Positif. Voilà un mot que Vincent Lavenu ne voulait plus entendre au téléphone s’agissant du résultat d’un contrôle d’un de ses coureurs. Hier pourtant, tandis que se concluait la deuxième étape de Paris-Nice, l’Union Cycliste Internationale lui a notifié par téléphone du « résultat d’analyse anormal » d’un des siens : Lloyd Mondory. Le Charentais de 32 ans, membre depuis toujours de l’équipe Ag2r La Mondiale, qu’il avait intégrée en 2004, a été contrôlé positif à l’EPO après un contrôle hors compétition le 17 février dernier et suspendu provisoirement jusqu’à la résolution de l’affaire. Un coup de poignard dans le dos d’une formation rhônalpine déjà affectée par les contrôles positifs à l’EPO de Steve Houanard le 21 septembre 2012 et à l’heptaminol de Sylvain Georges le 10 mai 2013.

Hier soir, après avoir informé ses coureurs de la gravité de la situation, Vincent Lavenu était effondré. « Je crois ne plus être capable de faire ce métier-là dans ces conditions, a-t-il lâché les yeux remplis de larmes. C’est trop dur. Il y a trop de travail, trop d’investissement. Le vélo, c’est ma vie, mais je me sens trahi. C’est le troisième Français qui déconne en trois ans… C’est un mélange de sentiment de honte, de trahison, de découragement. L’équipe va être salie, les coureurs aussi. Ce n’est pas juste par rapport à tout ce qui est fait. »

Un peu plus tard dans la périphérie de Bourges, dans l’hôtel qui accueillait l’équipe Ag2r La Mondiale, l’émotion n’était pas retombée. Entouré de ses capitaines Jean-Christophe Péraud et Romain Bardet, qui lui ont donné tant d’enthousiasme l’été dernier sur le Tour de France, Vincent Lavenu évoquait le soutien manifesté par son partenaire principal. « Un cas positif est toujours ressenti comme une trahison, rappelait-il. Notre politique antidopage est stricte et sans concession. Je remercie nos partenaires de leur soutien. Notre esprit d’équipe et notre cohésion nous permettront de rebondir. »

Et le Directeur Général d’Ag2r La Mondiale d’ajouter un peu plus tard dans un communiqué : « nous partageons l’émotion de Vincent Lavenu et de toute son équipe, au plus profond de nous-même. La faute d’un seul ne saurait ni les culpabiliser, ni les affaiblir, ni remettre en cause les liens historiques qui nous unissent. Nous comptons bien, en confiance, que l’équipe nous donne en 2015 de grands moments de bonheur. »

Romain Bardet, lui, s’est dit profondément affecté par l’annonce de ce cas positif. « Ça nous laisse tous comme interdits. Je n’ai pas de mots assez forts pour condamner ce type de conduite qui met en péril tous les efforts entrepris par notre équipe et par nos instances pour crédibiliser notre pratique. C’est un nouveau gros coup dur, un de plus diront les fatalistes, un de trop pour l’extrême majorité du peloton qui ne doit pas avoir à répondre des errements de quelques individualités. Je continue à croire en mon sport et mon évolution au sein du peloton international me conforte dans ma démarche. »

Arrivé chez Ag2r La Mondiale en 2004, Lloyd Mondory accomplissait sa douzième saison avec une formation rhônalpine avec laquelle il était encore sous contrat jusque fin 2016. Vainqueur de la Coupe de France 2006, le Charentais avait réalisé un incroyable comeback en 2013, revenu à la compétition après la découverte d’une masse anormale placée entre ses organes vitaux. Sa lente reconstruction avait débouché sur une victoire d’étape au Tour de Burgos l’été dernier. Aujourd’hui, il s’expose à une suspension de quatre ans, en vertu des nouvelles règles du Code Mondial Antidopage entrées en vigueur au 1er janvier dernier.

« J’espère qu’il aura le courage de dire la vérité et qu’il ne se réfugiera pas derrière de faux arguments, souhaite à présent Vincent Lavenu, qui l’a eu au téléphone hier. Il me dit que ce n’est pas vrai mais un contrôle positif à l’EPO, ça ne tombe pas du ciel. Ses explications ne me conviennent évidemment pas. Je lui ai demandé de réfléchir à ce qu’il allait faire, que s’il avait effectivement triché il valait mieux dire la vérité. »