Comment vous sentez vous ?

Ca va. J’ai repris l’entraînement depuis quatre semaines après sept semaines de repos total, de convalescence où j’ai soigné une fracture du sacrum et du bassin. Maintenant, je suis heureux de retrouver l’équipe même si je n’ai pas de dossard accroché au maillot. Mais ça fait du bien de retrouver le cadre de l’équipe, venir saluer tout le monde et j’ai vraiment hâte de reprendre sur le Grand Prix de Fourmies dans 15 jours.

Il y a eu une bonne période d’AG2R La Mondiale pendant ton absence. Ca t’a donné le moral et l’envie de revenir ? 

Oui, c’est clair que la dynamique est bel et bien installée dans l’équipe, qui plus est sur les courses à étapes. J’ai pris beaucoup de plaisir à voir et suivre les performances de mes collègues en juillet. Et là, ça se prolonge. Il y a eu un beau Tour de l’Ain, un super Tour du Limousin. Puis j’ose croire, vue la composition d’équipe, que la Vuelta sera du même ressort, toute aussi performante. C’est intéressant et puis ça motive à bien m’entraîner, à continuer à être sérieux et puis de bien finir 2017 avec le Tour de Lombardie en point d’orgue de cette saison. C’est important de couper sereinement et repartir sur de bonnes bases en 2018. 

Même si vous avez eu une longue période d’arrêt, vous couperez quand même cet hiver ?

Oui je couperai un peu, c’est important. Je ne compte pas inverser les deux saisons et faire mon été l’hiver prochain. Par contre, effectivement, si je vais couper entre deux et quatre semaines, ma coupure sera un petit peu moins importante que les années précédentes. Je me projette sur le Tour Down Under en début de saison, parce que j’ai envie de courir, de retrouver un bon niveau. Et puis je peux passer l’hiver dans de bonnes conditions à Nice donc ça peut être intéressant de reprendre là-bas.

Il n’y a pas eu de doute par rapport à l’identification de ta blessure ?

Si, ça a été compliqué. Lors du premier diagnostic médical, j’avais une fracture du bassin qui demandait quatre semaines de consolidation. Après quatre semaines et demi, j’ai repris le vélo et j’avais toujours une douleur présente, qui s’est même accentuée vers le 9-10ème jour. J’ai repassé une IRM pour voir ce qu’il se passait. Là, on a diagnostiqué aussi une fracture du sacrum. Et puis le nerf sacré qui passe dans le sacrum était touché à sa racine. Du fait, j’ai dû de nouveau me reposer une quinzaine de jours. En tout et pour tout, ça fait sept semaines d’arrêt donc c’est assez conséquent dans une saison. Du positif, j’en tire parce qu’il faut toujours se raccrocher à du positif. Pour la suite de ma carrière, c’est une période régénérescente qui me sera profitable dans les mois ou les années à venir.

Tout ce qui ne tue pas rend plus fort. Vous confirmez ?

Oui, parce qu’il est évident que j’ai vécu beaucoup d’émotions depuis mon canapé en regardant le Tour. Je cerne toute l’importance des sacrifices qui sont faits au préalable, en préparation des objectifs. C’est incroyable comme nous, coureurs pouvons procurer de telles émotions aux téléspectateurs et j’avais envie d’y être. Pour y être, il faut que je revienne à un bon niveau. Il y aura des axes de travail à bosser. Je pense évidemment au contre-la-montre, puisqu’il y aura un contre-la-montre par équipe qui aura une place prépondérante l’année prochaine. Je vais essayer d’établir des axes de travail avec les entraîneurs. Je pense que le chrono en sera un et puis aussi de revenir avec un très bon niveau en montagne pour être de nouveau sur le Tour parce que, ça a été un mal important cette année de ne pas y être. 

Comment s’est effectué le processus de reprise après sept semaines de convalescence ? Retour sur la route ou Home-Trainer ?

