Avant une deuxième journée de repos bien méritée, il reste une montagne à gravir pour les participants à ce 97ème Tour d’Italie. La course rose visite les Apennins, souvent fréquentés sur Tirreno-Adriatico. C’est d’ailleurs au bord de la mer Adriatique que le peloton s’élance pour se diriger vers la montée de Sestola et ses 10,7 kilomètres à 5,7 % qu’il convient de gravir alors que la course a changé de ton hier avec la première journée de montagne. Cadel Evans (BMC Racing Team) a-t-il pris le maillot rose trop tôt ? Pas forcément. Pour rassurer l’Australien qui a vécu une première semaine des plus parfaites, on rappellera que Vincenzo Nibali s’était paré de rose au soir de la 8ème étape pour ne plus jamais céder cette belle tunique. Et ce n’est pas aujourd’hui que l’Australien sera menacé par ses concurrents.

Les échappés étaient à deux doigts de remporter l’étape d’hier (rappelons que le dernier rescapé de l’échappée matinale, Julian Arredondo ne fut repris qu’à 3 kilomètres de la ligne), ils vont aujourd’hui avoir la chance d’aller au bout, avec la bénédiction d’un peloton pas franchement décidé à lancer la grande bagarre dans ce massif intermédiaire, pour le plus grand bonheur de Marco Bandiera et Jackson Rodriguez (Androni Giocattoli), Enrico Barbin (Bardiani-CSF), Julien Berard (Ag2r La Mondiale), Matteo Bono (Lampre-Merida), Leonardo Duque (Colombia), Oscar Gatto (Cannondale), Davide Malacarne (Team Europcar), Yonathan Monsalve (Neri Sottoli-Yelow Fluo), Salvatore Puccio (Team Sky), David Tanner (Belkin), Tosh Van Der Sande (Lotto-Belisol), Eduard Vorganov (Team Katusha) et Pieter Weening (Orica-GreenEdge).

Leur avance fluctuera en cours d’étape, grimpant au-delà des 6 minutes, pour redescendre quelque peu avant de remonter au-delà des 8 minutes. A quatorze le coup est jouable, mais l’entente n’est pas parfaite au sein de ce groupe où chacun dose savamment ses efforts pour en faire suffisamment pour gonfler l’avance sans en faire trop pour ne pas le payer dans le final. Cette mauvaise entente n’est pas suffisante pour que le peloton revienne sur les talons de l’échappée, malgré la prise des commandes du peloton par la formation Garmin-Sharp. L’équipe BMC Racing Team contrôle : les fuyards ne présentent aucun danger pour le maillot rose de Cadel Evans.

Orica-GreenEdge conclut à merveille une première semaine parfaite. 

Les hommes de tête sont dès lors pratiquement assurés de se disputer la victoire et les premières escarmouches interviendront dès la Rocchetta Sandri, petite côte de 4ème catégorie placée en prémisse de la montée finale. David Tanner y tentera sa chance, sans succès. En revanche, lorsque Pieter Weening place une attaque sur le faux plat qui mène à l’ascension finale, l’écart se crée immédiatement. L’ascension pour grimpeurs-rouleurs convient parfaitement au gabarit du Néerlandais qui avait déjà remporté une étape sur le Giro il y a trois ans, et une autre sur le Tour de France au terme d’un sprint d’anthologie à Gerardmer en 2005. Davide Malacarne s’arrache pour rentrer sur le pensionnaire de l’équipe Orica-GreenEdge. L’écart est fait avec le reste du groupe. La victoire se jouera entre ces deux hommes.

La tension règne entre deux coureurs issus d’équipes connaissant des fortunes radicalement différentes. La chance est du côté d’Orica-GreenEdge, lauréate du chrono par équipes en ouverture, d’une étape avec Michael Matthews et qui a eu le maillot rose dans ses rangs pendant huit jours. L’équipe Europcar reste sur une déception énorme avec Pierre Rolland, repris à 300 mètres de la ligne hier. Malheureusement pour la formation vendéenne, la chance n’a pas changé de camp. Et Pieter Weening a pour lui l’expérience. Le Batave pousse à bout le Transalpin dans une séance de surplace dans le dernier kilomètre. Et quand le sprint est lancé, l’ancien Maillot Rose fait parler sa puissance pour s’imposer avec aisance et pour poursuivre la bonne série de son équipe à qui tout a souri en première semaine.

