Peux-tu te présenter ? 

Enzo BIRGY, 23 ans pratiquant de VTT de descente. Je me suis davantage investi dans le XCO depuis mon arrivée à Besançon lors de ma licence STAPS.  

Préparateur physique, quel chemin as-tu pris pour arriver à cela? Qui a été ton «maître» ?

J’ai été initié à la préparation physique par Romain Hurtault, préparateur physique pour la fédération Française de ski. J’ai aussi travaillé pendant 3 ans aux côtés de Raphaël Florin en tant qu’assistant. Il m’a en bonne partie formé aux bases de la musculation. Par la suite je me suis auto formé en suivant des séminaires, formations et cours (principalement à l’international) pour élargir ma vision de l’entraînement en suivant divers courants de réflexion.

Aujourd’hui j’entame ma 4e saison en tant que préparateur physique pour le Pôle France VTT.

En quoi consiste réellement ton job ? As-tu ta propre entreprise ? 

En tant que préparateur physique j’encadre tous les aspects de développement des qualités physiologiques. En revanche j’évolue principalement dans le cyclisme (une des disciplines de bases comme j’ai tendance à dire avec la course à pied et la natation), et il est coutume que les entraîneurs techniciens encadrent les aspects physiologiques au niveau des adaptations cardiovasculaire/respiratoires. Mon travail consiste donc principalement en l’encadrement du travail en musculation visant à developper les qualités musculaires contractiles.

J’ai ma propre entreprise, BE TRAINING, qui me permet d’encadrer le suivi d’athlètes externes au Pôle.

Birgy Enzo, préparateur physique passionnéBirgy Enzo, préparateur physique passionné | © BE training

Quelles proportions prend chaque partie du travail sur ta semaine (fiche de préparation,recherche, présence au « cours » etc) ? 

Au niveau proportions de travail il est difficile de dire cela précisément car cela varie d’une semaine à l’autre mais en temps normal sur une semaine de 35-40h je vais passer 15-20h sur la préparation des contenus de séance (la partie logistique, planification, réflexions) et 15-20h sur le terrain (partie vraiment pratique).

Ayant terminé mes études, j’essaye continuellement de me garder du temps pour rechercher, étudier, me former, assister à des conférences/séminaires les week-ends. Sans oublier son propre entraînement pour tester et ajuster les nouvelles méthodes sur soi avant de les faire vivre aux athlètes (c’est aussi ça le fonctionnement chez BE Training; vivre les contenus avant de les transmettre)

Comment fonctionnes-tu avec tes athlètes ? 

Au niveau de mon fonctionnement avec les athlètes : je vais travailler différemment selon leurs besoins, niveaux de pratique mais aussi de l’éloignement entre moi et l’athlète.

J’ai des athlètes en suivi quotidien que je vois constamment en face à face comme au Pôle, cela me permet de tout individualiser, réajuster rapidement en fonction des observations. C’est la meilleure forme de travail pour être au millimètre et leur apporter le maximum.

J’ai aussi des athlètes à distance, avec eux il est plus difficile de réajuster rapidement. Je fonctionne donc beaucoup à partir de retour vidéo, d’échanges sms, visio…

Je prends principalement des athlètes ayant une base solide en musculation pour du travail à distance pour s’assurer qu’ils comprennent bien les méthodes, mouvements sans prendre de risque de se blesser ou de mal faire le travail. Il est toujours plus difficile de réajuster rapidement à distance et leur donner les bons feedbacks pour qu’ils ou elles progressent rapidement. Une bonne expérience en musculation facilite donc les choses pour faire un travail de qualité. Je considère que l’initiation à la muscu ne peut pas se faire à distance mais en face à face pour faire du bon travail et corriger rapidement en temps réel pour ne pas perdre de temps sur la progression.

J’ai également un athlète en trial que je suis totalement sur sa préparation physique/ entraînement au complet et pas uniquement en musculation.

Avec tous ces athlètes à distance j’essaye aussi de me déplacer sur leur lieu d’entraînement ou d’organiser des rencontres sur Besançon pour effectuer des testings, session d’entraînement en face to face pour se voir, réajuster ensemble les mouvements, méthodes, évaluer la progression et définir de nouvelles perspectives pour la suite du travail.

Enzo Birgy préparateur physique pour le pôle France VTTEnzo Birgy préparateur physique pour le pôle France VTT | © Enzo BIrgy

As-tu uniquement des athlètes de haut-niveau ? Uniquement des cyclistes ? 

En grande partie oui que du haut-niveau, 90% des athlètes que je suis font du haut niveau dans le cyclisme (VTT XC, Trial, route) pour le reste j’en ai quelques un en VTT ainsi qu’un skieur alpin.

Je considère que c’est une réelle chance que j’ai eu de pouvoir travailler directement à la sortie de l’université avec des athlètes d’un tel niveau. Si on me l’avait dit à mon entrée en STAPS j’y aurais difficilement cru. Je prends très à cœur cette confiance que les entraineurs nationaux et les athlètes me font et me donne donc au maximum pour être à la hauteur des attentes et de la rigueur du haut niveau.

