Vasil Kiryienka. L’audace a payé hier. En partant en solitaire à plus de 45 kilomètres de l’arrivée, Vasil Kiryienka (Team Sky) a opté pour une stratégie d’attaque qui pouvait paraître suicidaire. Au final, le Biélorusse n’a cessé de creuser l’écart sur ses poursuivants dans la vallée pour gérer dans la dernière difficulté. « Je savais que mon avance au pied de l’ascension finale pouvait me permettre de gagner, mais je devais rester régulier, sans trop me soucier de ce qu’il se passait à l’arrière, déclare Kiryienka. J’avais fini 2ème de la 19ème étape de la Vuelta 2008 à Ségovia et j’avais très envie, depuis, de gagner une étape. C’est enfin réussi. C’est le fruit d’un travail honnête et de la confiance de mon équipe. Je dédie cette victoire à Daniele Tortoli, mon directeur sportif quand je suis arrivé en Europe, grâce à qui je suis devenu professionnel. »

Vincenzo Nibali. S’il porte toujours le maillot rouge, Vincenzo Nibali (Astana) n’est plus celui qui est le mieux placé pour remporter cette 68ème Vuelta. L’Angliru et ses pourcentages démoniaques sont a priori favorables à Chris Horner. « C’était une étape importante. J’allais bien aujourd’hui et je pensais rependre du temps à tous mes rivaux, mais Horner a démontré qu’il est très costaud, salue l’Italien. Je pensais contrôler la course, mais il m’a sorti de sa roue. A 42 ans, c’est fort ! C’est sûr, il va être difficile à battre s’il n’a aucun pépin. Même Joaquim Rodriguez a essayé de le distancer, sans réussite. Movistar a imposé un rythme très élevé, mais Horner est définitivement le plus fort. Je ne suis pas optimiste, je prends ce résultat avec philosophie. Ma condition physique est excellente. Je suis toujours le leader de la course et je crois toujours en mes chances. »

Alejandro Valverde. Présente sur les éditions 2010 et 2011, Peña Cabarga était connue de beaucoup, mais pas d’Alejandro Valverde (Movistar Team) qui était suspendu pour son implication dans l’affaire Puerto à cette époque. L’Espagnol est pourtant l’un de ceux qui a le mieux négocié l’ascension. Distancé dans un premier temps, il est finalement revenu sur ses rivaux dans le dernier kilomètre, exception faite, bien sûr, de Chris Horner. « Tous ceux qui ont donné le maximum peuvent être satisfaits, mais il n’était pas possible d’arrêter Horner, estime le Murcian. Il est l’homme à battre. Je ne connaissais pas Peña Cabarga, c’est très dur. J’aurais pu aller plus vite dans les 300 derniers mètres. J’ai grimpé sur le 39×29 et je pensais avoir le bon braquet, mais quand Purito a attaqué, j’ai préféré rester à mon rythme. »

3 questions à… Christopher Horner (RadioShack-Leopard)

Christopher, vous n’avez plus que 3 secondes de retard, c’est peu avec deux étapes de montagne à venir…
Si je perds la Vuelta pour 3 secondes, c’est important. Mais 3 secondes, ce n’est rien en fait. Je n’oublie pas que j’ai été classé avec un déficit de 6 secondes sur une cassure dans la quatrième étape ! Il y a beaucoup d’endroits où je pouvais reprendre ces 3 secondes. Aujourd’hui, j’ai assuré dans les cent derniers mètres. Le final n’est pas aussi dur que je le pensais, mais le plus important est que j’ai repris beaucoup de temps.

Comment vous sentiez-vous dans Peña Cabarga ?
En 2005, quand je courais pour Saunier Duval, j’ai vécu dans un appartement de Santander pendant six semaines. Heureusement, je n’avais jamais grimpé Peña Cabarga, c’est dur ! Mais aujourd’hui, je n’ai jamais été dans le rouge, j’étais facile. J’avais des jambes fantastiques. J’aurais préféré que ce soit un ou deux kilomètres plus long. Ce n’était pas aussi long que ce que j’imaginais. Matthew Busche et Robert Kiserlovski m’ont déposé au pied de l’ascension. Saxo-Tinkoff avait mené un peu, puis Katusha a accéléré et je suis resté bloqué derrière Nicolas Roche. Cela m’a coûté un peu de temps, mais je suis satisfait des écarts que j’ai faits. Mon équipe a fait un travail incroyable pour moi encore, et même sans Fabian (Cancellara). J’ai des équipiers fantastiques.

Où espérez-vous battre Vincenzo Nibali ?
Je pense à l’Angliru. Ce sera une belle bataille. Cette pente est la plus raide et sans temps mort. Samedi est bien le jour pour moi pour gagner la Vuelta, plus qu’aujourd’hui. Mais qui sait, je peux prendre le maillot rouge sur l’Alto del Naranco que je ne connais pas du tout. Ce sera tactique. Je préfère quand c’est extrêmement dur. Peut-être est-ce préférable de ne pas être leader de la Vuelta encore. Si je parviens à le distancer samedi, je serai en rouge et gagnerai le classement général. Ma victoire dans la Vuelta est définitivement une réalité !

L’étape du jour… 19ème étape : San Vicente Barquera-Alto del Naranco (181 km)

L’étape la plus facile du triptyque asturien. C’est à Oviedo, la capitale de la région, que les coureurs arrivent aujourd’hui, sur la colline qui surplombe la ville, l’Alto del Naranco. Un nom qui n’est pas tout à fait inconnu puisque c’est sur ce terrain que se déroulait la Subida al Naranco, classique qui a disparu du calendrier depuis 2010. Après une première partie d’étape sans grande difficulté sur le bord de mer, les coureurs vont entrer dans les terres et c’est là que cela se complique. Les difficultés vont s’enchaîner, mais seulement deux sont répertoriées au classement de la montagne avant la montée finale longue de 5,7 kilomètres à 4,2 % de moyenne. Les favoris devraient rester bien au chaud et réserver leurs forces pour l’Angliru. On peut donc s’attendre à une nouvelle victoire d’un baroudeur aujourd’hui.