Tous les rêves étaient permis ce matin après l’inattendu numéro signé Tony Gallopin (Lotto-Soudal) hier en direction de la Promenade des Anglais. Le Français, jusque-là en embuscade au classement général de Paris-Nice, s’est mué en leader du classement général avant l’ultime défi : la montée chronométrée du col d’Eze et ses 9,6 kilomètres d’ascension à 4,7 % en surplomb de la Méditerranée malmenée par un vilain temps d’hiver. La progression du peloton dans l’arrière-pays niçois a complètement bouleversé la hiérarchie définie au cours d’une palpitante semaine de compétition. Mais elle ne permet pas à Tony Gallopin de se proclamer vainqueur de Paris-Nice avant l’heure, plus aucun Français n’ayant accroché la course au soleil à son palmarès depuis le troisième et dernier sacre de Laurent Jalabert en 1997.

Les archives désavantagent le Francilien de 26 ans. Une fois seulement Tony Gallopin a gravi le col d’Eze contre le chronomètre. C’était en 2013, bien avant qu’il n’obtienne ses premiers succès d’envergure (la Clasica San Sebastian 2013, le maillot jaune et une étape du Tour de France 2014). Ce jour-là, le coureur français avait cédé 1’56 » à un certain Richie Porte (Team Sky), qui n’est autre aujourd’hui que le coureur qu’il doit contenir sur les mêmes 9,6 kilomètres d’ascension. Champion d’Australie du contre-la-montre, l’Australien réalise surtout son meilleur début de saison, vainqueur des étapes-reines des trois courses par étapes auxquelles il a participé cette année (Tour Down Under, Tour d’Algarve et Paris-Nice). Surtout, tout le monde garde en mémoire l’exceptionnelle escalade du col d’Eze qu’il avait accomplie il y a deux ans pour remporter son premier Paris-Nice. Il lui avait fallu 19’16 » pour se hisser au sommet.

Tony Gallopin, qui n’est pas à proprement parler un spécialiste de l’effort solitaire, était prévenu. Et bien qu’on accorde des ailes au maillot jaune, elles n’ont guère eu le temps de pousser dans la nuit. Au réveil ce matin, les jambes du coureur de Lotto-Soudal se ressentent encore des efforts consentis hier, quand il a fait chavirer les leaders du classement général pour prendre possession du maillot jaune. Ce sera dur, très dur, de livrer bataille à distance contre Richie Porte et toute la clique dans cet exercice qui peut encore tout remettre en question. Les 36 secondes d’avance qu’il possède au classement général sur l’ancien vainqueur de Paris-Nice ne sont rien. Et même si le champion d’Australie du contre-la-montre va grimper nettement moins vite qu’en 2013 (20’23 » contre 19’16 » !), ça ne suffira pas au bout du compte.

Tony Gallopin a déjà rendu plus qu’il n’en faut à Richie Porte après 5,5 kilomètres d’ascension. En perdition dans la montée, le Maillot Jaune français va atteindre le sommet au 29ème rang à 1’39 », reculant au 6ème rang du classement général. Certes, l’objectif d’un Top 10 est atteint, mais la frustration d’abandonner le maillot jaune au dernier jour de course est compréhensible. Le Français n’aura néanmoins rien à se reprocher. Ce soir, le plus fort l’emporte. Exceptionnel jeudi sur les pentes du col de la Croix de Chaubouret, malchanceux hier quand une glissade dans la côte de Peille a provisoirement emporté ses prétentions, Richie Porte se ressaisit dans la montée chronométrée du col d’Eze, qu’il a beaucoup pratiquée à l’entraînement. L’Australien retourne en sa faveur une position jugée délicate vingt-quatre heures plus tôt. Et inscrit pour la seconde fois son nom au palmarès de la course au soleil.

Au sommet du col d’Eze, Richie Porte met encore ses adversaires hors de portée. Simon Spilak (Team Katusha) termine à 13 secondes, Rui Costa (Lampre-Merida) à 24 secondes. Ces hommes-là terminent à 30 secondes de l’Australien au classement général, comme Michal Kwiatkowski (Etixx-Quick Step) 5ème à 29 secondes aujourd’hui et qui leur passe sous le nez pour la 2ème place du classement général. Avec un second Paris-Nice en poche, Richie Porte assoit sa condition de leader chez Sky – l’autre atout de l’équipe britannique Geraint Thomas termine 5ème du général à 41 secondes. Sa route ne devant pas croiser celle de Chris Froome dans les semaines à venir, la voie semble libre pour l’Australien que l’on retrouvera prochainement au Tour de Catalogne sur la route qui doit le mener au Tour d’Italie en mai.

Classement 7ème étape :

1. Richie Porte (AUS, Team Sky) les 9,6 km en 20’23 » (28,0 km/h)
2. Simon Spilak (SLO, Team Katusha) à 13 sec.
3. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) à 24 sec.
4. Tony Martin (ALL, Etixx-Quick Step) à 29 sec.
5. Michal Kwiatkowski (POL, Etixx-Quick Step) m.t.
6. Andrew Talansky (USA, Cannondale-Garmin) à 37 sec.
7. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 39 sec.
8. Jon Izaguirre (ESP, Movistar Team) à 50 sec.
9. Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) à 54 sec.
10. Gorka Izaguirre (ESP, Movistar Team) à 55 sec.

Classement général final :

1. Richie Porte (AUS, Team Sky) en 29h10’41 »
2. Michal Kwiatkowski (POL, Etixx-Quick Step) à 30 sec.
3. Simon Spilak (SLO, Team Katusha) m.t.
4. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) m.t.
5. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 41 sec.
6. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Soudal) à 1’03 »
7. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) à 1’05 »
8. Rafael Valls (ESP, Lampre-Merida) à 1’24 »
9. Gorka Izaguirre (ESP, Movistar Team) à 1’38 »
10. Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) à 2’18 »