Le Jour J

« Dimanche 10 juillet. Le réveil vient de sonner. Il est 5h00, la journée s’annonce magnifique avec un ciel sans un nuage. Tranquillement, je prends mon petit-déjeuner agrémenté de céréales et d’un gâteau d’avoine. Je reçois les derniers messages d’encouragement dont celui de Philippe Lesage qui est déjà prêt à partir sur le parcours. Dernières vérifications, pression des boyaux, et direction le site de départ. La température est déjà bonne. Les concurrents s’engouffrent dans leurs sas, le mien est tout devant. A l’intérieur, on retrouve les favoris de la journée. Dernier selfie avec Jérémy Laby pour immortaliser le moment et le départ est donné.

Les premiers kilomètres sont neutralisés pour plus de sécurité. Nous voilà dans les premières rampes du début des Saisies, ensuite direction Flumet et le pied des Aravis ou Jérémy Bescond lance la première accélération de la journée. Je le suis et nous serons rattrapés à la Giettaz. La montée se fait sur un bon rythme, descente sur la Clusaz, le Grand-Bo, et nous voilà déjà au pied du col de la Colombière. Cette fois, c’est Julien Bernard qui fait la montée jusqu’à 2 kilomètres du sommet, où Bescond accélère à nouveau. Julien Bernard le rejoint avant que l’on ne se retrouve à sept ou huit coureurs à l’avant de la course pour attaquer la longue vallée qui nous mènera au pied de la dernière difficulté. Lors de notre passage à Mieussy, un groupe revient de l’arrière. C’est à ce moment que Bescond et Chainel s’échappent. Derrière, l’entente n’est pas super et nous arrivons avec deux minutes de retard sur l’homme de tête.

Dès le pied de Joux Plane, je teste mes adversaires une première fois dans les plus forts pourcentages. Les jambes sont là, ils ont du mal à suivre, seul Tao Quéméré semble à l’aise, mais lors de cette accélération je ressens une douleur vive au bas du dos. Je ralentis, Tao accélère, je relance pour le suivre et là une deuxième décharge qui me cloue au macadam. Je viens de comprendre que mon Etape est en train de tourner au cauchemar. Il me reste 8 kilomètres à grimper avec le dos bloqué. Pendant les 5 kilomètres suivants, je lutte pour pouvoir arriver au sommet, mon objectif maintenant est de terminer cette Etape.

Passé le sommet, j’effectue une descente tranquille et, arrivé à Morzine, j’apprends que Tao Quéméré vient de remporter cette Etape du Tour 2016. Mon père est à l’arrivée, il voit que je suis frais et que mon dos a fait des siennes. Philippe est là aussi pour m’accueillir.

La déception est grande, le fait de n’avoir pas pu donner la pleine mesure de mes capacités est frustrant, mais le sport est ainsi fait, il y a plus de défaites que de victoires. Une chose est sûre, Tao est un beau et grand vainqueur de cette édition, il a toujours été à l’avant sans ménager ses efforts… un grand bravo à lui.

Je reste dans l’arche d’arrivée en attendant ma femme qui réussira une belle performance avec le peu de kilomètres au compteur, cela aura été une belle journée de sport sur mes routes d’entrainement. Maintenant, place au repos et aux soins pour repartir sur de nouveaux horizons. »

Nicolas Roux