La 24ème édition de l’Etape du Tour, lancée en 1993, a été une grande réussite et on peut penser que la très grande majorité des 11471 partants, hier matin entre 7h00 et 8h58, pile le moment où le dernier coureur a franchi la ligne de départ, n’auront qu’une envie : c’est de revenir et de faire venir d’autres acolytes pour se rapprocher du chiffre de 15000, comme annoncé par l’organisation. Ce chiffre, c’était avant. Avant les désistements liés au vélo, la maladie, les accidents (le team Scott-Vélo 101-Risoul, qui place deux coureurs dans le Top 15, peut en témoigner : deux coureurs sur sept étaient out avant le gong de départ), les circonstances de vie, et plein d’autres raison que, la mort dans l’âme, on annule, on se désiste, à notre grand regret.

Vingt-quatre éditions déjà, on doit bien trouver autant de bonnes explications qui font que cette Etape du Tour, à l’instar de la Haute Route dans un tout autre genre, et (on s’avance un peu mais on y croit bien) de l’Explore Corsica en mai 2017, est un succès que le monde entier – soixante nations représentées au départ – nous envie.

D’abord les paysages, magnifiques d’un bout à l’autre avec le voisinage du Mont Blanc côté Megève, une agriculture très bien préservée et à dimension humaine. C’est simple : aussi loin qu’on se projette, on a le sentiment que la gazon a été posé sur la montagne ! Du vert, du minéral, mais aussi des massifs enneigés qu’on pouvait admirer dans la montée de Joux Plane, d’autant plus que les excès de vitesse y étaint limités ! Pas à la Ramaz pour certains qui se reconnaîtront mais presque !

Ensuite, la météo, sensationnelle sur les trois jours concernés. Les vendredi et samedi pour le salon, et exceptionnelle pour le dimanche, où dès 7h00 et toute la journée, même le coupe-vent allait se révéler inutile. Un beau temps communicatif qui a, si besoin était, magnifié les paysages.

Troisième point et pour le clin d’œil, l’ambiance a été festive tout au long des 122 kilomètres. D’un côté les troupeaux de vaches (entre autres Abondance) qui font tintinnabuler leurs cloches au rythme des mouches qui les piquent où de leurs déplacements. Mine de rien, ça a un côté « supporters suisses » bien sympa et typique de la Savoie.

Toujours côté ambiance, beaucoup de villes, de villages traversés, sont déja aux couleurs du Tour de France. Le jaune, le vert, le blanc et le polka y sont mariés avec recherche et à coups de clin d’œil au présent comme au passé. Au passage, magnifiques photos de coureurs d’époque installées sur les lampadaires à Taninges, à voir absolument.

Ces racines locales se sont retrouvées sur les tables des ravitaillements, avec en particulier les nombreux fromages et charcuteries locales, tous plus bons les uns que les autres. Avec ou sans pain, on n’est pas au dernier cran de la diététique censé aider à pousser un peu plus sur les pédales pour déja atteindre le prochain objectif. Dommage que le ravitaillement d’arrivée ait été oublié côté produits locaux.

Points d’eaux, dès le kilomètre 18, à La Giettaz, ravitaillements solides et liquides dès La Clusaz au kilomètre 30, puis le Chinaillon, Scionzier etc., tous étaient suffisamment en retrait de la course pour pouvoir s’arrêter sans gêner la course, mais surtout suffisamment pourvus en bénévoles pour faire le plein et en produits, locaux on l’a dit, secs (figues, abricots, amandes), sandwichs, barres Isostar, boissons énergétiques, fruits, sodas, eau, bref de quoi voir plus loin et plus haut.

Coté sécurité là aussi, on a bon nombre de points qui nous rapprochent des deux douzaines, promises plus haut !

Septième argument, unique, décisif : le privilège de pouvoir rouler sur des routes entièrement fermées. Anglais (27 % des inscrits !) ou pas, chacun pouvait prendre ses meilleures trajectoires en descente, voire doubler de tous les côtés, comme dans la descente de Megève à Flumet (avec petite remontée vers les Saisies) prise à plus de 60 à l’heure. Et dire qu’il a été évoqué une neutralisation de cette section ! Mais quand les fauves sont lâchés…

Pas de voitures en face des coureurs donc, et pas beaucoup plus dans la course, puisque à part la voiture de direction de course, qu’on a testée pour vous (impeccable) trois minutes maxi devant les premiers, et la voiture de dépannage Mavic, juste derrière le ou les leaders, il n’y a pas une voiture sur le parcours. Ne parlons pas non plus de véhicules mal garés.

