L’impossibilité de privatiser les routes tout un week-end l’an passé pour ce qui était la 1ère édition de Parix-Roubaix Challenge avait fait bien des déçus. Au lieu de cyclosportive, la version ouverte à tous de la reine des classiques avait pris le format d’une randonnée. Aucun temps ni classement n’avaient donc été retenus. Dimanche, l’affront a été lavé. Comme il était impossible d’organiser Paris-Roubaix et sa version cyclosportive le même week-end, les organisateurs d’Amaury Sport Organisation ont avancé d’une semaine la cyclo, sur le modèle finalement de ce qui est fait pour les Etapes du Tour au mois de juillet. Les intrépides concurrents, plus de mille au départ de Saint-Quentin (Aisne), sont venus voir de plus près à quoi ressemblait l’Enfer du Nord, osant se confronter au mythe sur 148 kilomètres dont 31,6 de pavés et dix-neuf secteurs pavés.

Tels des pèlerins en route pour la Terre Sainte, les coureurs forment une longue procession sur les premiers kilomètres du parcours. Un mélange de peur et d’excitation règne dans le peloton. Les visages sont crispés. A Troisvilles, kilomètre 38, c’est une autre course qui commence. Sur la reine des classiques comme sur la cyclo, c’est ici que s’annonce le premier secteur pavé. Tandis que les plus expérimentés tiennent le haut du pavé, les novices commencent à regretter les routes asphaltées. Bienvenue en Enfer ! Le premier secteur a déjà raison de certains : pépins mécaniques, bris de chaînes, crevaisons… Les véhicules d’assistance sont sollicités. Pour beaucoup, la route s’annonce très longue ! Le premier ravitaillement, à Saulzoir (km 60), offre aux audacieux un instant de répit. Les bouteilles d’eau et les barres énergétiques sont prises d’assaut.

Pourtant, le plus dur reste à venir. Les secteurs pavés sont de plus en plus rapprochés. Au bout de 89 kilomètres de course, les coureurs voient se dresser face à eux la légendaire Trouée d’Arenberg, interminable tranchée rectiligne de 2400 mètres au milieu de la forêt de Raismes-Saint-Amand-Wallers. La douleur se fait plus vive, les grimaces trahissent l’intensité de l’effort, mais la beauté du site donne à chacun un surplus de motivation dans sa quête du Graal.

Au Carrefour de l’Arbre (km 131), les spectateurs massés sur le bas-côté encouragent les amateurs comme ils le feront dans une semaine pour les champions de Paris-Roubaix. Petit à petit, la campagne nordiste laisse place à l’urbanisation de l’agglomération lilloise. Les coureurs sentent alors que le paradis est proche. Le vélodrome de Roubaix se profile. Un tour de piste et c’est la délivrance. A un train d’enfer, Nicolas Roux, 2ème à Saint-Flour et l’Alpe d’Huez sur les Etapes du Tour 2011, avale les 148 kilomètres du parcours en 4h20’00 » et soulève le pavé du vainqueur de Paris-Roubaix Challenge (interview à lire demain). Echappé à 80 kilomètres de l’arrivée, il relègue ses poursuivants Arnaud Auguste et Fabrice Paumier à près de dix minutes ! Chez les féminines, Karine Saysset en 4h42’09 » monte sur la première marche du podium.

Les concurrents en finissent de cette journée en enfer, un à un ou par petits groupes. Souvent attendus par leurs proches, ils doivent se livrer à un récit à chaud de leur expérience unique. Vient alors le temps, bien mérité, de la douche. Pourtant spartiates, les vestiaires du Vélo Club de Roubaix semblent pour les héros du jour, d’un confort absolu. Pour beaucoup, rendez-vous est déjà pris en 2013 pour renouveler l’aventure. En attendant, place à la course professionnelle dimanche !

Classement :

1. Nicolas Roux en 4h20’00 »
2. Arnaud Auguste en 4h30’04 »
3. Fabrice Paumier en 4h30’05 »
4. Jean-François Jégou en 4h30’12 »
5. Jérôme Minard en 4h30’12 »
6. Ludovic Blehaut en 4h30’12 »
7. Bertrand Lemaître en 4h30’13 »
8. Noam Louin en 4h30’13 »
9. Vincent Caplette en 4h30’15 »
10. Jeremy Piat en 4h30’16 »

45 et 1ère féminine. Karine Saysset en 4h42’09 »