Dans le cadre de notre fil rouge 2010, nous avons choisi cette année de donner la parole à celles qui gravitent, à différents échelons, dans l’entourage du cyclisme. Elles sont championnes ou assistantes, elles sont épouses de coureur ou bien hôtesses, elles sont mamans de champions ou bien élues… Les femmes s’impliquent dans le sport cycliste et nous souhaitions les mettre en avant tout au long de l’année. Chaque mois, nous vous permettrons ainsi de rencontrer l’une d’entre elles. Et pour inaugurer notre feuilleton 2010, nous avons donné la parole à Aude, la compagne de Laurent Mangel (Saur- Sojasun), qui deviendra madame Mangel le 30 octobre prochain. Vendeuse cycle au Décathlon de Besançon, Aude a accepté d’évoquer avec nous la condition de femme de coureur.

Aude, depuis quand côtoyez-vous le sport de haut niveau ?
Le sport, depuis toute petite par le biais de mon papa. Je suis maintenant le cyclisme de haut niveau depuis une bonne dizaine d’années. J’y ai rencontré Laurent il y a cinq ans.

Etes-vous adepte d’accompagner Laurent sur les courses ?
J’aimerais aller plus sur les courses pour le soutenir, mais du fait de mon activité professionnelle, je n’en ai que peu l’occasion. Je le fais en revanche à chaque fois que l’occasion me le permet, quand une course passe dans la région.

Si l’équipe Saur-Sojasun venait à participer au Tour de France et que Laurent était sélectionné, vous arrangeriez-vous pour faire le déplacement quelques jours ?
Là, mon chef est prévenu, je poserais trois semaines de congés d’emblée !

Femme de coureur, est-ce une condition facile ?
Oui et non. Il faut accepter de les voir partir. Quand il y a de la famille, avec les enfants, c’est tout une organisation à la maison. Après, en tant que femme de coureur, je trouve que nous sommes bien respectées dans l’équipe Saur, contrairement à d’autres équipes. Ils n’hésitent pas à nous laisser voir les coureurs sur les courses et nous autorisent même à participer au repas avec eux le soir à l’hôtel. Ca se fait sans problème.

Dans une saison, quels sont les moments les plus difficiles ?
Ce sont plutôt les moments de doute, d’incertitude. Quand les objectifs ne sont pas forcément atteints, ce sont les moments les plus durs. Mais je trouve que Laurent gère bien les choses. C’est quelqu’un d’assez posé, il va se poser les bonnes questions et n’est jamais trop stressé.

Avez-vous des contacts privilégiés avec les autres femmes de coureurs ?
Pas pour le moment. Je l’espère, par la suite. C’est vrai que nous avons eu l’occasion de se voir plusieurs fois avec d’autres femmes, mais nous n’avons pas de relations particulières.

Si vous aviez à donner votre avis à la gent féminine, recommanderiez-vous d’être dans l’environnement d’un sportif de haut niveau ?
Pas forcément. Disons qu’en tant que femme, c’est parfois assez difficile. Et puis je trouve que le vélo est parfois un petit peu macho. Je le ressens même en tant que vendeuse, dans le magasin. Les clients ne s’adressent pas forcément à une fille pour un renseignement sur les vélos.

Dans l’environnement des coureurs, il y a quelques femmes, y a-t-il la notion de jalousie pour une femme de coureur ?
Non, pas du tout. Personnellement, je ne suis pas jalouse de nature. Il y a certaines groupies, comme ils disent, mais ça ne m’inquiète pas.

Un coureur cycliste fait forcément attention à sa ligne, avez-vous dû vous adapter d’un point de vue culinaire ?
Je n’ai pas forcément changé les menus. Laurent aime bien la bonne bouffe, il apprécie bien mon tiramisu mais à l’entame de la saison, ce n’est plus vraiment le moment ! C’est vrai qu’ils font plus attention au moment des courses mais à la maison nous essayons de gérer quand même.

Vous êtes la maman d’une petite Luna, l’encourageriez-vous à faire du sport de haut niveau ?
Papa ne veut pas que ce soit du vélo mais je pense qu’elle aura grand besoin de dépenser son énergie, alors personnellement un sport comme la natation m’irait bien !

Pour conclure, naît-on femme de coureur ou le devient-on ?
Je pense qu’on le devient. C’est même la première chose que Laurent m’a dit quand nous nous sommes rencontrés : je n’ai pas un métier facile. Mais j’ai dû le devenir et je m’en suis bien accommodée.