Pauline, tu sembles de plus en plus populaire, mesures-tu cette hausse de ta popularité au fil des années ?
C’est vrai que je le ressens tout doucement. J’ai pu le constater dès mon arrivée sur le Roc d’Azur, un mois après mon deuxième titre de championne du monde Juniors de cross-country. Ca fait plaisir de voir qu’autant de gens me connaissent et me soutiennent. C’est encourageant.

Un mois après ton second titre mondial de VTT et avant d’entamer la saison de cyclo-cross, quelles sont tes sensations ?
Ca va bien. J’ai fait trois semaines de coupure. J’en ai vraiment profité pour me reposer et faire des trucs que je n’ai pas l’habitude de faire. J’ai repris l’entraînement il y a deux semaines en vue de la saison de cyclo-cross, que je vais entamer dimanche avec une petite course régionale puis je passerai à l’échelon supérieur avec la manche d’ouverture du Challenge National à Saverne.

Si l’on revient sur ta saison 2010, comment la juges-tu ?
Très bien, forcément. Mon objectif principal, c’étaient les Championnats du Monde sur route. J’ai terminé 2ème du contre-la-montre et remporté la course en ligne. J’étais vraiment super contente. La cerise sur le gâteau, ce sont les Championnats du Monde de VTT au Canada. Je suis parvenue à défendre mon titre pour le conserver donc c’est génial.

Ce second titre mondial à VTT, c’était une surprise ?
Une surprise, oui et non. Beaucoup de monde pensait que sur un circuit aussi technique je n’y arriverais jamais. Mais je pense que c’était surtout dans la tête que j’étais costaude ce jour-là, et que c’est avec le mental que j’ai gagné le titre.

Tu quittes la catégorie des Juniors avec brio, comment vois-tu l’avenir à présent ?
L’avenir, il passera d’abord par les trois disciplines que j’ai toujours pratiquées : la route, le VTT et le cyclo-cross. Mon entraîneur Gérard Brocks gère très bien mon programme donc ça devrait aller. Je vais aussi changer d’équipe de VTT pour rejoindre le Team Lapierre. Le team va me laisser faire route et VTT en même temps, c’est un plus pour moi. Je pense que ça devrait bien se passer avec Alexis Vuillermoz et Thomas Lapeyrie.

Qu’est-ce qui t’a plu dans le projet du Team Lapierre ?
Justement le fait qu’ils me laissent poursuivre ma carrière sur route et VTT. Je vais aussi pouvoir bénéficier d’une assistance technique sur les courses. Cette année j’étais un peu seule et c’est dur. C’est ma mère qui me massait, qui jouait les mécanos, ce n’était pas évident. Là, en plus d’avoir une assistance technique, je vais aussi avoir du bon matériel.

Cette année 2010 à devoir tout gérer seule, c’était finalement trop dur ?
Oui, du coup je n’ai pas fait beaucoup de courses de VTT. Je suis allée sur la Coupe de France de Superbesse et je n’y ai pas pris du tout les bonnes roues. Je n’avais même pas de pneus pour faire la course alors il m’a fallu démarcher des teams pour leur en demander. Je n’aimais vraiment pas devoir faire ça. Maintenant, avec une vraie structure, ce sera plus simple.

On t’a souvent demandé de faire un choix entre les trois disciplines sur lesquelles tu es présente, mais il semble que ce choix soit trop dur à faire…
C’était impossible à faire, et je n’aurais pas su le faire de toute façon. Et puis je pense que ce sera mieux pour moi, dans la tête, de continuer les trois disciplines. Je veux faire ce dont j’ai envie et j’en ai justement envie. Après, avec un programme bien adapté, je pense pouvoir y arriver.

Que vas-tu viser pour ta première année chez les Espoirs ?
En VTT, j’aurai des ambitions sur les Championnats de France et d’Europe. Sur la route, ça devrait être la même chose : Championnat de France et Championnat d’Europe. Les Championnats du Monde, j’y pense aussi, mais il faudra voir si je suis sélectionnée. Les Mondiaux sur route auront lieu au Danemark et apparemment le circuit est tout plat. Il y aura peut-être davantage de place pour les sprinteuses.

2012 et les Jeux Olympiques, c’est déjà demain. Là aussi il y aura des places à prendre à la fois sur route et en VTT, comment abordes-tu cette échéance ?
L’objectif serait pourquoi pas d’être sélectionnée sur les deux tableaux, à voir si c’est jouable. Aller à Londres dans les deux disciplines me plairait, sachant qu’il y a deux jours d’écart entre les deux compétitions, donc c’est faisable à mon sens.

N’est-ce pas trop exigeant de se donner à fond dans trois disciplines ?
J’essaie de vous prouver le contraire ! C’est vrai que c’est un challenge mais je continuerai à essayer de le relever. Je pense que ce sont des disciplines complémentaires. Chacune m’apporte quelque chose pour l’autre. Maintenant, on verra bien au bout d’un an chez les Espoirs. Si je vois que ce n’est pas gérable, que je n’y arrive pas, je serai obligée de faire un choix c’est sûr. Si je vois que je me plante carrément je serai bien obligée de me réorienter vers quelque chose d’autre.

A quoi ressemble une semaine-type de Pauline Ferrand-Prévot ?
Je m’entraîne essentiellement sur la route en réalité. Le VTT, je n’y touche qu’une fois toutes les deux semaines. C’est donc beaucoup plus rare. Mon entraîneur Gérard Brocks tient à ce que je fasse du renforcement musculaire, que j’aille à la piscine, que je coure à pied. Il tient vraiment à cette préparation physique tout au long de l’année. Je ne fais donc pas que du vélo, je ne m’abrutis pas non plus à rouler des heures et des heures et j’essaie de changer un peu, de me faire plaisir.

A côté de tes deux titres de championne du monde, sur route et VTT, tu as obtenu ton baccalauréat. Vers quelles études t’orientes-tu à présent ?
Je rentre en première année de kiné, donc c’est vrai qu’il va aussi falloir travailler à l’école. Mais continuer l’école, je pense, va m’apporter un certain équilibre. J’ai eu mon bac Scientifique au mois de juin. Pour cela j’ai dû passer par les rattrapages car j’ai loupé beaucoup de cours, surtout avec la saison de cyclo-cross, car les stages étaient organisés pendant la période scolaire. Mais je suis déjà contente d’avoir mon bac, c’est l’essentiel.

Les études supérieures, le sport de haut niveau, ce n’est pas évident de conjuguer tout ça…
Ce n’est pas simple, d’autant que je n’ai pas choisi la filière la plus facile. Mais bon j’aime bien ce qui est difficile !

Propos recueillis à Fréjus le 9 octobre 2010.