Retrouvez, la deuxième partie de l’interview de Pierre Lebreton. Si vous avez loupé la première partie, cliquez ici.

L’année prochaine Jordan Sarrou va-t-il refaire une saison de route avec Saint-Étienne comme en 2017, ou alors va-t-il absolument se concentrer sur le VTT ?

C’était déjà la préparation VTT qui primait avec la possibilité de participer à quelques belles courses sur route. Pour nous la route est secondaire, après, si lui il veut faire des courses sur route on verra dans les semaines à venir, en fonction du calendrier. La logique pour Jordan ne serait pas de faire plus de route cette année, mais plutôt de garder le même rythme ou alors d’en faire moins. Après on a eu de bons échanges avec son club pour s’organiser, c’est important de le souligner.

 

Après Jordan Sarrou, comment analyses-tu la saison difficile de Victor Koretsky ?

Victor a fait une saison plus qu’exceptionnelle en 2016. Il a eu une année olympique donc la course pour la sélection, il a terminé ses études la même année, c’était une année de fou. Pour cette saison 2017, on était bien d’accord avec Michel qu’il lui fallait une saison sans pression. Il a presque pris deux années d’avance par rapport à sa génération. Il fallait qu’on le laisse souffler. On sait très bien que les athlètes de haut niveau sont tous à la limite et je n’en connais pas beaucoup qui n’ont pas connu une saison difficile. Pour moi, il a validé des choses très positives cette année. Victor a eu une année très difficile après une année de rêve. Il a su rester mobilisé et professionnel toute l’année. On a cherché et travaillé pour améliorer les choses, mais la coupure arrive à point. Cet hiver, il ne fera pas de cyclo-cross pour pouvoir se reposer.

Le fait d’enchainer le VTT et le cyclo-cross, est-ce que c’est un risque pour la saison suivant ?

Il faut voir comment c’est fait. L’an dernier Victor n’a pas fait beaucoup de cyclo-cross. Le VTT et le cyclo-cross sont deux disciplines très dures. Quand, on commence à faire du VTT au niveau international on voyage beaucoup, il y a du jetlag. Un coureur sain a tout juste le temps de récupérer entre le dimanche et le dimanche. On peut presque comparer deux manches de la Coupe du Monde à une course par étapes en termes de charges physiques. Faire une grosse saison de VTT et de cyclo-cross je n’ai jamais vu quelqu’un faire ça. Je pense, qu’il ne faut pas faire tous les hivers la même chose, c’est bien de varier. Par exemple, cet hiver Jordan n’a pas fait de cyclo-cross, et il ne s’est jamais senti aussi bien à la sortie de l’hiver.

Avec le renouvellement du contrat de Jordan Sarrou pour trois ans, êtes-vous dans la perspective de Tokyo 2020 ?

oui, le projet se construit dans la perspective de Tokyo 2020. Que cela soit avec les sponsors, les coureurs et nos stratégies diverses.

Vous aviez onze coureurs en 2017, combien allez-vous en avoir cette saison ?

Il y aura moins de coureurs, on va devoir se concentrer. L’effectif qu’on avait en 2017, ce n’était pas forcément mon choix initial. Rationnellement, c’est ce que devrait faire une équipe élite UCI, elle devrait être représentée dans toutes les catégories avec un pôle élite de haut niveau et derrière former de jeunes pilotes. Maintenant, il y a des réalités institutionnelles, par exemple l’UCI limite le nombre de coureurs à 10 par équipes. Il y a aussi des réalités culturelles, quand on discute avec un sponsor il reçoit aussi d’autres propositions venant de teams qui ont uniquement trois ou deux coureurs et il y a même des teams avec une personne. Dans les faits, c’est trois à six coureurs pour un team UCI élite, donc quand on discute pour des besoins matériels ou financiers, on se heurte à cette culture-là et à ce qui se fait traditionnellement. On a fait l’essai à onze, mais aujourd’hui on revient à six. Après si on a onze coureurs et qu’on a les moyens de pouvoir tout payer on le fait, sinon on se recentre sur moins de coureurs.

Dans l’idéal vous voulez autant d’hommes que de femmes ?

Oui, mais on a jamais vraiment pensé à ça, tout se fait naturellement. Je pense qu’en VTT on peut se vanter d’être un petit peu en avance par rapport à d’autres disciplines.

Vous avez annoncé le changement de nom du team, cela va entraîner une modification à la hausse du budget  ?

Il devrait être comparable. Après Kmc et Ekoï étaient déjà des sponsors, ils n’en remplacent pas d’anciens, ils s’organisent juste différemment. Les choses ont été simples, on travaille depuis un moment avec Kmc, on utilise les chaînes, mais on fait également du développement. Avec Ekoi, on développera peut-être plus les casques et les gants.

Une année post-olympique est-elle une année de transition ?

On se le dit après chaque J.O, mais dès la première coupe du monde tout le monde a les dents qui traînent par terre, il y a toujours de la bagarre. Après comme on est un team, une fois les J.O passés, il y a toujours des enjeux sportifs avec les Coupes du Monde, les Championnats du monde et de France.

Le retour de Julie Bresset, qu’en penses-tu ?

Ce n’est pas une grande surprise pour nous. Elle avait besoin d’une pause, Julie adore le VTT. C’est presque naturel qu’elle revienne, si elle se sent reposée et prête. Sinon, c’est une bonne nouvelle, il faut des filles en France.

Que penses-tu du relatif désengagement de BMC ?

Je ne veux pas parler sans bien connaître. Là, c’est des décisions économiques, c’est presque des décisions dont les teams sont tributaires et sur lesquelles ils n’ont pas de poids. Après ce n’est jamais bon, on aimerait être deux, trois équipes françaises au niveau UCI.

Julien Absalon crée son team, qu’est-ce que ça t’inspire ? L’année de trop peut-être ?

Je ne veux pas me poser en tant que commentateur. Je sais trop moi-même que la critique peut être aveugle, qu’elle soit positive ou négative. Je trouve que c’est naturel que Julien aille vers ça. Non, je ne pense pas que c’est l’année de trop pour Julien.

Ne manquez pas lundi prochain l’interview de Michel Hutsebaut le manager général du team Bh-SR Suntour- Kmc