Qui aurait pu croire que la simple évocation d’un animal montagnard rendrait autant admiratifs et craintifs plusieurs milliers de cyclosportifs ? La Marmotte reste incontestablement l’un des plus grands rendez-vous de l’année dans le calendrier et la date du premier samedi de juillet est cochée de longue date par beaucoup. Si l’Etape du Tour sait faire le buzz, la cyclo de Bourg d’Oisans s’appuie sur un mythe très solidement ancré dans le patrimoine cycliste national. Et international également, car dans les sas de départ, le Français est loin d’être la langue majoritaire. On entend beaucoup de Néerlandais, d’Anglais également.

Pas étonnant dès lors que trois nationalités soient représentées sur le podium, même si les hommes qui le composent sont des habitués des cyclos françaises. Une semaine après sa victoire à la Vaujany, le Néerlandais Kenny Nijssen trouvait à nouveau l’ouverture en à peine plus de 5h40 face à l’Italien Stefano Sala. Le cycliste de la Toussuire, William Turnes complétait le podium. En somme, le gratin du cyclosport national a bien répondu présent sur ce mythe qui tient en quatre mots : Glandon, Télégramme, Galibier, Alpe d’Huez.

Le mythe parle de lui-même et retrouve donc ses lettres de noblesse sur ce parcours de 174 kilomètres (5100 mètres de dénivelé). L’éboulement dans le tunnel du Chambon l’an dernier avait obligé les organisateurs à trouver une alternative, moins mythique par le Mollard et la Croix de Fer en lieu et place du Télégramme et du Galibier. Cette année, le géant des Alpes était de retour au programme et constituait, du haut des 2645 mètres d’altitude, le plat de résistance de cette Marmotte. Le Glandon, lui, arrivait en entrée. Les dix premiers kilomètres permettaient de rejoindre le pied de cette première difficulté, longue et irrégulière, avec des passages à plus de 10 %.

Au sommet, en plus d’un premier point de ravitaillement qui proposait des produits énergétiques, un tapis était installé. Les accidents qui ont parfois émaillé les précédentes éditions ont poussé l’organisation à neutraliser la descente technique qui mène à Saint-Etienne-de-Cuines. Une sage décision qui permet de se relâcher avant d’attaquer le gros morceau de la journée. En bas de la descente, les quelques 7000 participants attaquent la remontée de la vallée de la Maurienne pour arriver à Saint-Michel-de-Maurienne au pied du Galibier.

35 kilomètres, 2000 mètres de dénivelé positif, 11,5 kilomètres à 7,3 % puis 17,3 autres kilomètres à 7 %. Le Galibier par le Télégraphe n’est pas qu’une affaire de chiffres, mais l’enchaînement est toujours aussi délicat à gérer. Heureusement que le ciel gris depuis le départ ne met pas (encore) ses menaces à exécution sur ce géant.

Comme si la dose de mythes n’avait pas été garantie par les trois premières difficultés, l’Alpe d’Huez arrive en dernière lame. Le peu de fraîcheur physique restant est dilapidé dans les deux premiers virages où la pente descend rarement sous les 10%. C’est donc à l’énergie que se grimpent les dix-neuf derniers virages de la montée qui surplombe Bourg d’Oisans. Fort heureusement, la Marmotte a un tel impact et une telle notoriété au niveau local que des spectateurs occupent les bas-côtés de la route et encouragent les participants, champions à leur échelle. Ajoutez à cela une chaussée presque privatisée (la descente de l’Alpe est interdite jusqu’à 18h, mais pas la montée) et on se croirait presque en pleine étape-reine du Tour avec une envie folle de se surpasser pour boucler ce mythe dans les meilleurs temps possible.

Rien à redire au niveau de l’organisation rodée comme toujours. Tout juste regrettera-t-on de devoir redescendre l’Alpe d’Huez pour atteindre l’aire d’arrivée à Bourg d’Oisans, surtout après un tel chantier, et plus encore sous la pluie. Mais c’est le prix à payer pour participer à cette Marmotte décidément plus mythique que toute autre épreuve au calendrier et sans aucun doute la plus difficile de l’année.

Classement :

1. Kenny Nijssen en 5h40’01 »
2. Stefano Sala en 5h43’55 »
3. William Turnes en 5h46’04 »
4. Thoms Bundgaard en 5h47’32 »
5. David De Vecchi en 5h47’56 »
6. Erik Franssen en 5h50’37 »
7. Frédéric Ostian en 5h52’53 »
8. Tim Alleman en 5h55’42 »
9. Julien Lodolo en 5h56’07 »
10. Edian Verpoort en 5h56’50 »

104 et 1ère Dame. Christian Rausch en 6h31’56″