Quelques minutes avant le départ du grand Roc, nous avons pu rencontrer sur la ligne le cinquième du général de la Coupe du Monde et Vice Champion de France : Jordan Sarrou. Il nous tire le bilan de sa saison et ses impressions sur le Test Event de Tokyo.

Jordan Sarrou sur la ligne de départ au micro de Vélo 101Jordan Sarrou sur la ligne de départ au micro de Vélo 101 | © Vélo101

Avec quel état d’esprit prends tu le départ de ce Roc d’Azur ?

Assez détendu, c’est la dernière course de la saison. S’il y a un résultat ce sera la cerise sur le gâteau. Le Roc c’est une fête donc sans pression.

En tant que compétiteur, quand il va falloir écraser les pédales tu vas le faire ? 

Oui c’est sûr, quand tu es là au départ c’est pour gagner donc oui on va essayer de tout mettre et d’aller chercher la victoire.

Qu’as-tu reconnu de ce parcours qui a relativement changé ?

Cette année je n’ai pas du tout fait de reconnaissance. C’est assez difficile avec les randos, les autres courses. J’ai préféré rouler un peu ailleurs. Je ne connais donc pas les changements mais je connais un peu le coin. Chaque année il y a des petites portions différentes donc je verrai bien.

Tu pointes qui particulièrement du côté de tes adversaires ?

Il y a quelques étrangers, je pense notamment à Daniel Geismayr qui a déjà été très fort ici mais aussi à Victor Koretzky. Y’a quelques pointes à surveiller.

Tu as bien récupéré du décalage horaire du week-end dernier ? 

Très difficilement. Début de semaine très compliqué et là avec les rendez-vous sur le Roc d’Azur c’est un peu de fatigue accumulée mais on verra comment ça se passe sur la course.

Qu’est-ce que tu en as pensé de ce parcours des Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo ?

C’est un très très beau parcours avec des parties naturelles et artificielles. Ils ont fait un beau boulot et c’est vraiment agréable à rouler dessus.

Tu dirais que c’est un parcours qui te correspond ou qui ressemble à quel type de parcours que tu as déjà arpenté ? 

C’est un parcours atypique. C’est un circuit des Jeux et on a pas trop l’habitude de voir ça. Il est vraiment complet, compact avec des bosses raides et courtes. C’est un circuit que j’aime bien et j’espère être au départ en juillet prochain.

À combien correspond la répartition naturelle et artificielle ? 

Je dirai 60% d’artificielle contre 40% de naturelle. 

Tu as été favorablement impressionné par certains pilotes qui se sont sentis assez à l’aise là-dessus ? 

Non pas spécialement. On a retrouvé les meilleurs devant. C’était surtout pour prendre des informations, la performance c’était quelque chose d’à côté.

La foule pousse les coureurs du Grand RocLa foule pousse les coureurs du Grand Roc | © ROC D’AZUR

Après 51,4km et plus de 1100m de denivelé, Jordan Sarrou s’est montré le plus rapide au sprint devançant deux autres adversaires. Il remporte ainsi ce Roc d’Azur 2019 : 

Comment se sont déroulés tous ces kilomètres ?

Je ne m’attendais pas à ce que ça soit aussi roulant, ça roulait à 27 de moyenne et on était encore beaucoup. Avec Victor nous avons collaboré et fait le job. Je ne savais pas à quoi m’attendre avec l’Estonien Peeter Pruuss. On faisait les différences en descente, lorsque c’était tonique et lui revenait sur les parties roulantes où il fallait envoyer. A l’arrivée, j’ai pris les devants à 300m de la ligne et je me suis dit « Allez tu mets tout » et ça a marché.

Qu’est-ce que ça procure de passer une nouvelle fois la ligne le premier ?

On dit jamais 2 sans 3 alors c’est fait, je suis trop content !

Une fête qui appelle la coupure pour SarrouUne fête qui appelle la coupure pour Sarrou | © ROC D’AZUR

A présent la réaction de son manager et pas n’importe quel manager puisque ce n’est autre que Julien Absalon le double Champion Olympique :

Jordan clôture superbement la saison, il a été régulier durant toute la saison, du début à la fin et il le prouve sur cette dernière course au Roc d’Azur. Je suis très satisfait de lui et maintenant il va pouvoir couper un peu, se reposer et se tourner rapidement vers 2020 et les Jeux Olympiques.

Un duo de vainqueur Absalon-SarrouUn duo de vainqueur Absalon-Sarrou | © Julien Absalon

C’est important pour vous en tant que team manager d’avoir des coureurs qui brillent pour les sponsors ?

Oui tout à fait, c’est sur que c’est gratifiant d’avoir de beaux résultats. Il y a les Coupes du Monde pour les courses internationales mais le Roc d’Azur reste un mythe, que je n’ai jamais gagné d’ailleurs (rires) donc premier Grand Roc pour le team Absolute Absalon.

Une saison parfaitement clôturée par Jordan ?

Oui totalement, c’est super ! J’ai senti Jordan très motivé, très concentré ces dernières semaines pour rester en forme jusqu’au Roc. Il tenait à bien clôturer sa saison, à marquer les esprits et c’est fait. C’est quelqu’un de super, de très sérieux, il m’a étonné tout au long de cette saison de par sa détermination, son mental et son sérieux.

On a cru comprendre que même après le Test Event il n’avait pas débranché dans l’optique de ce Roc d’Azur ?

Oui voilà, c’est pas évident de répondre présent aux sollicitations sur le salon et de rester concentré mais il a réussi et a été performant aujourd’hui.

Si on tire un bilan de cette première saison, que dirais-tu ?

On a eu chez les Espoirs quelques pépins de santé avec Axel et Thomas sur la fin de saison mais Jordan, le leader de l’équipe a vraiment fait le job et termine la saison avec un podium au général de la Coupe du Monde et meilleur Français donc c’est vraiment super. Je pense qu’il se sent bien dans l’équipe, on est parvenu à bien l’entourer, à le mettre dans de bonnes dispositions pour qu’il s’exprime pleinement.  

C’était un pari en début de saison et on peut dire que c’est un pari gagnant ?

Oui c’est sur, pari gagné. Maintenant il faut continuer à faire grandir l’équipe et à franchir des paliers également.

Que peux-tu annoncer pour 2020 en termes de nouveaux partenaires et pilotes ? 

J’aurais aimé pouvoir communiquer cette semaine mais c’est un peu juste, donc il faudra attendre 10 jours de plus pour pouvoir annoncer de nouvelles choses. En tout cas l’objectif est de franchir un palier l’année prochaine et un suivant en 2021 pour devenir une équipe vraiment solide.

Tu voudrais être dans la peau du sélectionneur pour les Jeux Olympiques de 2020 ?

Je n’aimerais pas du tout être à sa place, après heureusement pour lui, il ne sera pas tout seul pour choisir les deux pilotes. C’est un casse-tête énorme puisque les 5 (Koretzky, Sarrou, Tempier, Carod et Marotte) sont très proches l’un de l’autre et il y a des critères minimums mis en place. Pour l’instant deux pilotes les ont atteints (Tempier et Marotte) mais à l’image de Jordan qui fait une saison extraordinaire avec une régularité énorme, ça va être vraiment très dur de choisir. Malheureusement il y aura des déçus parce que 2 places c’est pas assez pour une nation comme la France.

Tu vas changer des choses au niveau de l’inter-saison en vue de cette qualification ?

Oui forcément, Jordan va devoir se concentrer pour décrocher cette sélection lors de la première manche de Coupe du Monde à Nove Mesto. Donc il y aura un pic de forme programmé pour cette date.

 

Par Jade WIEL