Quatre tuniques distinctives seront à nouveau mises en jeu l’année prochaine sur le Tour de France, mais des innovations importantes vont concerner deux des challenges annexes les plus disputés. Déterminés à redynamiser certains enjeux de la course et toujours enclins à apporter des idées novatrices, les organisateurs du Tour ont en effet revu les règles d’attribution du Maillot Vert (classement par points) et du Maillot à Pois (classement de la montagne). L’une invitera les sprinteurs à ne plus attendre le dernier kilomètre pour se mesurer, l’autre contiendra la fougue des grimpeurs qui devront en garder sous la pédale dans les étapes les plus capitales. Autant dire qu’il faudra se battre doublement pour aller chercher ces maillots distinctifs et user de nouvelles stratégies, les tactiques du passé étant rendues obsolètes par le nouveau règlement.

Le classement par points tout d’abord ne sera plus établi sur la base des places à l’arrivée (principalement) et des deux à trois sprints intermédiaires moins cotés placés en cours de route. A compter de l’édition 2011, un seul et unique sprint intermédiaire viendra ponctuer chacune des étapes, attribuant la moitié des points remis à l’arrivée, et ceci aux quinze premiers coureurs à franchir la ligne. L’enjeu est d’impliquer encore plus les sprinteurs dans les sprints intermédiaires… et de leur proposer de fournir deux efforts au cours de l’étape ! La présence de coureurs échappés n’empêchera plus les finisseurs de se mesurer et de marquer des points pour le Maillot Vert. Le rendez-vous du sprint intermédiaire devrait ainsi gagner en intérêt, et il faudra se démener doublement pour conquérir un classement toujours très disputé.

Si les arrivées ne seront plus aussi fondamentales pour les sprinteurs candidats au Maillot Vert, elles regagneront en intérêt pour les grimpeurs prétendants au Maillot à Pois. Là aussi, le barème de points et le nombre de coureurs récompensés sur chaque ascension a été revu afin de réduire les écarts entre les protagonistes. Les arrivées en altitude, au nombre de quatre sur la 98ème édition (Luz-Ardiden, Plateau de Beille, Galibier Serre-Chevalier et Alpe d’Huez), bénéficieront d’un doublement de points. Il faudra donc être devant dans les ascensions les plus décisives de  la course pour ramener le Maillot à Pois à Paris… ou amasser suffisamment de points sur les cols intermédiaires de manière à lutter avec des favoris qui trusteront vraisemblablement les premières places dans les arrivées en altitude.

Ce qu’ils en pensent :

Thor Hushovd (Cervélo TestTeam), Maillot Vert des Tours de France 2005 et 2009 : « c’est clair que ce nouveau règlement peut vraiment changer la donne au classement par points. Si 20 points sont attribués sur un sprint en cours d’étape et 40 à l’arrivée, ça fait beaucoup pour un sprint intermédiaire. Ca veut dire que si le sprint intermédiaire est placé après 30 ou 40 kilomètres sur le parcours, les équipes de sprinteurs contrôleront peut-être la première heure de course pour disputer ce sprint et essayer de gagner ces points. Par ailleurs, un sprinteur qui s’échappera comme je l’ai déjà fait en montagne pour remporter le Maillot Vert ne sera plus tout à fait avantagé car vu que les quinze premiers marqueront des points au sprint intermédiaire, ceux qui seront restés dans le peloton pourront encore obtenir des points derrière… Cette nouvelle réglementation mettra beaucoup plus de pression sur les coureurs visant le Maillot Vert. »

Anthony Charteau (Bbox Bouygues Telecom), Maillot à Pois du Tour de France 2010 : « cette année, c’est vrai que les dernières ascensions n’avaient pas tellement d’importance dans le classement de la montagne, mais je ne pense pas que ça va désavantager ceux visant ce classement. Quand on grimpe, on grimpe. L’an prochain conserver le Maillot à Pois sera ma priorité, alors on s’adaptera, je garderai des forces pour les arrivées en altitude et je me lancerai peut-être moins dans les grandes échappées au long cours. J’ai été capable cette année de rester parmi les dix meilleurs au sommet des cols, il n’y a donc aucune raison que je n’y sois pas non plus dans les arrivées en altitude. »