Il fait chaud là où je vis et je n’ai pas eu envie de passer par la case home-trainer. J’ai repris directement sur la route par des sorties de deux ou trois heures. Lors de ma deuxième reprise il y a quatre semaines, ça s’est très bien passé. J’ai pu augmenter les charges progressivement et j’en suis maintenant à 5h de vélo maximum. Je me suis pris au jeu des commentaires de la plateforme Strava parce que j’ai un peu le mal de la compétition. J’ai sillonné les routes pour essayer de me jauger et les gens me répondent bien. Maintenant, la condition étant un petit peu moindre, j’ai du mal à encaisser les efforts encore, mais il me faudra du travail, de l’endurance. Ca serait trop facile après sept semaines de repos de revenir aussi vite. 

Romain Bardet a perdu 2’30“ sur l’ensemble des contre-la-montre sur le Tour. Quand vous dites que vous allez travailler le CLM, c’est avec Romain Bardet ou séparément ?

Déjà séparément par ce qu’on s’entraîne en autonomie une grande partie de la saison. Après, lors des stages de début d’année, il y aura sans doute un effort fait sur le CLM par équipe. On sait qu’il sera important en juillet. Il faudra tout de même travailler individuellement et prendre la position sur le chrono. C’est une position totalement différente du vélo de route et on se doit de la travailler de notre côté. Je pense qu’il ne faut pas s’attarder sur la performance de Romain Bardet à Marseille. Il était physiquement amoindri ce jour-là, il avait une grande fatigue. Il a eu une très mauvaise journée et la caisse de résonnance du Tour a fait que sa contre-performance a été mise en lumière. Mais il y travaille déjà et ca va être un de ses principaux axes de travail. 

Il a progressé sur le chrono entre 2016 et 2017 même si la place brute ne donne pas le même reflet. 

Oui. Déjà en 2016, il avait fait un super chrono sur le Tour de Romandie, où il faisait 6ème. Sur le chrono du Tour qui était en montée à Megève, il était 5 ou 6ème aussi. Donc la gestion du chrono, il la connaît. Maintenant, il ne faut pas s’attarder sur ces contre-performances. Il ne faudrait pas qu’elle le bloque psychologiquement parce qu’il a les aptitudes pour faire de bons chronos. Évidemment, il ne fera jamais un chrono à la hauteur de ce que peut faire Porte ou Froome mais je pense qu’il peut parfaitement limiter la casse. Son niveau sur un chrono comme celui de Marseille, c’est de perdre 40 secondes sur Froome. Lui en est conscient aussi. 

Pensez-vous qu’en progressant dans le contre-la-montre, Bardet risque de perdre en punch ? 

On dit toujours qu’il faut avant tout travailler ses qualités. Mais je pense qu’à son niveau, celui d’un des 5 meilleurs coureurs de Grands Tours, il se doit de travailler le contre-la-montre. Ca ne lui sera pas néfaste car il a ses qualités innées de grimpeur. Il lui faut travailler le CLM. Ce qu’il aime c’est la montagne. Même si c’est un peu contraignant pour lui de monter sur le vélo de chrono, il doit passer par là mais la majorité de son travail se fera dans les cols. 

On voit que la FDJ s’est grandement améliorée dans les CLM grâce, notamment, à la technologie des vélos. Vous pensez, vous aussi, qu’avec Factor, votre nouveau partenaire, vous arriverez à progresser ? 

Je pense que le Factor Slick, notre vélo de contre-la-montre, est au top. Après, si chacun pouvait rouler avec à l’entraînement, ça serait déjà évident. Le vélo est top. Lapierre a développé un super vélo mais Factor n’a rien à envier aux Lapierre. Maintenant, pour être bon aux chronos, il faut en faire. Moi cette année j’ai dû monter cinq ou six fois sur mon vélo de chrono. C’est trop peu. Après c’est difficile d’établir ça logistiquement. Même si on a tous deux cadres de chrono, il en faut toujours un deuxième sur la galerie. C’est du matériel haut de gamme qu’il faut soigner avec précaution. On ne peut pas les promener dans les avions comme ça. Mais en tout cas, on a un vélo au top.