Voilà 15 jours que les coureurs du Giro sont partis de Dublin. C’est peu dire que depuis, personne n’a été épargné, par les conditions climatiques et un tracé particulièrement exigeant. Jusqu’ici, les longues étapes se sont enchainées et ont servi à éprouver des hommes qui hier, sont enfin entrés dans les Alpes. Sur la route d’Oropa, les favoris à la victoire finale se sont pour la première fois véritablement expliqués en haute montagne, à la régulière, entre hommes. Mais la pente n’était pas suffisante pour créer d’importants écarts et redistribuer les cartes. Mais aujourd’hui, il se pourrait bien que Rigoberto Uran (Omega Pharma-Quick Step) voit son maillot rose menacé par les purs grimpeurs.

Pourtant, à la différence d’hier, où il était permis d’espérer des attaques de loin, sur la route du Plan di Montecampione, il est simplement impossible de tenter quoi que ce soit avant l’ascension finale, unique difficulté du jour. Les stratégies sont donc claires, tout doit être misé sur les 19,3 kilomètres d’ascension à 8% qui en 1998 ont permis d’écrire une page de la légende du regretté Marco Pantani. Ce sont bien ces pourcentages qui changent la donne et expliquent que la plupart des hommes envoyés en tête soient autant de relais potentiels pour leurs leaders, ensuite.

Douze hommes décident donc de faire la course en tête : Maxime Bouet (Ag2r La Mondiale), Johan Le Bon (FDJ.fr), Jackson Rodriguez (Androni Giocattoli), Enrico Barbin (Bardiani-CSF), Daniele Ratto (Cannondale), Rodolfo Torres (Colombia), Andre Cardoso (Garmin-Sharp), Damiano Cunego (Lampre-Merida), Adam Hansen (Lotto-Belisol), Luca Paolini (Team Katusha), Simon Geschke (Giant-Shimano) et Fabio Felline (Trek Factory Racing). A 90 kilomètres de l’arrivée, les hommes de tête ont jusqu’à 10 minutes d’avance. Le peloton ne leur laissera pas plus de temps. A ce moment-là, leur avance va décroitre, de manière considérable. Si bien qu’au pied de l’ascension décisive, le groupe maillot rose pointe à seulement 2 minutes.

 

Aucun favori ne peut faire la différence, avant qu’Aru ne se décide à attaquer.

Tout se résume à une course de côte. Julian Arredondo (Trek Factory), soucieux de renforcer sa première place au classement du meilleur grimpeur, prend ses responsabilités dès le pied de la montée finale. La sélection, dans le peloton, se fait par l’arrière, sous l’impulsion des équipiers de Cadel Evans (BMC Racing Team). Quand Samuel Sanchez (BMC Racing Team) prend le relais, les visages se crispent. Le rythme est élevé et la grande bagarre s’annonce. Maxime Bouet repris, c’est à lui que revient la responsabilité de préparer le terrain pour son leader. Etincelant hier, Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale) doit savoir qu’aujourd’hui le terrain lui est encore plus favorable. A 9 kilomètres de l’arrivée, les deux rescapés de l’échappée matinale parvenus à se maintenir en tête sont repris. Le peloton éclate pour ne plus être constitué que de quelques unités. Philip Deignan (Team Sky) tente le coup en solitaire et le rythme imposé par Michael Rogers (Tinkoff-Saxo) permet à l’Irlandais de prendre un peu de champ.

Pierre Rolland (Team Europcar) décide alors d’attaquer mais est tout de suite pris en chasse par Rigoberto Uran qui n’hésite pas à contrer. Cadel Evans paraît un peu court. L’effet est immédiat, en quelques mètres, le trou est fait. Il n’y a que Steve Morabito (BMC Racing Team) pour relancer. Quand tout rentre dans l’ordre, les favoris se regardent, personne n’est en mesure d’attaquer. Pozzovivo est même mis en difficulté par le faux rythme. Le seul à donner une vraie impression de facilité, c’est Pierre Rolland, qui reprend Philip Deignan. Fabio Duarte revient ensuite sur le français, quand Morabito finit enfin par imposer un tempo régulier qui permet à son leader, Cadel Evans, de limiter la casse et mettre ses rivaux en file indienne, derrière lui.

