Partout, quelle que soit la Haute Route retenue pour défier les cimes, les cyclos auront dû s’employer pour venir à bout des éditions les plus sélectives jamais organisées. Tant sur la route que dans le ciel. Il aura fallu qu’un brouillard glacial enveloppe la beauté sauvage du Tourmalet sur la Haute Route Pyrénées, que la pluie s’abatte en ouverture de la Haute Route Alpes contrainte de modifier son parcours après le glissement de terrain de la falaise de la Berche. Et que le froid, la pluie et même la neige se conjuguent au moment d’affronter les plus hauts et plus impressionnants cols d’Europe dans la Haute Route Dolomites & Alpes Suisses.
Lancée l’an passé sur les modèles alpestres et pyrénéens, l’épreuve helvético-italienne proposait pour sa seconde édition un tracé renouvelé à plus de 50 % comprenant douze nouvelles ascensions et un dénivelé positif cumulé jamais atteint auparavant : 23500 mètres en sept jours et 900 kilomètres de Genève à Venise. Chacun aura à nouveau pu bénéficier des services et d’une organisation comparables à ceux offerts habituellement aux cyclistes professionnels. L’événement avait choisi de renouveler sa confiance aux villes-étapes de la première édition (Genève, Andermatt, Saint-Moritz, Bormio, Merano, Cortina d’Ampezzo et Venise), pour la qualité de services et d’infrastructures d’après-course, ce parcours pris dans le sens inverse donnant la possibilité d’affronter le versant opposé des cols empruntés un an plus tôt.

C’est que l’organisation, dont le niveau semble de plus en plus performant d’une année sur l’autre, les systèmes de bagages et de restauration étant maintenant parfaitement rodés, ne plaisantent pas avec la sécurité, au cœur de son dispositif. Et il aura fallu redoubler de vigilance par ces conditions climatiques difficiles, qui auront évidemment pesé sur les organismes et le moral. Pas question de renoncer à prendre le vélo en raison de la pluie ou du froid. Si chacun réagit différemment aux caprices de la météo, beaucoup auront dû se mettre un coup de pied aux fesses pour rouler et poursuivre sa progression dans cette véritable aventure humaine. Au mépris parfois du vélo plaisir.

Mais l’enjeu pour beaucoup était ailleurs. Dant cet esprit de challenge qui anime les Anglo-saxons majoritaires dans le peloton des Hautes Routes, chacun voulait goûter à la magie des Dolomites, dont le massif se veut minéral avec de belles falaises. Globalement, les cols y sont moins pentus que dans les Alpes. Légèrement moins longs aussi, on est ici dans le royaume du 10-15 bornes. Si les conditions climatiques n’auront pas toujours permis d’en savourer la beauté, le retour du ciel bleu, dimanche notamment au moment de rejoindre Venise par le Passo Giau, Forcella Staulenza, le Passo Duran et le Passo San Boldo, aura permis de découvrir des paysages hallucinants.

A propos de compétition, la victoire finale sera revenue à Loïc Ruffaut en 16h15’53 » devant Nicolas Roux (16h28’42 ») et David Polveroni (16h33’05 »).
Et à propos de défi, il faudra souligner au terme des trois semaines de Hautes Routes l’impressionnant challenge relevé par vingt-huit cyclos parvenus à enchaîner et boucler les trois Hautes Routes. Une Triple Couronne qui leur aura valu de parcourir 2500 kilomètres et grimper l’équivalent de sept ascensions de l’Everest en vingt-et-un jours seulement. Par des ascensions profondément ancrées dans l’histoire du cyclisme.