Les étapes les plus longues ne sont pas forcément celles qui laissent le plus de marques. Hier, il n’y avait que 134 kilomètres à accomplir dans la Vénétie. Mais la pluie battante qui a giflé les visages toute la journée a fait boire la tasse à un Anglais. Pas Mark Cavendish (Omega Pharma-Quick Step), qui collectionne les victoires dès qu’une occasion de le faire lui est permise, mais Bradley Wiggins (Team Sky). Cette fois le Londonien a sombré, vaincu par une infection pulmonaire que le mauvais temps n’a fait qu’empirer. Il ne repartira pas ce matin. Même constat pour Ryder Hesjedal (Garmin-Sharp), le tenant du titre, qui manque à l’appel de Busseto au moment où le peloton s’apprête à braver l’étape la plus longue du Tour d’Italie 2013 : 254 kilomètres plutôt abordables à travers l’Emilie-Romagne, la Lombardie et le Piémont.

Subitement orphelin de deux des coureurs cités, il y a encore deux semaines, parmi les grands favoris, le Giro prend la direction des Alpes, dont les hauteurs enneigées vont se dessiner progressivement au loin, à mesure que l’on s’approchera de Cherasco. D’ailleurs, l’attaque de la très haute montagne à compter de demain pourrait être fortement compromise, surtout dimanche dans une étape qui prévoit de gravir le Mont Cenis pour s’achever au sommet du Galibier (par le Télégraphe), sur le modèle de la prouesse réalisée il y a deux ans par le Tour de France. L’enneigement important des deux ascensions françaises oblige depuis plusieurs jours les organisateurs à repenser leur copie. On connaîtra bien vite la solution qu’ils retiendront, mais l’explication alpestre ce week-end pourrait tourner court.

Finalement, c’est le bon jour pour faire des efforts. Bien que l’étape soit longue, sept coureurs se glissent en tête après une vingtaine de kilomètres : Rafael Andriato (Vini Fantini-Selle Italia), Giairo Ermeti (Androni Giocattoli) et Danilo Hondo (RadioShack-Leopard), que rejoignent un peu plus loin Lars-Ytting Bak (Lotto-Belisol), Nicola Boem (Bardiani Valvole-CSF Inox), Pablo Lastras (Movistar Team) et Tobias Ludvigsson (Argos-Shimano). L’étape est plane dans ses trois premiers quarts, ce qui permet aux sept attaquants d’augmenter leur avance, qu’ils portent à treize minutes, sur un peloton que ne tarderont pas à contrôler les équipes de sprinteurs. Le final est vallonné, certes, mais les finisseurs ont grand faim dans ce Giro qui ne leur a tout de même pas laissé beaucoup d’occasions de s’exprimer. Ils s’accrochent à cette idée.

La Vini Fantini-Selle Italia grande animatrice du final.

De fait, l’avance des sept de tête est quasiment réduite à néant lorsque se présentent les difficultés du final. Sous la direction des Omega Pharma-Quick Step, le peloton retarde l’instant où il rentrera sur le groupe de tête, auquel finissent par fausser compagnie le Danois Lars-Ytting Bak et l’Espagnol Pablo Lastras. Mais la proximité des derniers attaquants suscite brusquement l’acharnement d’une équipe : Vini Fantini-Selle Italia. Il ne fait aucun mystère que la formation italienne a fait de cette étape son objectif. Après Rafael Andriato échappé toute la journée, ce sont Stefano Garzelli, Alessandro Proni, Oscar Gatto, Matteo Rabottini et Danilo Di Luca qui vont successivement agiter la course en démarrant dans les 30 derniers kilomètres. Deux d’entre eux vont parvenir à rentrer sur le tandem Bak-Lastras.

A moins de 15 kilomètres du terme de cette étape marathon, Gatto et Rabottini parviennent à opérer la jonction avec l’avant de la course. Ils entraînent avec eux Jorge Azanza (Euskaltel-Euskadi), Francesco-Manuel Bongiorno (Bardiani Valvole-CSF Inox), Giampaolo Caruso (Team Katusha), José Herrada (Movistar Team) et Frederik Veuchelen (Vacansoleil-DCM). Neuf coureurs entament ainsi le final devant le peloton, auquel tente un instant d’échapper Beñat Intxausti (Movistar Team). Mais Vincenzo Nibali (Astana) lui-même surveille étroitement les leaders du classement général et le Maillot Rose met un point d’honneur à contester le démarrage de l’Espagnol. A l’avant, Giampaolo Caruso trouve un tremplin idéal dans le dernier raidard, placé à 6 kilomètres du but, pour s’isoler. Mais le peloton est à ses trousses. Il sera repris aux 1500 mètres.

