Titouan, tu as créé la sensation en remportant dimanche à Marseille la première manche de Coupe de France. Quel sentiment te laisse cette course ?
J’ai été surpris de me retrouver aux avant-postes. Mes sensations étaient bonnes dès le départ. Quand Maxime Marotte a placé une attaque, j’ai tenu un demi-tour, puis j’ai vite pris une dizaine de secondes. Quand il a crevé, j’ai accéléré en donnant tout pendant deux tours. J’ai bouclé le dernier tour comme j’ai pu avec des crampes dans les dernières montées. L’avance que j’avais m’a suffi pour gagner.

Cette victoire est donc également une surprise pour toi ?
Complètement. Les sensations ne devaient pas être si bonnes car ce n’est que le début de saison. Jamais je n’aurais pensé battre Julien Absalon, Maxime Marotte et les autres. Ce sont de grands noms et je n’y aurais pas cru.

Penses-tu être en mesure de réitérer cette performance d’ici à la fin de la saison ?
Les Coupes de France ne sont pas un vrai objectif. Je ne vais pas axer ma préparation pour ces courses-là. Si l’occasion se présente, bien sûr que j’aimerais pouvoir le faire. Mais je vais plus viser les Coupes du Monde. Ce sera donc plus compliqué sur les Coupes de France.

C’est ta troisième année Espoir. Qu’espères-tu réaliser au niveau mondial chez les moins de 23 ans depuis que Jordan Sarrou et Michiel Van Der Heijden ont quitté la catégorie ?
L’année dernière, c’était la saison de mon retour après une blessure. C’est sûr que c’est compliqué de se situer. J’espère pouvoir jouer le Top 5, voire le Top 3 sur les Coupes du Monde et un podium aux Championnats du Monde. Ce sont les objectifs que je me fixe. Quand je vois la forme de début de saison et alors que je pense pouvoir progresser, je me dis que ça va être possible.

Tes méthodes d’entraînement ont-elles changé pour que tu puisses atteindre ces objectifs ?
Pas tant que ça. Mes charges ont un peu augmenté, je suis passé de 27,5″ à 29″ mais je n’ai pas changé mes habitudes d’entraînement. J’ai bien travaillé cet hiver en me montrant très appliqué. Le fait d’avoir très bien fini la saison dernière m’a vraiment bien motivé. J’ai réellement l’envie de bien faire. Une partie de mes bons résultats de ce début de saison vient de là. J’ai vraiment le mental. Le changement de team chez Scott-Creuse Oxygène-Guéret m’a fait du bien dans la tête. Je suis plus serein sur les courses avec une grosse structure. Tout cela m’aide. Avec tous ces facteurs réunis, ça permet de progresser.

Ta progression avait d’ailleurs été stoppée par une fracture du col du fémur il y a deux ans…
Je me suis blessé juste après la première manche de Coupe de France en 2013 alors que j’étais Espoir 1. La saison était lancée, et je voulais bien faire pour pouvoir bien débuter dans la catégorie. Mais je tombe et je me casse la jambe. Moralement, je n’étais pas bien du tout. C’est compliqué d’arrêter le vélo. Pendant trois mois, je n’ai pas pu poser le pied à terre. Pour repartir, j’ai dû réapprendre à marcher. On se dit alors que le travail va être long. La saison dernière, je m’étais fixé l’objectif de revenir petit à petit au plus haut niveau, sans brûler les étapes. Ça s’est bien passé. Cette année, je suis à 100 % de mes moyens. Je me sens plus frais mentalement. J’ai, je pense, une envie de bien faire qui est supérieure aux autres. J’ai vraiment la hargne pour revenir.

Nous sommes à un an des Jeux Olympiques et les places à prendre pour Rio sont limitées. Après cette victoire à Marseille, te sens-tu concerné par cette lutte pour une place en équipe de France ?
Franchement non. On en a parlé en équipe de France, on nous a dit que c’était possible. Mais il y a tout de même un très gros groupe Elite. Ce sera compliqué de prendre la sélection. C’est quand même dans un coin de ma tête. J’y pense, mais je reste réaliste. Ce sera d’autant plus compliqué qu’il faudra courir avec les Elites en Coupe du Monde. L’objectif des Jeux Olympiques, concernera, je pense, la prochaine olympiade.

Tes deux premières années chez les moins de 23 ans n’ont pas permis de te placer dans la hiérarchie française des Espoirs. Où te situes-tu ?
En France, je pense que Victor Koretzky et moi sommes au même niveau. C’est difficile de voir ça sans course internationale. Romain Seigle s’est blessé l’année dernière et il était légèrement en dessous. Je pense qu’il l’est encore cette année, mais je sens qu’il peut surprendre et revenir au très haut niveau.

Propos recueillis le 31 mars 2015.