fabian Cancellara (SUI, Trek-Segafredo) à 19 sec.
4. Wilco Kelderman (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 21 sec.
5. Andrew Talansky (USA, Cannondale) à 23 sec.
6. Jonathan Castroviejo (ESP, Movistar Team) à 24 sec.
7. Jarlinson Pantano (COL, IAM Cycling) à 25 sec.
8. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
9. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 33 sec.
10. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 34 sec.

Classement général :

1. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) en 29h32’03 »
2. Andrew Talansky (USA, Cannondale) à 8 sec.
3. Ion Izagirre (ESP, Movistar Team) à 16 sec.
4. Warren Barguil (FRA, Giant-Alpecin) à 18 sec.
5. Jarlinson Pantano (COL, IAM Cycling) à 52 sec.
6. Wilco Kelderman (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 1’21 »
7. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 1’26 »
8. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 1’30 »
9. Simon Spilak (SLO, Team Katusha) à 1’31 »
10. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) à 2’09 »