Sur les routes surchauffées du Tour de France, dans ces longs transferts autoroutiers qui relient une ville-départ à une ville-arrivée pour la caravane des véhicules suiveurs, son inimitable timbre de voix nous accompagnait à heures fixes sur les ondes de France Info. Envoyé spécial pour la radio d’information continue entre 1987 et 2002, Jean-Paul Brouchon savait tenir en haleine ceux qui, pendus à son discours passionné, suivaient avec entrain les principaux faits d’arme du peloton du Tour au mois de juillet. Faute d’images, on se laissait bercer par son style bien à lui lorsque le radioreporter nous contait avec magie une course qui l’enthousiasmait au plus haut point. A travers les ondes, la passion était communicative. La passion du Tour, du cyclisme et des mots, qu’il aimait manier au micro. Des passions qu’il conjuguait à merveille.

Le samedi 2 juillet prochain, le Tour de France partira sans Jean-Paul Brouchon. Le radioreporter est mort d’une longue maladie, ce matin, à l’âge de 72 ans. Une nouvelle qui nous remplit de tristesse. Né en 1938, Jean-Paul Brouchon était entré à la RTF en 1962 en qualité de journaliste sportif. Il avait créé en football le Multiplex, émission reprise ensuite par toutes les radios nationales. Arrivé sur France Info à sa création en 1987, il en était devenu le rédacteur en chef en 1992. Spécialiste du cyclisme, il avait couvert l’été dernier son quarante-quatrième Tour de France. Il avait abandonné sa place sur la moto il y a une dizaine d’années, peu avant l’édition centenaire de la Grande Boucle, mais il en demeurait un suiveur fidèle et avisé, un commentateur captivant dont les connaissances et la belle expertise furent distinguées par le prix Henri Desgranges en 1990 et le prix Pierre Chany en 1992. Ses reportages à la radio lui valurent d’acquérir à deux reprises le Micro d’Or et la nomination en 2000 de « meilleur journaliste » par l’Association des Ecrivains Sportifs.

D’un été sur l’autre, Tour après Tour, au contact des coureurs, la voix de Jean-Paul Brouchon aura captivé de nombreuses générations d’auditeurs, à qui il aura su insuffler la grandeur d’un événement tel que le Tour de France. Sa passion, qu’il aura communiquée jusqu’au bout sur son blog à l’heure de la retraite journalistique, était intacte. « Enfant, mon rêve était de faire un Tour de France et le tour du monde : grâce à la Grande Boucle, j’ai fait les deux en même temps », racontait-il, lui qui estimait à quatre tours du monde le nombre de kilomètres parcourus sur les routes du Tour. La voix de Jean-Paul Brouchon s’est éteinte ce matin, mais elle chuchotera à jamais aux oreilles de ceux auxquels il savait communiquer son enthousiasme.