Ils ont des fourmis dans les jambes ! En plantant le décor en Andalousie pour une semaine, les organisateurs de la Vuelta se sont légèrement écartés des schémas moins conventionnels proposés ces dernières années. Il n’est plus tellement tendance pour un Grand Tour d’offrir des occasions de gagner en rond aux sprinteurs en première semaine. Bien sûr, les arrivées espagnoles sont truffées de pièges, mais les finisseurs qui ont accepté de faire le déplacement sur le Tour d’Espagne savaient de quoi il retournerait et sont taillés pour franchir ces obstacles. Nacer Bouhanni (FDJ.fr) a gagné à San Fernando, Michael Matthews (Orica-GreenEdge) à Arcos de la Frontera, John Degenkolb (Giant-Shimano) à Cordoue. Alors, les trop nombreux favoris trouvent le temps long jusqu’aux premières rampes demain. Ils s’impatientent.

On avait vu Alejandro Valverde (Movistar Team) tenter un coup hier pour énerver un peu ceux qui devront lutter avec lui et Nairo Quintana en montagne. C’était un défi hasardeux qui n’a finalement pas marché, mais qui a eu le don d’agacer des concurrents sur les nerfs dans l’attente de la première explication d’homme à homme. Il semble que cette action ait aussi donné des idées. C’était Valverde hier, ce sera Chris Froome (Team Sky) aujourd’hui dans une cinquième étape qui ne semble en rien concerner les candidats à la victoire finale entre Priego de Cordoba et Ronda (180 km). Insatisfait par la place qu’il occupe au classement général, 15ème, et qui détermine celle occupée par le véhicule de sa formation dans la file des directeurs sportifs (10ème rang ce matin), l’ancien vainqueur du Tour de France a dans l’idée d’aller gratter quelques secondes dans un sprint bonification. Celui qui se présente à 60 kilomètres de l’arrivée.

Le mouvement de Chris Froome, qui va déboucher sur l’obtention par l’Anglais de 2 secondes de bonus, derrière le seul coureur échappé, va provoquer une réaction d’Alberto Contador, qui lui a flairé un coup à faire sur les vastes routes dégagées et brûlées par le soleil incandescent de l’Andalousie. Le vent qui atténue la sensation d’étouffement sous le cagnard ibérique avive dans l’équipe Tinkoff-Saxo la volonté de jeter quelques favoris par la fenêtre. Une brusque accélération est soudain menée par les équipiers d’Alberto Contador alors qu’il reste 40 kilomètres à parcourir et une difficulté à franchir, la longue montée du Puerto El Saltillo, une ascension de 12,5 kilomètres à 3,3 % qui débouche à 15 kilomètres du but. Les Movistar prêtent main forte aux Tinkoff, et voilà le peloton qui se scinde dans une nouvelle guerre des nerfs.

Tinkoff-Saxo commence à réduire le cercle trop grand des favoris.

La journée avait pourtant commencé paisiblement. Disons traditionnellement avec une attaque rapide de deux coureurs. Malheureusement, il a fallu que le pauvre Pim Lightart (Lotto-Belisol) sorte accompagné du redoutable Tony Martin (Omega Pharma-Quick Step), dont personne n’a oublié le coup mémorable vers Caceres il y a un an. Ce jour-là le triple champion du monde du contre-la-montre avait accompli 175 kilomètres seul devant à 45 de moyenne, résistant au retour d’un peloton stupéfait jusqu’à… 25 mètres de l’arrivée. Depuis, on n’accorde plus si facilement un bon de sortie à l’Allemand, auteur d’un coup assez similaire, mais gagnant celui-là, le mois dernier à Mulhouse dans le Tour de France. Le duo Lightart-Martin aura été contenu autour de la minute et demie avant que Tony Martin ne se saborde à l’avant.

Pim Lightart, qui poursuit l’aventure seul, ne résistera pas longtemps lorsque le peloton embraye sous l’action des équipes Tinkoff-Saxo et Movistar à travers une végétation crâmée par le soleil et la sécheresse. Tout ça pour quoi ? Pour écarter une bande de malheureux inattentifs et commencer à réduire le cercle trop grand des favoris. Carlos Betancur (Ag2r La Mondiale) – et Thibaut Pinot (FDJ.fr) qui n’avait pas de vues sur le général – est définitivement mis hors jeu, le Colombien cédant 13’32 ». Kenny Elissonde (FDJ.fr) a encore beaucoup à apprendre, mais il est là pour ça. Il lâche 3’51 », piégé comme les leaders de l’équipe Garmin-Sharp Ryder Hesjedal et Andrew Talansky. Quant à Jurgen Van Den Broeck (Lotto-Belisol), il va s’accrocher au bon wagon avant de lâcher prise dans le final et d’abandonner 16 secondes aux grands favoris, tous regroupés au sein d’un peloton fort de quelques soixante-dix unités.

