Fabien, si l’on doit résumer, on a l’impression que tu es devenu un crossman qui fait du VTT à défaut d’être un vététiste qui fait du cyclo-cross…
J’ai quand même dix années de VTT derrière moi et seulement deux années de cyclo-cross. On peut encore parler de moi comme un vététiste. Mais cette année, ce sera beaucoup de route. Je ne sais pas encore ce que je peux faire en VTT. Ça dépendra des trous dans mon calendrier avec l’Armée de Terre. J’espère pouvoir rejoindre le team pour passer de bons moments avec l’équipe.

La route aura donc ta priorité avec l’Armée de Terre ?
Clairement ! On est maintenant en Continental. J’ai de belles courses qui sont prévues. Je reprendrais ce week-end sur une Elite Nationale, malgré le peu de foncier que j’ai actuellement. À la fin du mois, je serai sur le Tour de Normandie. Je ne connais pas mon programme longtemps à l’avance. C’est pourquoi je ne peux pas dire si je serai sur telle ou telle manche de Coupe de France VTT. Ça vaut même pour les Championnats de France.

Dans la mesure où tu aurais le choix, à quelles épreuves souhaites-tu participer en VTT ?
Je vais m’axer sur les manches de Coupe de France et les Championnats de France. Prioritairement sur le XCO. L’Eliminator n’est pas vraiment une discipline. C’est la kermesse la veille de la course qui permet de se confronter, qui permet de meubler le week-end et qui occupe tout le monde.

Ton frère Émile qui rejoint le team Look-Beaumes-de-Venise estimait que l’avenir était plus au cyclo-cross qu’au VTT. Partages-tu son avis ?
Financièrement, pour s’en sortir aujourd’hui il y a plus d’opportunités en cyclo-cross et sur la route qu’en VTT. On voit très bien que peu de jeunes arrivent à gagner de l’argent en VTT malheureusement. Si on veut vivre du vélo, c’est mieux de se tourner vers d’autres disciplines à moins d’être le meilleur des meilleurs.

Dès lors, que cherches-tu en VTT ?
Le VTT, c’est la partie plaisir. C’est de retrouver tout le Team Look-Beaumes-de-Venise et son ambiance familiale. Financièrement, il n’y a rien en jeu. Je viens donc sur les courses en étant détendu, sans pression, juste pour passer un bon moment et retrouver les collègues que j’avais l’habitude de côtoyer avant.

Si tu devais te situer dans la hiérarchie française, où te placerais-tu ?
Je ne me situe plus par rapport aux Julien Absalon, Maxime Marotte ou aujourd’hui Jordan Sarrou. J’ai dû les voir trois fois l’année dernière ! J’ai un œil extérieur sur les courses. J’y viens juste pour le plaisir. J’ai des ambitions comme tout le monde parce que je suis un compétiteur et que je ne prends pas le départ d’une course pour terminer 40ème. Mais je sais que le podium n’est plus accessible si tout le monde est présent.

L’hiver vient de se terminer. Ta saison de cyclo-cross s’est conclue par une 14ème place au Championnat du Monde, soit le premier français.
Ce n’est pas quelque chose de remarquable. Ça ne reflète pas le niveau que Francis Mourey peut avoir en cyclo-cross. Je suis content de cette place malgré un début de course difficile mais elle n’a rien changé pour moi. Je ne vais rien changer dans mon programme. Je continuerai de disputer les Coupes du Monde et les événements internationaux. Il est clair que le cyclo-cross est devenu LA discipline. C’est là où je me fais plaisir. Je découvre un autre univers.

Comment juges-tu ta progression depuis deux ans ?
Personnellement je suis plus que content ! Il y a deux ans, je faisais 13ème d’un Championnat de France. Cette année, je termine 14ème d’un Championnat du Monde. Je pense que le Top 10 sera accessible en Coupe du Monde l’année prochaine. Je l’espère et je vais travailler pour ça, notamment pendant la saison de route. Une évolution est encore possible. C’est plus que positif.

Ta première victoire UCI à Lutterbach confirme-t-elle que tu es sur cette voie ?
Non, que ce soit UCI ou pas, ça ne change pas grand-chose. Tout dépend du niveau. C’est toujours plaisant de gagner, surtout une course internationale, mais ce n’est pas plus marquant que cela. Le podium aux Championnats de France l’année dernière l’a été beaucoup plus. Cette année, je me suis fait plaisir sur les Coupes du Monde en me frottant aux meilleurs. J’espère que le plaisir sur les Coupes du Monde sera le même que la saison dernière.

L’Armée de Terre est passée sur Cipollini le 1er janvier. Cela a-t-il eu une incidence sur ton matériel en fin de saison ?
Non, je n’ai pas changé de vélo. Sauf si un partenaire vient me voir, je continuerai de rouler en GIRS avec des roues American Classic, mes partenaires actuels.

On en est loin, mais comment appréhenderas-tu ta fin de saison de route pour préparer ta saison de cyclo-cross ?
Je terminerai ma saison sur route au mois de juillet, normalement au Tour d’Alsace. Après une coupure, j’essaierai de participer à une course par étapes avec l’Armée de Terre pour préparer la saison de cyclo-cross en accumulant du foncier. La Coupe du Monde de cyclo-cross reprend le 15 septembre à Las Vegas. Est-ce que j’aurais le budget pour y aller ? Je ne pense pas. Je reprendrai peut-être en Suisse, je ne sais pas encore. Je suis intégré à l’effectif de l’Armée de Terre, mais en cyclo-cross, c’est moins évident pour eux de suivre les coureurs. Ça réclame un gros budget, surtout avec les Coupes du Monde américaines.

Propos recueillis à Beaumes-de-Venise le 28 février 2015.