Mais Fabio Aru (Astana) prend ses responsabilités, à trois kilomètres de l’arrivée, il est directement accompagné de Rigoberto Uran. Ensemble, ils réduisent l’écart sur la tête de course, avant de rejoindre les fuyards, à 2 kilomètres de l’arrivée. Plus encore, ils creusent sur les autres favoris. Seul Nairo Quintana (Movistar Team) revient à son tour. Aru, lui, repart seul. Quintana décide de boucher le trou et Pierre Rolland, plein d’aisance, le suit. Rigoberto Uran craque et est même lâché par Fabio Duarte. Au kilomètre, Aru a fait le plus dur. Equipier de Vicenzo Nibali l’an dernier, il s’émancipe enfin et laisse éclater son talent au grand jour. Il remporte l’étape et reprend plus de quarante secondes à Rigoberto Uran. Fabio Duarte est deuxième, Pierre Rolland quatrième. Rigoberto Uran cinquième conserve le maillot rose. Domenico Pozzovivo et Cadel Evans sont certainement les grands perdants du jour, distancés à plus d’une minute. Mais le menu de la troisième semaine est copieux et l’étape du jour incite à la prudence dans les commentaires.

Demain, les coureurs bénéficieront d’une journée de repos avant d’attaquer la dernière semaine de course, mardi, qui s’annonce des plus indécises.

Classement 15ème étape :

1. Fabio Aru (ITA, Astana) en 5h33’05”
2. Fabio Duarte (COL, Colombia) à 21 sec.
3. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 23 sec.
4. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) m.t.
5. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 42 sec.
6. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 57 sec.
7. Franco Pellizotti (ITA, Androni Giocattoli) à 1’08”
8. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) m.t.
9. Ryder Hesjedal (CAM, Garmin-Sharp) à 1’13”
10. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) m.t.

Classement général :

1. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) en 63h26’39”
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 1’03”
3. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 1’50”
4. Fabio Aru (ITA, Astana) à 2’24”
5. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 2’40”
6. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 2’42”
7. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 3’04”
8. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) à 4’47″
9. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) à 5’44”
10. Wout Poels (PBS, Omega Pharma-Quick Step) à 6’32”

Classement par points :

1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 251 pt
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 225 pt
3. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 173 pt
4. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 161 pt
5. Ben Swift (GBR, Team Sky) 130 pt
6. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani-CSF) 96 pt
7. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 95 pt
8. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 78 pt
9. Luka Mezgec (SLO, Giant-Shimano) 78 pt
10. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) 71 pt

Classement de la montagne :

1. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) 75 pt
2. Tim Wellens (BEL, Lotto-Belisol) 57 pt
3. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Meria) 39 pt
4. Jonathan Monsalve (VEN, Neri Sottoli-Yellow Fluo) 39 pt
5. Fabio Aru (ITA, Astana) 33 pt
6. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani-CSF) 32 pt
7. Nicolas Roche (IRL, Tinkoff-Saxo) 27 pt
8. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani-CSF) 26 pt
9. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) 24 pt
10. Dario Cataldo (ITA, Team Sky) 22 pt

Classement des jeunes :

1. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) en 63h28’29”
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 34 sec.
3. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) à 50 sec.
4. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 1’14”
5. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 24’29”
6. Georg Preidler (AUT, Giant-Shimano) à 26’24”
7. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 41’24”
8. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 46’32”
9. Mikel Landa (ESP, Astana) à 48’00”
10. Marc Goos (PBS, Belkin) à 52’09”

Classement par équipes :

1. Omega Pharma-Quick Step (BEL) en 189h51’36”
2. Ag2r La Mondiale (FRA) à 01’”54”
3. BMC Racing Team (USA) à 8’15”
4. Astana (KAZ) à 20’07”
5. Movistar Team (ESP) à 23’38”
6. Tinkoff-Saxo (DAN) m.t.
7. Lampre-Merida (ITA) à 52’30”
8. Team Europcar (FRA) à 54’41”
9. Colombia (COL) à 1h00’15”
10. Trek Factory Racing (USA) à 1h02’24”