Les sprinteurs sont restés aux aguets et rares sont ceux à s’être fait avoir par le coup d’accélérateur des Tinkoff-Saxo. On aura donc droit à un sprint avec de vrais sprinteurs dans les rues de Ronda, où l’on a à l’évidence pas vu une goutte de pluie depuis longtemps. Le chemin menant à la victoire est encore frais dans l’esprit de John Degenkolb (Giant-Shimano), qui lance le rush marqué par Nacer Bouhanni (FDJ.fr). Mais le Vosgien hésite à s’engager dans le trou de souris que lui laisse l’Allemand pour passer sur sa droite. Gêné qui plus est par les bras en mouvement des spectateurs, Bouhanni s’agace, tente de relancer, puis s’emporte à nouveau en coupant la ligne au 2ème rang, battu par John Degenkolb, plus malin que lui sur le placement. C’était décidément le maître-mot de la journée.

Demain jeudi, place à la montagne avec la première des huit arrivées en altitude entre Benalmadena et La Zubia (167,1 km).

Classement 5ème étape :

1. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano) les 180 km en 4h01’21 » (44,7 km/h)
2. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) m.t.
3. Moreno Hofland (PBS, Belkin) m.t.
4. Jasper Stuyven (BEL, Trek Factory Racing) m.t.
5. Paul Martens (ALL, Belkin) m.t.
6. Lloyd Mondory (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
7. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) m.t.
8. Vicente Reynes (ESP, IAM Cycling) m.t.
9. Kristian Sbaragli (ITA, MTN-Qhubeka) m.t.
10. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) m.t.

Classement général :

1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) en 17h35’05 »
2. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 13 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 20 sec.
4. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 24 sec.
5. Damiano Caruso (ITA, Cannondale) à 26 sec.
6. Johan-Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) m.t.
7. Haimar Zubeldia (ESP, Trek Factory Racing) à 29 sec.
8. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 32 sec.
9. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) m.t.
10. Robert Gesink (PBS, Belkin) m.t.

Classement par points :

1. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano) 70 pt
2. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 54 pt
3. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 50 pt
4. Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp) 32 pt
5. Lloyd Mondory (FRA, Ag2r La Mondiale) 31 pt
6. Vicente Reynes (ESP, IAM Cycling) 28 pt
7. Jasper Stuyven (BEL, Trek Factory Racing) 28 pt
8. Paul Martens (ALL, Belkin) 24 pt
9. Moreno Hofland (PBS, Belkin) 23 pt
10. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 22 pt

Classement de la montagne :

1. Luis Mas (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 10 pt
2. Jérôme Cousin (FRA, Team Europcar) 9 pt
3. Amets Txurruka (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 6 pt
4. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) 6 pt
5. Winner Anacona (COL, Lampre-Merida) 5 pt
6. Nathan Haas (AUS, Garmin-Sharp) 3 pt
7. Adam Yates (GBR, Orica-GreenEdge) 3 pt
8. Sergio Pardilla (ESP, MTN-Qhubeka) 2 pt
9. Kristian Sbaragli (ITA, MTN-Qhubeka) 2 pt
10. Jimmy Engoulvent (FRA, Team Europcar) 2 pt

Classement du combiné :

1. Sergio Pardilla (ESP, MTN-Qhubeka) 72 pt
2. Valerio Conti (ITA, Lampre-Merida) 72 pt
3. Kristian Sbaragli (ITA, MTN-Qhubeka) 89 pt
4. Luis Mas (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 100 pt
5. Amets Txurruka (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 106 pt
6. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) 119 pt
7. Francisco-Javier Aramendia (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 224 pt
8. Jimmy Engoulvent (FRA, Team Europcar) 245 pt

Classement par équipes :

1. Belkin (PBS) en 54h09’55 »
2. BMC Racing Team (USA) à 14 sec.
3. Team Katusha (RUS) à 36 sec.
4. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 39 sec.
5. Astana (KAZ) à 42 sec.
6. Movistar Team (ESP) à 46 sec.
7. Lampre-Merida (ITA) à 1’07 »
8. Cofidis (FRA) à 1’54 »
9. Tinkoff-Saxo (RUS) à 2’46 »
10. Giant-Shimano (PBS) à 3’26 »