Miguel Martinez au micro de Velo101Miguel Martinez au micro de Velo101 | © VFP

Nous sommes à l’orée de l’année 2019. Quelle est votre actualité ? Avez vous re-signé avec O2Feel  ?

Oui, tout à fait. Suite aux championnats de France 2018 où je termine troisième derrière Julien Absalon, j’ai décidé de poursuivre ma lancée sur vélo électrique. Cette année, il y a le premier championnat du monde de l’histoire qui aura lieu à Mont-Saint-Anne (Canada), fin août. J’essaye de tout anticiper pour avoir un vélo performant, et être, je l’espère, un des pionniers des premières courses de VTT électrique. On ne sait pas comment va se développer cette discipline mais c’est une nouvelle voie qui me plait bien. 

Comment êtes vous tombé dedans ?  

O2Feel m’avait déjà contacté en 2011, quand j’avais arrêté ma carrière. J’étais un peu septique, au départ, avec l’assistance électrique. J’étais bien plus proche du cyclisme traditionnel auparavant. Mais les championnats de France m’ont donné envie d’essayer. Dès les premiers tours de roues et sur un circuit technique de XCO, j’ai adoré. J’ai retrouvé des sensations, avec la vitesse notamment. Il faut allier technique, rapidité et anticipation, avec un vélo qui est beaucoup plus lourd. Il y a des paramètres à gérer en plus. J’ai retrouvé cette adrénaline et c’est ce qui me donne envie de continuer. 

Imagineriez-vous un Cross-Country Marathon, où la gestion de la batterie serait primordiale ?

Lors de la Transmaurienne l’année passée, on avait des étapes où il fallait gérer la batterie car il y avait un gros dénivelé. Lors des quinze dernières bornes, j’étais à sec et il a fallu que je gère. Et finalement, j’ai réalisé cinq kilomètres sans assistance. C’est quelque chose que j’adore. C’est un bon concept car des coureurs vont partir plus ou moins vite, et vont devoir gérer leur vélo. C’est quelque chose qui mériterait de voir le jour. 

Miguel Martinez se tourne vers l'électriqueMiguel Martinez se tourne vers l’électrique | © VFP

Lancez-vous un appel à la fédération ? 

Oui, en quelque sorte. J’aimerais bien qu’on avance là-dessus. C’est un mode rando qui nous permet d’aller loin. On peut faire du fort dénivelé tout en gérant son autonomie. Je pense que ça peut avoir un grand avenir. Il faut lever la tête du guidon. La batterie peut se consommer beaucoup plus vite que prévu, en fonction du dénivelé, de la température, et du rendement qu’on demande au vélo. Si on prend un vélo avec un meilleur rendement au niveau des pneus, ça peut également avoir un impact sur 3-4 kilomètres. Il y a donc beaucoup de paramètres, ça ressemble presque à de la Formule 1. C’est pour cela qu’avec Julien Absalon, on adore en faire. On retrouve des paramètres millimétrés, où tout se joue sur des petites précisions. On adore !

Comment va se dérouler la sélection pour les championnats du Monde ? Avez-vous déjà des éléments de réponse avec la Fédération ?

Pour l’instant, c’est totalement en stand-by. J’ai un gros point d’interrogation à l’heure actuelle. Comment vont-ils se baser par rapport à des pays comme le Canada, où les normes sont différentes? La vitesse est limité à 25 miles, soit 33 km/h. Il y a également le problème du transport des batteries, car au Canada, il est interdit de transporter des batteries de 500 watts. Donc il faut en avoir sur place. Il y a également le problème de l’équité entre les vélos. Je suis l’ambassadeur d’une marque de cycle qui souhaite me voir rouler avec un vélo disponible à l’achat. Et certains VTTistes auront des vélos ‘’tunning’’ à 100%, qui ne seront jamais vendus sur le marché, avec un poids plus léger qui tiendra simplement pour la course. Et ils auront l’avantage de rouler avec 4 à 5 kilos de moins. Dans les montées, ils prendront 10 ou 20 secondes. Et la différence se fera peut-être sur le poids du vélo. Donc il y a beaucoup de paramètres, on risque d’avoir des surprises. Mais de toute façon, ça va dans la bonne direction. A un moment, tout cela se régularisera. Ca risque d’être décousu lors des premières courses, mais les acteurs de la discipline se réuniront par la suite pour aplanir la situation et définir les règles de cette nouvelle compétition. 

Vous venez du Cross-Country traditionnel. Quel est votre programme dans cette discipline pour l’année 2019 ? 

Je ne ferai pas de Cross-Country. Les seules courses que je ferai en vélo traditionnel seront des marathons. Je pars la semaine prochaine au Mexique pour faire la Survivor Bike, une course World Serie. J’enchainerai avec une deuxième course au Mexique, donc je resterai un bon mois la-bas, sur du VTT traditionnel. Pour l’instant, je roule sur mon vélo de 2018. Je n’ai pas de sponsor mais je suis tout de même en partenariat avec une marque de vélo électrique. Et ce n’est pas évident de mettre en phase les deux disciplines. J’aime les deux et je fais tout pour trouver un compromis avec mes partenaires. Je leur dis que j’aime le vélo électrique, mais que j’ai tout de même besoin de faire du vélo traditionnel.

Miguel Martinez la promotion de l'ElectriqueMiguel Martinez la promotion de l’Electrique | © VFP

Après le Mexique, quel sera le programme ?

L’objectif est d’aller faire les plus grosses courses marathon en Italie, avec les Dolomites notamment. J’ai un partenaire matériel qui est FRM. Ils sont prêts à équiper mon vélo. Le but est d’emmener des VIP la veille de compétition, de rouler avec eux pour ensuite faire la compétition le lendemain. 

Serez-vous sur la Forestière, le Roc d’Azur pour les marathons ?

J’aimerais bien. Mais on va voir comment va être développé le VTT électrique. J’ai fait la Forestière l’année passée en VTTAE, et je me suis fait plaisir. Tout le monde me disait que c’était impossible à faire avec une batterie et j’ai finalement réussi à faire 90 bornes. J’ai adoré gérer tous ces aspects du vélo électrique. 

Dernière question familiale. Votre fils a plutôt performé en Cyclo-cross. Que pouvez-vous nous en dire ?

Il s’appelle Lenny Martinez. Il fait du vélo depuis un an et il est en progression depuis ses débuts. Il a fait sixième au championnat de France de cyclo-cross. De plus, il est extrêmement bien entouré, avec mon frère pendant la semaine, mon père qui tient le rôle de coach mental, pour ne pas baisser les bras et anticiper les tactiques. Et puis moi qui suis présent pour lui apporter des infos et conseils sur le plan technique, en avant-course. Il a donc un entourage familial très intéressant. Pour l’instant, il ne gagne pas et j’en suis content car ça le pousse à progresser. Il a beaucoup de qualité que je n’avais pas à son âge. Il a beaucoup d’amis, de connaissances sur les réseaux sociaux. Moi j’étais beaucoup plus individualiste à ce niveau, je ne voulais que la performance. Lui, il aime s’ouvrir aux autres. Je sais qu’il sera performant, et en plus, il a cette fibre pour la communication. Il a envie de faire du vélo son métier. Il progresse doucement, mais surement. 

-PL