Cette sécurité se retrouve sur chaque secteur du parcours « couvert », que ce soit par des pompiers, des postes médicaux avancés, des secouristes, des équipes de médecins pilotées par Dokever. Inévitablement, les accidents sont nombreux, mais les blessés sont traités avec efficacité. C’est toujours subjectif mais il semble qu’aucun accident grave ne soit à déplorer. Tant mieux, merci la météo, et bon rétablissement à ceux et celles qui ont testé le dispositif.

Peu de voitures jaunes Mavic, et pas beaucoup de scooters non plus, mais une présence terrain renforcée avec des postes placés près des ravitaillements, là aussi bien visibles, et dont les hommes en jaune auront assuré aux participants en rade côté matériel d’aller plus loin. Et bien sûr jusqu’au bout avec de la fiabilité à tous les étages.

Pour ceux qui, malgé le carburant des ravitos, malgré l’assistance matérielle béton, auront dû mettre pied à terre, sans doute émoustillés par l’ambiance et ayant brûlé leurs cartouches trop tôt, ceux qui se sont mal préparés ou ont présumé de leurs capacités… au moins deux postes rapatriement étaient prévus avec une nuée de bus à chaque fois, capables de ramener les bonshommes et les vélos qui les accompagnent quoi qu’il arrive. Tout ça sans compter le dispositif fin de course, bus balai, etc.

Pour la course, son environnement et le Village, on relèvera quatre points.

L’arrivée à Morzine est magnifiée pour tous les finishers. Certes, il n’y a que le premier qui baigne dans les papelitos au moment où il franchit la ligne, mais chacun/chacune a reçu sa médaille et sa casquette de finisher, données par les plus jeunes des 250 bénévoles amenés par la ville d’arrivée, soit un peu mois que les 350 mobilisés par Megève mais qui a dû répondre présent sur trois jours, contre un à Morzine. On oublie volontairement les personnes mobilisées en en amont des trois jours majeurs.

Les cols proposés étaient d’une difficulté croissante. Aravis pour commencer, pas trop dur, sur très belle route, au milieu d’alpages « grandeur nature », et finalement une bonne mise en bouche. La Colombière pour enchaîner à la sortie du Grand Bornand avec des pourcentages guère plus importants, un peu plus longs, plus exposés au soleil, mais là aussi très abordables pour tout coureur prétendant à l’Etape du Tour. Enfin Joux Plane, le juge de paix, qui arrive après 40 kilomètres de plat qui auront permis aux moins grimpeurs de se refaire et d’aborder le dernier col en paquets consistants qui allaient exploser comme du pop-corn dès la sortie de Samoëns.

Autre col qui a fait débat et que Tao Quéméré a eu la clairvoyance et l’honnêteté de souligner sur son interview à retrouver demain sur Vélo 101 : l’absence (par décision préfectorale) due aux risques d’éboulement du col de la Ramaz s’est révélée pour beaucoup une bonne chose car les difficultés, avec la chaleur du milieu de journée pour finir, étaient suffisamment nombreuses. A ces difficultés de la course, il fallait en rajouter une côté logistique. Morzine et Megève sont distantes de 67 kilomètres, pas forcément plats avec la montée des Gets, du col de Châtillon… et le retour à vélo pour de très nombreux coureurs à rien moins que rajouté 1200 mètres de dénivelé. Ceux qui avaient coché Sallanches pour garer la voiture en auront été quittes pour 10 kilomètres de moins. Félicitations à toux ceux-là qui n’auront pas besoin de décrasser ce lundi.

En conclusion, on pourrait rajouter un seizième argument pour souligner que cette Etape du tour est unique et coller au millésime proposé, c’est tout simplement vous, qui avez donné le meilleur de vous-même sur cette cyclosportive presque unique en son genre puisqu’on pourrait la rapprocher du marathon des Dolomites (8500 participants maximum). Félicitations aux femmes, trop peu nombreuses, seulement 5 % des engagés. Edwige Pitel, la championne de France lauréate pour la deuxième année consécutive, en 3h56, soit 23 minutes de plus que le premier, a donc du boulot pour faire des émules. Bravo aussi à vous tous, Messieurs, qui êtes allés au bout de votre rêve et qui sans doute, dès à présent, rêvez déja de 2017. Un peu de patience, octobre 2016, du côté du Palais des Congrès. On saura.

Classement :

1. Tao Quemere en 3h33’35 »
2. Matthieu Converset en 3h35’50 »
3. Jeremy Bescond en 3h36’13 »
4. Thomas Terrettaz en 3h36’59 »
5. Øivind Lukkedal en 3h37’19 »
6. William Turnes en 3h37’20 »
7. Tony Mezure en 3h39’14 »
8. Emmanuel Hollebeke en 3h41’00 »
9. Olivier Girod en 3h41’42 »
10. Julien Bernard en 3h41’51 »

72 et 1ère Dame. Edwige Pitel en 3h56’37 »