Bien que l’Algérie ne soit pas une terre de cyclisme comme peuvent l’être la France ou la Belgique, la fédération algérienne de cyclisme tente de planter les bases du renouveau du cyclisme dans le pays. Le constat est le suivant : seulement 3000 licenciés, peu de compétitions organisées, un manque de confrontation au plus haut niveau mondial. Il fallait réagir. Tout s’est accéléré cette année grâce à un partenariat entre la fédération algérienne de cyclisme, le club cycliste Tours-Agglo 37 et la ville de Tours. Un véritable camp de base est proposé aux différentes équipes pour y effectuer des stages et préparer au mieux les grandes échéances comme les Championnats du Monde. L’encadrement est assuré par Michel Theze, ancien entraineur au Centre Mondial du Cyclisme et Jean-Michel Pommier, président de Tours-Agglo 37.

Pour la première fois de l’année, une équipe de six Juniors a pris le départ d’une manche de la Coupe des Nations à l’occasion du Trophée Centre Morbihan. Malheureusement, la première des trois étapes s’est montrée impitoyable envers les Nord-Africains. Quatre abandons sont à déplorer ! Ramadan oblige, ils se sont entrainés depuis début juillet sans pouvoir manger ou boire avant le coucher du soleil. Difficile à concilier avec la pratique du cyclisme. « Ils sont arrivés sans réserves énergétiques sur cette compétition, explique Mohamed Mekerba, le manager de l’équipe junior. Ils n’ont pu disputer que des critériums de 50 kilomètres en soirée pour respecter le ramadan. Courir en journée n’aurait pas été possible question nutrition. » Au Trophée Centre Morbihan, ils ont pu faire une pause dans ce jeûne, mais le manque d‘hydratation les jours qui ont précédé la course leur a procuré des crampes.

Deux coureurs seulement ont pu continuer l’aventure et Abderrahmane Bechlaghem (Champion Arabe Junior sur route) vient même décrocher une très belle 12ème place sur le contre-la-montre, à seulement 31″ du vainqueur. Malheureusement, seul Abderrahmane Mansouri parviendra à terminer l’épreuve. L’apprentissage est difficile, mais les jeunes Algériens sont volontaires. « L’objectif pour eux était de se tester en vue des prochains Championnats du Monde où nous alignerons trois coureurs, reprend Mohamed Mekerba. Ils ne demandent qu’à apprendre. »

En mal de licenciés, la fédération algérienne de cyclisme essaie d’attirer les jeunes vers ce sport. « Nous cherchons aussi à développer les écoles de cyclisme dans le pays, témoigne Michel Theze. C’est à cet âge-là qu’il faut leur donner envie de faire du vélo. L’objectif de l’Algérie est de redevenir une des meilleures nations africaines. » Avec quatre équipes enregistrées en continental cette année (aucune en 2010), le pays est sur la bonne voie. Le Tour d’Algérie repart de l’avant : après un arrêt de 2003 à 2011, il est réapparu au calendrier en catégorie 2.2, attirant plusieurs équipes européennes. Aux derniers Jeux Arabes, l’Algérie se classe 2ème au tableau des médailles. Autant d’éléments qui font dire que la restructuration du cyclisme en Algérie porte déjà ses fruits. – Pierre Arz.