Michel, comment définiriez-vous l’intersaison du team BH-SR Suntour Peisey Vallandry ?
L’hiver a été assez compliqué. Plus j’avance et plus je trouve que c’est compliqué, d’une année sur l’autre. Il faut dire que le contexte économique qui nous entoure entretient cette complication. Les marques sont de plus en plus frileuses, les fournisseurs aussi. C’est un peu plus dur. Et je n’évoque pas le volet financier ! Nous avons passé un gros palier cet hiver afin de garder Maxime Marotte et Julie Bresset au sein de notre effectif. Il a donc fallu monter le budget. Autant dire que notre hiver a été très occupé.

Sur quelles proportions a-t-il fallu augmenter le budget ?
Il a quasiment doublé ! Pour pouvoir garder Max et Julie, nous l’avons presque multiplié par deux.

L’un comme l’autre est pressenti pour une sélection olympique, y a-t-il eu beaucoup de surenchère sur ces deux pilotes ?
Par rapport à l’an passé, il y a effectivement eu beaucoup de surenchère de la part de teams concurrents, surtout sur Julie Bresset. Elle a été sollicitée par de très gros teams, et ceci très tôt dans la saison, dès la manche d’Offenburg en mai 2010. On a assisté à une véritable chasse à Julie Bresset. Après les performances de Max à Champéry, de nombreux teams se sont rapprochés de lui également. Ils ont finalement fait le choix de la fidélité, de l’encadrement et de la stabilité alors qu’ils avaient reçu de bien meilleures propositions financières. On verra en fin d’année s’il faut encore se battre pour les conserver…

Julie Bresset a retrouvé son meilleur niveau, comment la sentez-vous physiquement ?
Nous n’avions pas prévu qu’elle soit à son top en début de saison. Nous avions prévu qu’elle soit au meilleur de sa forme pour la première manche de la Coupe du Monde à Pietermaritzburg (NDLR : Julie Bresset a terminé 2ème), après une grosse phase de préparation. Nos objectifs sont avant tout internationaux avec nos deux leaders.

Comment les autres pilotes acceptent cette hiérarchie ?
Ils sont très contents, tous derrière Maxime et Julie. Laura Metzler et Hélène Marcouyre couvent Julie Bresset. Elles s’occupent d’elle comme si c’était leur sœur. Et Max, c’est la vedette auprès des garçons. C’est aussi ce qui fait qu’ils sont restés avec nous. Je pense aussi que grâce à cela nos autres coureurs vont obtenir des résultats intéressants. Un garçon comme Arnaud Grosjean s’est préparé comme jamais il ne l’avait fait afin de pouvoir être près de Maxime Marotte en course. De notre côté, nous faisons notre maximum du côté matériel. Nous avons un mécanicien et un masseur en plus.

Est-ce à dire que vous allez délaisser le calendrier national ?
Non, pas pour autant. Maxime Marotte est un compétiteur. Quand il prend le départ, quelle que soit la course, c’est pour donner le maximum, pas pour se ménager. Julie Bresset est devant naturellement. La différence c’est que ce ne sont pas des objectifs majeurs pour nous. Nous n’avons pas misé sur telle ou telle Coupe de France. Si on la gagne tant mieux mais l’objectif reste l’international et les Championnats du Monde.

Aujourd’hui, une victoire de Julie Bresset en Coupe du Monde semble plus que réaliste ?
Pour nous oui mais pas pour elle. Elle ne se voit pas gagner en Coupe du Monde mais son entraîneur et moi y croyons.

Et Maxime Marotte ?
Nous visons des places régulières autour de la 10ème. Dans un grand jour, sur un circuit qui lui va bien, on peut envisager un Top 5.

Croyez-vous à une grosse remise en question de la hiérarchie nationale en cette année préolympique ?
Je ne crois pas. Je pense que Julien Absalon est toujours nettement au-dessus. Ensuite, Stéphane Tempier va faire une grosse année à mon avis car il arrive en pleine force de l’âge. Je ne crois pas que la hiérarchie va beaucoup bouger cette année mais nous n’en sommes qu’au début de la saison et il y a des surprises tous les ans.

Où placez-vous le Championnat de France parmi vos objectifs ?
Il reste l’objectif de l’année. Depuis que je suis team manager ça a toujours été l’objectif. Tous les coureurs le savent : ils doivent tous arriver au meilleur de leur condition aux Championnats de France. Ce sera un peu plus compliqué cette année car nous rentrerons de quinze jours aux Etats-Unis.

On a découvert les premières images du parcours des Jeux de Londres, quel est votre premier sentiment ?
Très curieux, je ne m’attendais pas à voir un truc comme ça. On nous avait dit que ce serait roulant mais c’est plus que cela ! Faire de grandes allées en dur, c’est bizarre. Pourquoi l’UCI laisse-t-elle faire ça aux Jeux Olympiques ? Nous verrons le 23 mai s’ils sont prêts à modifier quelque chose ou non. A Pékin, on sait que c’était nul l’année d’avant et très bien pour les Jeux. La volonté sera-t-elle là ce coup-ci ? J’ai un doute.

Avez-vous prévu d’en débattre avec les autres teams ?
A titre personnel pas du tout. Je pense que c’est d’abord aux entraîneurs et sélectionneurs nationaux de faire le travail. Je suis team manager, je ne peux pas faire grand-chose. Si mes coureurs sont aux Jeux Olympiques, ce sera sous le maillot de l’équipe de France. C’est donc d’abord aux fédérations de lancer le mouvement, à un coureur de poids comme Julien Absalon éventuellement, mais moi je ne pourrai qu’adapter le matériel si rien ne bouge.

Craignez-vous que le VTT devienne du cyclo-cross estival à la longue ?
Ce n’est même pas du cyclo-cross. Le circuit présenté à Londres, c’est presque de la route rapide. Nous avons surtout peur que la commission VTT de l’UCI, qui est dirigée par un Belge ancien routier et cyclo-crossman nous fasse quelque chose qui avantage les coureurs belges.

Propos recueillis à Saint-Raphaël le 2 avril 2011.