A l’occasion de la Ronde Tahitienne, dont la 3ème édition aura lieu dimanche sur la côte est de Tahiti, Vélo 101 part à la découverte du cyclisme polynésien à travers une série de reportages consacrés au vélo du bout du monde.

S’aventurer en 4×4 à travers les paysages majestueux du cœur de Tahiti, nager au milieu de poissons exotiques multicolores, s’évader en catamaran pour un atoll paradisiaque au milieu du Pacifique… Il faut bien tout le dynamisme du Vélo Club de Tahiti pour mettre sur pied, à l’attention des participants venus de métropole et d’ailleurs, un séjour éblouissant mêlant judicieusement sport, découverte et culture. Parce qu’elle se dispute en Polynésie française, une destination dont la simple évocation est une invitation au voyage, la Ronde Tahitienne sait mieux que quiconque faire rimer cyclisme et tourisme. S’y rendre, c’est conjuguer deux passions, celles du vélo et des voyages. Et parce qu’on ne vient pas à Tahiti pour un week-end, l’organisation de la Ronde a donc conçu un package touristique des plus alléchants.

Avant d’être une Ronde, l’épreuve tahitienne prend donc d’abord l’apparence d’un trigone Tahiti-Moorea-Tetiaroa sous la forme d’excursions encadrées par les garçons et filles du VC Tahiti. « C’est cette formule qui m’a séduit, je n’aurais pas fait le déplacement seulement pour courir la cyclo, reconnaît Vivien Regnier, licencié au VS Mâcon et adepte des cyclos exotiques après une première participation à la Belle Martinique. Pour un prix attractif j’ai vécu trois journées formidables dans le cadre de mon séjour. »

Tout commence mardi avec une journée safari en 4×4 à la découverte de l’intérieur de l’île et de son écosystème. Le véhicule tout terrain s’engage dans la vallée inhabitée de la Papenoo par les flancs escarpés du versant ouest jusqu’aux limites de la caldeira. Quand la vallée s’ouvre sur les sommets qui bordent le cratère, après quelques passages à gué, ce sont des paysages grandioses qui s’offrent au groupe. Ici et là, de splendides cascades s’écoulent le long des à-pics vertigineux dont les flancs sont dominés par le maquis. L’une d’elle offre l’opportunité d’un bain rafraîchissant avant la halte déjeunatoire au refuge de la Maroto puis la découverte d’un marae, un sanctuaire religieux. Cette promenade à travers l’île est aussi l’occasion de découvrir des spots qui se prêtent à merveille à la pratique du VTT. A condition de ne pas se laisser intimider par les nombreux raidards qui se dressent à la verticale.

Mercredi, cap sur Moorea, l’île voisine de Tahiti. Quarante-huit heures après l’atterrissage à Papeete, l’heure est venue de voir comment les jambes répondent aux douze heures de décalage horaire ! Une sortie d’une soixantaine de kilomètres avec les gars du VCT permet de dérouler les jambes quatre jours avant la Ronde Tahitienne. Et de découvrir à vélo les baies de Cook et d’Opunohu, avant de bifurquer dans les terres pour aller chercher l’ascension du Belvédère, une belle bosse de 3,5 kilomètres sur une route étroite avec des passages à 13 %. Au sommet les jambes brûlent mais l’effort est récompensé par le panorama saisissant, à 240 mètres d’altitude, sur les deux baies aux tons turquoises que sépare le mont Rotui aux multiples dégradés de vert.

La sortie est rythmée et, à l’image de la Polynésie, ô combien conviviale. Ça roule bien, dans une chaleur humide que le vent qui balaie la côte n’atténue pas, et nos hôtes ne se lassent pas de partager avec nous des précisions concernant leur paradis d’espace. Le retard pris sur le bronzage cycliste est rattrapé en une sortie matinale, laquelle se conclut  à l’usine de jus de fruits. L’occasion de déguster un savoureux jus d’ananas et de rencontrer Jean-Michel Monot, un directeur passionné de vélo, organisateur le 1er novembre prochain de la TranX-Tahitienne, un Xterra tracé précisément dans la vallée de la Papenoo.

Après l’effort, le petit peloton embarque en pirogue pour rejoindre l’îlot du Lagoonarium, où il sera donné à chacun de nager avec les poissons multicolores, les raies… et les requins à pointes noires. Inoffensifs pour l’homme mais frissons garantis !

Pour se remettre de ces émotions, la dernière journée du package touristique de la Ronde Tahitienne invite les coureurs à embarquer à bord d’un catamaran pour deux bonnes heures à prendre les embruns chauds du Pacifique sud et rejoindre l’atoll de Tetiaroa et ses motu isolés du monde, que l’on n’atteint qu’en franchissant la barrière de corail avec la vague déferlante et au moyen d’une petite embarcation. Ou l’image du paradis terrestre telle qu’on se la préfigure : cocotiers, sable blanc, lagon aux eaux turquoises. Un espace préservé au beau milieu de l’océan colonisé par des oiseaux de toutes espèces.

Le vainqueur sortant de la Ronde, l’Australien Samuel Layzell, a rejoint le groupe. Il est arrivé vingt-quatre heures plus tôt d’Australie et porte tellement l’épreuve dans son cœur qu’il a préféré renoncer, un peu souffrant, à l’importante manche du Subaru National Road Series dimanche dernier pour aborder son rendez-vous avec la côte sauvage de Tahiti dans les meilleures dispositions.

Vivien Regnier, lui, compte bien accrocher sa roue le plus longtemps possible ce 1er juin. Il mettra à profit les deux journées à venir pour récupérer d’un intense programme cyclo-touristiques et reconnaître le parcours de la Ronde. « Si le package est absolument fantastique, il pourrait être judicieux de lui ajouter une reco du parcours, estime-t-il. J’irai tout de même rouler sur la côte est samedi à titre personnel. » Avant même le temps fort de son séjour tahitien, le jeune Bourguignon de 29 ans est d’ores et déjà comblé. « Ici les gens vous accueillent à bras ouverts. A mon arrivée dimanche dernier, une partie du club m’attendait avec des colliers de fleurs. Et comme ma chambre d’hôtel n’était pas tout à fait prête, le trésorier m’a invité chez lui après avoir pris soin de me faire visiter Papeete. J’ai pu me doucher, déjeuner, et son épouse m’a même appris la recette du thon cru au lait de coco. » Ça se passe comme ça à Tahiti !