Sabrina, si l’on revient un peu sur ta saison 2009, as-tu digérer la déception du Mondial australien ?
J’avais terminé 2ème du Mondial en 2008. Pour 2009, avec mon entraîneur Stéphane Girard, on avait vraiment bien préparé cet événement ! Six mois avant ce Mondial, je ne pensais qu’à cette course et tous mes entraînements étaient axés sur ce tracé. J’y suis arrivée prête, dans une forme optimale. Je n’ai pas pour autant négligé les Coupes du Monde, mais le Championnat me tenait vraiment à cœur. Mais j’ai eu la poisse… Je n’ai jamais connu le moindre problème technique cette saison, rien de rien. Je ne crève jamais, même pas lors des entraînements !

La course semblait pourtant bien se dérouler ?
J’effectuais un bon run, je prenais de la vitesse, puis j’ai crevé de l’avant. Je ne sais pas comment. Après une minute trente de course, il en restait autant à faire avec des portions de pédalage. Du coup, j’ai chuté dans le virage suivant à cause de cette crevaison. On a trouvé deux gros trous dans le pneu. Sur le coup, j’ai cru que je faisais un cauchemar, que j’allais me réveiller. Ben non ! J’étais dégoûtée. Emmeline Ragot gagne en 2’50, c’est un bon chrono, elle a fait un bon run mais selon mes temps lors des reconnaissances j’étais partie sur une base de 2’46. On ne saura jamais ce que j’aurais pu faire. La fin de saison a été compliquée car j’étais démoralisée, j’avais les nerfs de cette malchance.

Tu étais engagée à Schladming, dernière manche de la Coupe, avec un esprit de revanche ?
Non car j’ai gagné six manches d’affilée, je n’avais plus rien à prouver. Le général de la Coupe étais assuré. A Canberra, je n’ai pas eu de chance, il va me falloir attendre un an pour espérer reprendre ce maillot. A Schladming, j’y suis allée en détente, je n’avais quasiment pas touché au vélo depuis l’Australie, où j’ai pris quelques jours de vacances avec les copines. J’avais juste envie de prendre du plaisir, de m’amuser. Malgré tout, je suis mauvaise perdante donc j’ai quand même donné le meilleur de moi-même.

Malgré l’échec du Mondial, tu as réalisé une époustouflante saison où tu as largement dominé l’échiquier mondial…
La saison 2008 a été compliquée et décevante. Cette saison 2009 m’a donc satisfait pleinement malgré la grosse déception du Mondial. J’ai remporté six Coupes du Monde d’affilée, c’est génial ! J’ai passé une grande partie de l’hiver 2008-2009 entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie. On a bien bossé, c’était bien agréable. Malgré cela, je n’ai pas réalisé un super début de saison. En Afrique du Sud je n’étais pas en super forme, je termine tout de même 3ème mais loin, à plusieurs secondes. J’ai perdu mon grand-père quinze jours avant cette première manche et je n’ai pas pu me rendre aux obsèques car j’étais aux USA. Je pense que j’ai un peu trop voyagé avant. On a axé avec Stéphane une bonne préparation pour La Bresse et surtout du calme sans de longs déplacements. Ca m’a permis d’arriver sur cette manche reposée, toute neuve. Puis je voulais vraiment gagner en France, marquer le retour de la Coupe du Monde dans notre pays, et je l’ai fait ! A partir de là, je suis rentrée dans une bonne dynamique où j’ai abordé les Coupes du Monde en confiance, je n’avais jamais connu ça au paravent et c’est super.

Si tu devais retenir une course de ta saison 2009, pour la qualité de ta course ou l’émotion procurée, ce serait laquelle ?
Je dirais Fort William. Je gagne avec 9 secondes d’avance, c’est énorme ! J’étais au top de ma forme et je voulais gagner cette étape dès mon arrivée en Angleterre. Je me suis donnée à 100 % et j’ai réalisé un super run quand j’y repense !

Côté matériel, tu roules sur un Rocky Mountain, présente-nous un peu ton vélo. Es-tu une pilote qui est très pointilleuse sur les réglages ?
Pas du tout ! Mais alors pas du tout branchée mécanique et réglages ! Je gère au feeling et je me concentre sur le ressenti lors des reconnaissances. Je le dis au mécano et c’est lui qui bricole ! En 2009, j’ai roulé sur un prototype car le vélo d’origine, identique à celui de 2008, est super lourd. Rocky Mountain a fait de gros efforts pour l’alléger durant l’hiver et nous avons testé ce prototype. C’est un vélo classique, il n’y a rien de spécial, mise à part la couleur rose ! C’est pour me faire plaisir, je suis la seule fille dans le team. Je suis chouchoutée. Ma fourche Fox est entretenue et réglée par Christophe. Adam, le mécano, fait l’entretien classique et je n’ai jamais eu de soucis, c’est pleine confiance. L’incident du Mondial ne remet pas en cause ma confiance dans mon encadrement. Ma crevaison à Canberra, c’est la faute à pas de chance.

La Coupe du Monde de DH est enfin revenue en France, à La Bresse. Pourquoi a-t-il fallu attendre autant de temps selon toi ?
Je sais pas. Cette course, c’était vraiment génial ! L’organisation a été parfaite malgré le tout petit souci des navettes, mais c’est un détail. La piste a été appréciée par les pilotes. Je regrette qu’il n’y ait pas plus de manches de Coupe du Monde en France, plus régulièrement. On a du potentiel, on dispose de superbes pistes, certainement des plus belles pistes mondiales si on le voulait. C’est dommage.

Comment se présente la saison 2010 ?
J’ai résignée avec mon team. Je n’ai pas cherché ailleurs, je suis bien avec eux, au sein de cette structure, depuis mon arrivée il y a deux ans.

Quelle analyse tires-tu des résultats français sur la Coupe du Monde 2009 et comment perçois-tu le niveau national ?
Niveau fille, on a dominé la Coupe du Monde cette année. Chez les hommes, ça a été plus compliqué, car Fabien Barel s’est blessé en début de saison. Sur le circuit national, je suis un mauvais exemple car j’y suis peu voire jamais. Je dispute quelques courses régionales chez moi mais je suis très rarement sur les Coupes de France. C’est trop la galère, il y a trop de monde, pas assez de plages horaires pour s’entraîner, et mes sponsors ne me paient pas les déplacements sur les Coupes de France. Je n’ai pas envie de me déplacer à mes frais sur ces courses-là pour galérer un week-end… C’est dommage, car comme je l’ai dit, c’est ici que nous avons les meilleurs circuits.

Que faire pour redynamiser la Coupe de France de descente ?
Selon moi, il y a de gros efforts à faire. Avant, les meilleurs pilotes internationaux venaient se tester, c’était super ! A présent, le niveau a baissé et c’est dommage. Il y a du potentiel et des choses à faire. Mais ce sont de belles courses pour découvrir la descente et s’aguerrir. J’ai commencé là mais je remercie mon team, mon entraîneur Stéphane et ma famille de m’avoir soutenu et permis d’accéder au très haut niveau, où j’évolue actuellement. Ils ont du mérite de me supporter, car je suis casse-pied sur les courses !

Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec.