Tropardy… Voilà un nom qui devrait parler aux passionnés de VTT du début des années 2000. A l’époque, c’est Romain Tropardy qui portait les couleurs du Team Bianchi-Atlas managé, déjà, par Michel Hutsebaut. Dix ans plus tard, il y aura à nouveau un Tropardy dans l’effectif de la structure BH-Suntour. Comme si l’histoire se répétait, Arthur suit les traces de Romain avec passion, fougue et détermination… en la mémoire de son frère.

Arthur, comment as-tu débuté le cyclisme ?
J’ai 18 ans, je suis originaire d’un petit village perdu dans la campagne du nom d’Auzouville-sur-Saône, et j’habite dans le pays de Caux en Normandie. Actuellement, je suis en deuxième année dans une prépa intégrée à une école d’ingénieur (INSA Rouen). J’ai débuté le cyclisme il y a maintenant onze ans. A force d’aller sur les courses pour voir mon frère, j’ai eu envie d’essayer et depuis je n’en suis jamais sorti.

Quels sont les résultats majeurs de ta jeune carrière ?
J’aime le VTT, que je pratique depuis de nombreuses années. J’ai commencé par les TNJV (dix au total) avec des victoires en Minimes, sur le cross lors du TNJV à Guéret, lors du Championnat de Normandie. En cadet 2ème année, j’ai terminé 10ème du Championnat de France, 2ème du cross du TFJV et 2ème du général du TFJV. En 2008, j’étais alors Juniors 1re année, je termine 13ème de la finale de la Coupe de France à Chamonix. Cette saison, je me suis classé 11ème au classement général de la Coupe de France, 11ème au Championnat de France, j’ai remporté deux titres de champion de Normandie (individuel junior et relais), et j’ai eu le plaisir de remporter la course Open Juniors à Houffalize, lors de la Coupe du Monde.

Quels sont les résultats que tu retiendras particulièrement ?
Il y a deux résultats dont je me souviendrai toujours. Celui du podium du TFJV car c’était un rêve que j’avais dès mes débuts en Poussin. Ensuite mon podium à Houffalize car même si je n’ai pas pu courir avec les meilleurs de ma catégorie, c’est toujours très motivant d’entendre son nom sur une Coupe du Monde.

En 2010, tu porteras les couleurs du team BH-Suntour. Comment es-tu entré en contact avec cette structure ?
En fait, le contact s’est fait car je connaissais un peu Michel du temps où mon frère était dans son team. En plus de ça, Laura Metzler, que je connais bien, m’a dit qu’il y aurait du changement pour la saison 2010 alors je me suis dit pourquoi ne pas essayer, je n’ai rien à perdre au contraire. Et c’est ainsi qu’après avoir envoyé mon CV à Michel j’ai eu une réponse favorable. Pour ce qui est des résultats, je ne saurais pas trop quoi dire, je pense que Michel m’a choisi pour ma régularité, pour le fait que je n’abandonne jamais une course même si j’ai des ennuis mécaniques. Je lui ai aussi fait part du fait que mon année 2009 aurait pu être meilleure si je n’avais pas eu tous ces ennuis mécaniques : bris de chaîne à Pernes-les-Fontaines et au Roc d’Azur, mauvais choix de pneus et plus de petit plateau au Championnat de France… A chaque fois que je me retrouve à remonter sur les premiers, un ennui arrive !

L’an prochain, tu seras en 1re année Espoir. Michel Hutsebaut et toi vous êtes-vous fixés des objectifs ?
Michel m’a dit que la mise en place d’objectifs sera faite en début d’année lors d’un stage avec le team. Selon moi ces objectifs seront les Coupes de France et le Championnat de France. Pour l’instant, je ne fais que préparer ma prochaine saison avec mon entraîneur Gilles Mariaziewiech, en qui j’ai une totale confiance. Après, pour ce qui est de mes objectifs personnels, je souhaite faire une belle première année Espoir sans pour autant brûler les étapes. Ce que je souhaite le plus c’est m’amuser tout en faisant de bons résultats.

En dehors du VTT, pratiques-tu d’autres spécialités du cyclisme ?
Non, sauf si elles rentrent en compte pour mon entraînement, tout particulièrement les courses de route que je fais avec des amis de mon club. Ce week-end, je vais faire le Championnat de Normandie de cyclo-cross. J’y vais surtout pour me tester et m’amuser car je ne me suis pas encore beaucoup entraîné, du moins pas en vélo, et aussi parce que c’est ma première course avec un vélo de cyclo-cross.

Tu as brusquement perdu ton frère Romain en octobre. Il était membre en 2000 du team Bianchi-Atlas managé par Michel Hutsebaut. En suivant sa trace, c’est un peu lui rendre hommage…
J’étais sur le retour du Roc d’Azur quand j’ai appris la nouvelle. Cela faisait deux semaines qu’il était dans le coma suite à un étouffement qui avait entraîné un arrêt cardiaque de plus de huit minutes. Je pensais m’être fait à cette éventualité mais je ne voulais pas trop y croire et c’est arrivé. Avant que cela n’arrive, il s’intéressait à mes résultats et demandait ceux des coureurs avec qui il roulait à l’époque. Il avait essayé de s’y remettre mais il avait d’autres occupations en tête avec ses études de philo et de psycho. Désormais, je m’en suis remis, même si dès que je monte sur un vélo je pense à lui. Cela ne me chagrine pas, au contraire, maintenant cela me donne encore plus envie de continuer.

Quel regard portes-tu sur sa carrière ?
La carrière de mon frère reste gravée dans ma mémoire de par ses résultats et de par la hargne qu’il y mettait. Je me compare souvent aux résultats qu’il faisait à mon âge même si je ne devrais pas car le contexte et nos entraînements ne sont pas les mêmes. Lui faisait toujours tout à fond, parfois trop je pense, alors que moi, j’ai moins besoin d’entraînements, je me prends moins la tête même si j’attends toujours le résultat qui confirmera les efforts que je mets lors de mes séances.

A plus long terme, quels sont tes objectifs ?
Pour ce qui est de l’avenir, j’espère un jour réussir à me hisser parmi les cinq meilleurs français de ma catégorie. Pour y arriver, je compte beaucoup sur cette année en Espoir où j’aurai beaucoup plus de temps pour m’entraîner car les études me laissent du temps libre. Au sein du team BH-Suntour, je serai dans d’excellentes dispositions pour y arriver. Qui sait, un jour, je serai en forme et il n’y aura pas de malchance pour m’empêcher d’accéder à un podium national, peu importe lequel.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec le 4 décembre 2009.