Au niveau des athlètes que je suis en haut niveau :

  • Julie Bresset
  • Jade Wiel
  • Jordan Sarrou
  • Maxime Marotte
  • Nicolas Fleury
  • Vincent Tupin (Red Bull rampage 2018)
  • Maxime Loret

Quelle est la chose qui te plait le plus dans ce job et à l’inverse la plus contraignante ?

Ce qui me plaît c’est avant tout le terrain, la transmission et plus particulièrement aider les personnes dans leur progression physique et technique, le fait de voir un athlète partir d’un niveau et l’amener encore plus haut, au niveau maîtrise technique et performance en musculation et ce que j’adore le plus.

Le point contraignant : beaucoup le diront, on ne décroche jamais dans l’entraînement, on met un peu la vie personnelle de côté et on pense continuellement à l’entraînement et comment faire progresser l’athlète. J’ai l’impression de ne jamais faire de pause sur le travail, je mange entraînement, je dors entraînement, je vis entraînement !

Au plus proche de ses athlètes même en compétitionAu plus proche de ses athlètes même en compétition | © Kifcat

Selon toi à partir de quel âge peut-on commencer la musculation ? 

On peut commencer la musculation dès très jeune. J’ai envie de dire qu’un enfant qui s’accroupit, transporte, déplace ses jouets, des petites charges, c’est déjà une forme de musculation.

Mais si l’on parle réellement de travail en musculation on peut déjà les initier vers 10-11 ans. Il y a assez de potentiel à cet âge pour apprendre les prémices de la musculation sur les différents patrons moteurs (accroupissement, pousser, tirer). Je ne dis pas de leur faire faire des squats chargés au Max mais plutôt de leur faire découvrir des mouvements et exercices qui leur enseignent comment bien se mouvoir et utiliser pleinement le potentiel de leur corps en toute sécurité. Il n’existe pas de mauvaises choses pour notre intégrité physique, le corps est incroyablement résistant, tout est une question de mesure et de progression en fonction du niveau de chacun.

Le risque zéro de blessure existe-t-il ?

Le risque zéro n’existe pas, il y a toujours des risques mais plus on prend en compte les paramètres et facteurs pouvant amener ces risques plus on aura de chance d’éviter un problème.

Comment vois-tu ton métier dans 10 ans ?  

Dans 10 ans ? Ça c’est une question où il faut se projeter !!

Je dirais que je souhaite de me voir encore évoluer dans le haut niveau, dans le cyclisme ou dans une autre discipline ça l’avenir me le dira…

J’ai aussi un projet de développer une salle de musculation type centre de performance. Une salle de sport avec un véritable concept novateur que l’on ne retrouverait pas encore en France, qui permettrait d’apporter un plus aux sportifs et ne démarquerait de toutes les autres salles. J’ai encore quelques années pour laisser mûrir ce projet…

Quelle est la différence entre renforcement musculaire et musculation ?

Renforcement musculaire et musculation = même chose, dans les deux cas l’objectif est le même : solliciter un muscle pour stimuler des adaptations et le renforcer.

C’est juste une histoire d’étymologie.

Un exemple de ces fiches de préparationUn exemple de ces fiches de préparation | © Enzo Birgy

On dit que pour progresser il faut toujours durcir l’exercice mais comment faire quand la quantité de charge est déjà à son max ?

La progression ne va pas que par une augmentation du volume et de l’intensité, du moins en musculation. On va jouer sur beaucoup de paramètres (mais pas forcément tous à la fois bien sûr) : on peut jouer sur le nombre de répétitions et séries bien connu de tous mais aussi le temps sous tension ou encore tempo d’exécution, la durée de récupération…

Si on considère que l’on a atteint un maximum d’intensité possible, bien qu’il soit difficile de l’affirmer, on va jouer sur d’autres paramètres pour peut-être pas intensifier ou durcir l’entraînement comme tu dis, mais plutôt pour perturber le muscle en le sollicitant de différentes manières car comme la science nous l’enseigne: un corps perturbé va mettre en place des systèmes d’adaptations pour que par la suite lorsqu’il rencontrera à nouveau une même perturbation, il sera en capacité d’y faire face.

Ainsi si l’on perturbe un muscle avec divers outils : bandes élastiques, instabilités, angles et amplitudes de travail, chaînes, leviers de forces… on stimulera à nouveau des adaptations et la progression pourra perdurer.

On ne jouera donc pas uniquement sur le volume ou l’intensité uniquement c’est un système multifactoriel.

Quelles sont les axes de travail primordial en cyclisme sur route ? VTT ? Trial ? 

Premièrement, La force car elle transcende toutes les autres qualités (il me semble que c’est Vladimir Zatsiorsky qui disait ça). Car en effet, la force est une base physique que l’on retrouve dans toutes les autres qualités. Pour être gainé et stable, pour endurer/ résister à une position, engager les muscles sur de la vitesse, production de puissance, et bien sûr pour déplacer des charges, il faut produire de la force.

Ensuite, par définition en cyclisme on aura besoin de développer cette capacité de puissance, transformer la force en puissance par l’action du pédalage mais aussi développer cette explosivité, capacité de montée en force.

Sans oublier les qualités de vitesse autour de la vitesse-fréquence gestuelle, vélocité, vitesse de réaction… qui accompagnent le travail de puissance.

Par Jade WIEL