Difficile d’établir des parallèles entre les classiques québécoises de la Coupe du Monde et le proche Championnat du Monde de Richmond. Si chaque année la tendance est de penser que ceux qui passent par les deux épreuves canadiennes sont plus aptes à s’illustrer sur le circuit des Mondiaux qui suivent, il faut souligner que ce petit air de Mondial est faussé par les statistiques. Depuis 2010 et la création des deux épreuves nord-américaines du WorldTour, seul Simon Gerrans, l’an passé, est parvenu à transformer son podium québécois (en l’occurrence sur la plus haute marche des Grands Prix de Québec et de Montréal) en podium au Championnat du Monde, médaillé d’argent à Ponferrada.

Aussi les sélectionneurs n’attendent plus après les classiques canadiennes pour définir la composition des effetifs qu’ils enverront convoiter le maillot arc-en-ciel deux semaines plus tard. Et tant pis pour Tim Wellens (Lotto-Soudal), le double vainqueur de l’Eneco Tour mis sur la touche par Carlo Bomans, qui a privilégié lundi un groupe formé autour de Boonen, Gilbert et Van Avermaet. Pourtant, le parallèle existe plus que jamais cette année entre les Grands Prix de Québec/Montréal et le Mondial de Virginie. Et c’est bien Tim Wellens qui va se montrer le plus convaincant à deux semaines d’un Championnat du Monde auquel il ne participera point.

Aux conditions ensoleillées de Québec il y a deux jours succèdent des conditions orageuses sur Montréal. Il va pleuvoir et venter une partie de la journée, ce qui rendra les rues de la cité canadienne particulièrement périlleuses. Et la course d’autant plus sélective. Si un peloton groupé entame la dix-septième et dernière boucle de 12,1 kilomètres, il est déjà passablement entamé. Et ceux qui se sont découverts prématurément ne seront plus en mesure de griller une dernière cartouche.

On pense au champion du monde Michal Kwiatkowski (Etixx-Quick Step), qui aura honoré une dernière fois son maillot irisé par une échappée audacieuse au sein d’un groupe matinal des plus savoureux avec Michael Albasini (Orica-GreenEdge), Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), Warren Barguil (Giant-Alpecin), Matteo Bono (Lampre-Merida), Brent Bookwalter (BMC Racing Team), Silvan Dillier (BMC Racing Team), Jakob Fuglsang (Astana), José Herrada (Movistar Team), Wilco Kelderman (Team LottoNL-Jumbo) et Michael Valgren (Tinkoff-Saxo). On pense aussi à Thomas Voeckler (Team Europcar), à l’initiative d’un coup intéressant à 80 kilomètres de l’arrivée avec Louis Vervaeke (Lotto-Soudal), qu’il emmènera avec lui jusqu’à l’entame du dernier tour, Andriy Grivko (Astana), Christopher Juul-Jensen (Tinkoff-Saxo) et Manuel Quinziato (BMC Racing Team) les ayant accompagné un temps.

Sous la pluie qui persiste, la décision tombera donc dans l’ultime boucle et la dernière ascension du Mont Royal. Là, c’est le vainqueur de la Clasica San Sebastian Adam Yates (Orica-GreenEdge) qui va déclencher la bonne, entraînant avec lui Tim Wellens tandis que se dégage à contretemps un contre composé de Jan Bakelants et Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), Rui Costa (Lampre-Merida) et Wilco Kelderman (Team LottoNL-Jumbo). Ce sera la bonne. Le duo de tête s’entend aussitôt pour descendre en tête l’avenue du Parc, mesurer l’avantage pris sur leurs quatre poursuivants en virant en bas, avant d’attaquer les 400 derniers mètres ascendants, durant lesquels Wellens et Yates retarderont au maximum le déclenchement du sprint.

Quand vient le moment de fournir l’effort final, Tim Wellens ne trouve pas trop d’adversité en Adam Yates, qu’il vainc au sprint pour ajouter une victoire de prestige à son palmarès. Rui Costa complète le podium.

Classement :

1. Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) les 205,7 km en 5h20’09 » (38,6 km/h)
2. Adam Yates (GBR, Orica-GreenEdge) m.t.
3. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) à 2 sec.
4. Jan Bakelants (BEL, Ag2r La Mondiale) à 4 sec.
5. Tiesj Benoot (BEL, Lotto-Soudal) m.t.
6. Wilco Kelderman (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 5 sec.
7. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Robert Gesink (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 9 sec.
9. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) m.t.
10. Tom Jelte Slagter (PBS, Cannondale-Garmin) m.t.