C’est donc bien un sprint, au pied des Alpes enneigées, qui vient récompenser ceux qui avaient misé sur un tel dénouement. Les derniers kilomètres ayant été ardus, Mark Cavendish n’a plus le moindre équipier au cœur d’un peloton réduit de moitié. Qu’à cela ne tienne ! Le sprinteur anglais va profiter du train des Cannondale d’Elia Viviani pour bondir à quelques hectomètres de la ligne et aller triompher de son quatrième sprint dans cette édition du Giro. La 101ème victoire de sa carrière ! Nacer Bouhanni (FDJ) s’étant retiré vingt-quatre heures trop tôt, doutant de la chance qui serait à nouveau offerte aux finisseurs, ce sont Giacomo Nizzolo (RadioShack-Leopard) et Luka Mezgec (Argos-Shimano) qui terminent cette fois derrière l’invincible Mark Cavendish.

Demain samedi, la quatorzième étape se déroulera entre Cervere et Bardonèche (168 km).

Classement 13ème étape :

1. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) les 254 km en 6h09’55 » (41,2 km/h)
2. Giacomo Nizzolo (ITA, RadioShack-Leopard) m.t.
3. Luka Mezgec (SLO, Argos-Shimano) m.t.
4. Brett Lancaster (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
5. Elia Viviani (ITA, Cannondale) m.t.
6. Manuel Belletti (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
7. Daniele Bennati (ITA, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
8. Filippo Pozzato (ITA, Lampre-Merida) m.t.
9. Anthony Roux (FRA, FDJ) m.t.
10. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 52h38’09 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 41 sec.
3. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 2’04 »
4. Robert Gesink (PBS, Blanco) à 2’12 »
5. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) à 2’13 »
6. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) à 2’55 »
7. Przemyslaw Niemiec (POL, Lampre-Merida) à 3’35 »
8. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) à 4’05 »
9. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 4’17 »
10. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 4’21 »

Classement par points :

1. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) 108 pt
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 73 pt
3. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 72 pt
4. Giacomo Nizzolo (ITA, RadioShack-Leopard) 59 pt
5. Maxim Belkov (RUS, Team Katusha) 55 pt
6. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 53 pt
7. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 52 pt
8. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 45 pt
9. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 45 pt
10. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) 43 pt

Classement de la montagne :

1. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 47 pt
2. Jackson Rodriguez (VEN, Androni Giocattoli) 26 pt
3. Robinson Chalapud (COL, Colombia) 23 pt
4. Maxim Belkov (RUS, Team Katusha) 18 pt
5. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 16 pt
6. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 15 pt
7. Emanuele Sella (ITA, Androni Giocattoli) 13 pt
8. Adam Hansen (AUS, Lotto-Belisol) 12 pt
9. Jarlinson Pantano (COL, Colombia) 12 pt
10. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Sharp) 9 pt

Classement des jeunes :

1. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) en 52h42’30 »
2. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) à 1’05 »
3. Wilco Kelderman (PBS, Blanco) à 4’34 »
4. Darwin Atapuma (COL, Colombia) à 8’31 »
5. Diego Rosa (ITA, Androni Giocattoli) à 24’09 »
6. Jarlinson Pantano (COL, Colombia) à 39’59 »
7. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 42’30 »
8. Jens Keukeleire (BEL, Orica-GreenEdge) à 43’31 »
9. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) à 49’51 »
10. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 1h00’09 »

Classement par équipes :

1. Team Sky (GBR) en 157h19’28 »
2. Blanco (PBS) à 2’22 »
3. Lampre-Merdia (ITA) à 9’54 »
4. Movistar Team (ESP) à 10’45 »
5. Astana (KAZ) à 11’53 »
6. Team Katusha (RUS) à 21’32 »
7. Ag2r La Mondiale (FRA) à 22’50 »
8. Androni Giocattoli (ITA) à 30’44 »
9. BMC Racing Team (USA) à 32’26 »
10. Vini Fantini-Selle Italia (ITA) à 40’20 »