Bruno, le Roc d’Azur a fêté sa 30ème édition la semaine dernière, mais quelle est l’année de ta première participation ?
C’était en 1990. Comme c’était le premier, c’était un grand rendez-vous pour moi. Le Roc d’Azur faisait partie des épreuves marquantes de la saison.

Et tu gagnes dès ta première participation.
Oui, c’était une grosse satisfaction pour moi. Je bats alors le champion d’Europe sortant. Je ne m’attendais pas du tout à gagner. C’est l’épreuve qui me convient parfaitement. Je découvrais le massif des Maures, car je n’avais pas eu l’occasion de participer à énormément d’épreuves dans le sud de la France. Je suis tombé sur un parcours extrêmement sec, la région s’y prête bien. Mais ce n’a pas toujours été le cas. J’ai participé à des Rocs d’Azur dans des conditions apocalyptiques. C’était le cas lors de ma deuxième victoire, trois ans après, en 1993 devant Jean-Christophe Savignoni qui gagnera l’année suivante. C’était un tout autre univers qui ressemblait davantage aux conditions que j’avais l’habitude d’avoir dans ma région.

Avais-tu participé à d’autres épreuves VTT en 1990 ?
Oui, 1990 avait été une grosse saison pour moi. J’avais commencé le VTT en 1988 en remportant la première Transvésubienne. En 1990, j’ai confirmé mes capacités de haut niveau dans ce domaine.

Étais-tu présent sur le Roc lors des éditions 1991 et 1992 remportées par Tim Gould ?
Oui, j’ai participé tous les ans au Roc d’Azur. Je me souviens bien de Tim, il était dans le team Peugeot. C’était le grand rival de l’équipe MBK dans laquelle je roulais puisque c’étaient les deux grandes marques présentes sur le circuit avec Ferraroli. C’était une belle époque.

Il y a une anecdote selon laquelle tu aurais vu Tim Gould se tromper de direction sur le Chemin des douaniers lors d’une de ses deux victoires. Tu l’aurais alors sifflé et laissé repartir avec le même avantage. Confirmes-tu cette version ?
Je ne me souviens pas exactement, mais c’est tout à fait possible. C’est le genre d’attitude que j’aurais pu avoir sur une épreuve. Ça s’est sans doute passé comme ça oui.

Le Roc était sans doute pour toi un tel événement, qu’il était impossible de le manquer…
Exactement, c’était l’épreuve incontournable de la saison. Elle clôturait la saison et elle avait des airs de pré-vacances. Cela permettait de se détendre, de voir des amis sous un autre angle puisqu’ils n’étaient pas uniquement dans l’esprit compétition. C’était un petit moment de détente après une grosse saison.

As-tu été marqué par un pilote ?
Oui, John Tomac. C’était un phénomène. Il était aussi bon en descente qu’en cross-country. Il apportait sa touche personnelle. Il venait de temps en temps avec un guidon de route sur son VTT, c’était un peu particulier, et sa roue Tioga, sa marque fidèle.

À quand remonte ta dernière venue sur le Roc en tant que participant ?
Ce n’est pas si vieux que cela. Il y a à peine quelques années. Mais je n’en garde pas un très bon souvenir. Je me fais disqualifier pour une bêtise. Je courais en Master, mais j’étais surtout là pour accompagner un collègue et m’amuser. Je ne cherchais plus à concourir. J’ai toujours l’esprit de compétition, mais en équipe.

Comment es-tu arrivé au VTT ?
J’étais athlète de haut niveau en cyclo-cross, j’avais déjà eu l’occasion de travailler mes aptitudes de pilotage et j’avais une grosse expérience dans ce domaine. Ça se rapprocherait un peu de la pratique tout-terrain et j’étais déjà bien préparé pour participer à ce genre d’épreuves.

Sur quel matériel roulais-tu ?
À l’époque j’étais sous contrat avec MBK. J’avais un prototype, car on n’avait pas vraiment de vélo de série. C’étaient des vélos faits sur mesure pour nous. On roulait avec Campagnolo qui n’est plus dans le VTT actuellement. C’était du matériel d’essai, qui n’était pas vraiment encore bien abouti. Ils n’ont d’ailleurs pas continué dans le domaine.

Entre 1990 et 1993, les premières suspensions sont apparues…
Tout à fait, c’était le début des semi-rigides. J’ai commencé en rigide, comme tous les concurrents, puis le semi-rigide est arrivé rapidement par la suite. On a vu les premières fourches à suspension apparaître avec notamment Rock Shock, les pionniers dans le domaine. D’autres marques ont suivi.

Comment as-tu vécu le passage du Roc d’Azur de Ramatuelle à Fréjus ?
J’ai justement vécu cette transition à Fréjus et j’avoue franchement que je préférais très nettement Ramatuelle qui était un endroit qui faisait penser aux vacances après la saison. Fréjus, c’est un peu plus industrie du cycle et promotion du vélo. C’est une grosse organisation et le site se rapporte à l’événement devenu très populaire. Il y a beaucoup de monde et il fallait un endroit qui s’y prête.

Lors de tes premières participations, il y avait déjà un début de salon, comment le vivais-tu ?
Je trouve ça très bien. Il y avait beaucoup de marques et on a pu voir l’évolution du vélo dans ces années-là. C’était très intéressant. Le site ne se prêtait plus à l’événement. Il n’était plus à sa mesure. On a vu une déferlante du VTT sur le marché du vélo. Les années suivantes ont donné raison aux organisateurs : il fallait un endroit qui se prêtait davantage à l’événement. C’était un gros succès et ça l’est encore aujourd’hui.