Derrière Weening et Malacarne, les favoris ont longtemps laissé penser qu’ils escamoteraient cette étape. Finalement, Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale) va secouer les prétendants au général en passant à l’attaque dans les portions les plus raides. Son offensive, prévue hier à la vue du travail de ses équipiers, intervient avec 24 heures de retard. Bénéficiant du soutien d’Alexis Vuillermoz passé à l’attaque quelques hectomètres auparavant pour préparer le terrain, et de Julien Bérard, présent dans l’échappée matinale, l’Italien parvient à creuser l’écart avec le reste des favoris. Ceux-là ne réagissent que timidement à l’offensive du Transalpin. Il coupe la ligne avec 26 secondes d’avance sur ses adversaires et remonte à la 4ème place du classement général toujours dominé par Cadel Evans à la veille de la première journée de repos.

Le Giro reviendra mardi avec une étape entre Modène et Salsomaggiore Terme (173 kilomètres).

Classement 9ème étape :

1. Pieter Weening (PBS, Orica-GreenEdge) en 4h25’51 »
2. Davide Malacarne (ITA, Team Europcar) m.t.
3. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 42 sec.
4. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 1’08 »
5. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
6. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) m.t.
7. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) m.t.
8. Dario Cataldo (ITA, Team Sky) m.t.
9. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) m.t.
10. Fabio Duarte (COL, Colombia) m.t.

Classement général :

1. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) en 38h49’34 »
2. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 57 sec.
3. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 1’10 »
4. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 1’20 »
5. Steve Morabito (SUI, BMC Racing Team) à 1’31 »
6. Fabio Aru (ITA, Astana) à 1’39 »
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 1’43 »
8. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 1’44 »
9. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 1’45 »
10. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) à 1’49 »

Classement par points :

1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 166 pt
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 150 pt
3. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 139 pt
4. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 121 pt
5. Ben Swift (GBR, Team Sky) 92 pt
6. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 90 pt
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 66 pt
8. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 60 pt
9. Tyler Farrar (USA, Garmin-Sharp) 53 pt
10. Davide Appollonio (ITA, Ag2r La Mondial) 52 pt

Classement de la montagne :

1. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) 47 pt
2. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Meria) 39 pt
3. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani-CSF) 26 pt
4. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) 20 pt
5. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 15 pt
6. Pieter Weening (PBS, Orica-GreenEdge) 15 pt
7. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) 14 pt
8. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 14 pt
9. Perrig Quémeneur (FRA, Team Europcar) 14 pt
10. Maarten Tjallingii (PBS, Belkin) 12 pt

Classement des jeunes :

1. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) en 38h50’44 »
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 29 sec.
3. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 33 sec.
4. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 34 sec.
5. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) à 35 sec.
6. Georg Preidler (AUT, Giant-Shimano) à 10’33 »
7. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Shimano) à 12’59 »
8. Pawel Poljanski (POL, Tinkoff-Saxo) à 16’31 »
9. Mikel Landa (ESP, Astana) à 21’10 »
10. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 22’05 »

Classement par équipes :

1. Omega Pharma-Quick Step (BEL) en 115h46’00 »
2. Ag2r La Mondiale (FRA) à 56 sec.
3. BMC Racing Team (USA) à 1’11 »
4. Lampre-Merida (ITA) à 10’56 »
5. Tinkoff-Saxo (DAN) à 12’08 »
6. Astana (KAZ) à 14’05 »
7. Team Europcar (FRA) à 16’40 »
8. Movistar Team (ESP) à 21’24 »
9. Colombia (COL) à 23’22 »
10. Androni Giocattoli (ITA) à 29’40 »