Bien malin est celui qui peut prédire ce matin le vainqueur de la Clasica San Sebastian tant la course est ouverte. Les favoris ne manquent pourtant pas mais aucun nom ne sort véritablement du lot, au contraire de l’année dernière où celui de Philippe Gilbert clignotait de toutes les couleurs en haut de chaque page. 4ème de l’Eneco Tour, Alberto Contador (Saxo Bank-Tinkoff) pouvait prétendre à ce statut de favori numéro 1, mais l’espagnol a préféré renoncer à la Clasica afin de mieux récupérer et se préparer pour le Tour d’Espagne. Cette année, deux anciens vainqueurs de la classique ibérique seront au départ  pour essayer d’accrocher une 2ème fois cette prestigieuse épreuve à leur palmarès : Alejandro Valverde (Movistar Team) et Luis-Leon Sanchez (Rabobank). Les 2 coureurs espagnols sortent d’un Tour de France fructueux avec une victoire d’étape chacun et tenteront à coup sûr de poursuivre sur cette bonne dynamique sur cette course qu’ils connaissent à merveille.

Il est important de bien connaître la Clasica San Sebastian pour espérer y briller. A commencer par la montée du Jaizkibel qui présente un pied d’ascension difficile et un sommet en faux-plat montant. Une difficulté qui n’est pas forcément aux goûts des purs grimpeurs donc. Aussi, il s’agit de maîtriser les 14 derniers kilomètres qui séparent le sommet de l’Alto de Arkale de l’arrivée. Cette portion finale est propice aux regroupements et aux manœuvres stratégiques. Un homme malin et avec de l’expérience, à l’instar de Philippe Gilbert, peut exploiter le moindre talus ou le moindre virage pour s’en aller en solitaire. Enfin, il ne faut pas redouter la chaleur sur la Clasica San Sebastian, cela semble évident. L’été bat son plein sur la côte basque et même si les Pyrénées sont à proximité, les températures tournent autour des 30 degrés.

La 32ème édition de la Clasica San Sebastian ne fera pas défaut à cette tendance météorologique. Quand les coureurs s’élancent 11h10 ce matin, le ciel bleu et le soleil sont au rendez-vous. Javier Aramendia (Caja Rural) et Adrian Palomares (Andalucia) sont eux au rendez-vous de l’échappée matinale. Les 2 coureurs espagnols animent la 1ère moitié de la classique. Il faut attendre 14h00 pour que leur avance atteigne son zénith, soit 11 minutes. Ce n’est toutefois pas assez pour espérer réaliser un miracle, d’autant plus que le Team Katusha commence à accélérer l’allure. L’équipe russe possède dans ses rangs 2 coureurs capables de s’imposer aujourd’hui, Joaquim Rodriguez et surtout Daniel Moreno qui est dans une forme olympique. Rapidement, la Katusha est relayée par Astana en tête de peloton.

Il faut attendre l’Alto de Arkale pour voir Joaquim Rodriguez lancer réellement les hostilités.

La conséquence de ce relais kazakh est immédiate. L’écart en faveur des échappés descend en flèche. Le duo est même repris à 80 kilomètres de l’arrivée, au pied de la 1ère ascension du Jaizkibel. Dès les premières rampes, Nairo Quintana (Movistar Team) et Eros Capecchi (Liquigas-Cannondale) passent à l’attaque. Dans le peloton, Astana régule toujours le tempo pour son champion olympique Alexandre Vinokourov. Capecchi se débarrasse du colombien mais voit le retour de Tomasz Marczynski (Vacansoleil-DCM) dans l’Alto de Arkale. Il reste alors 55 kilomètres à parcourir et le peloton est réduit à une cinquantaine d’unités. C’est le moment pour la Movistar Team de se placer à l’avant du peloton. Alejandro Valverde aurait-il des fourmis dans les jambes à l’approche du Jaizkibel ?

Et bien non. Le Murcian ne bouge pas une oreille dans la dernière ascension du col basque. Par contre, Sergio Paulinho puis Rafal Majka, tous deux de la Saxo Bank-Tinkoff, placent une banderille. Le polonais est le plus incisif et rejoint Marczynski, seul en tête de la course. Les accélérations de Richie Porte (Team Sky) ou bien Bauke Mollema (Rabobank) dans le peloton ne parviennent pas à cacher une certaine passivité dans le groupe des favoris. Au sommet du Jaizkibel, quasiment personne n’a été lâché dans le peloton. En revanche, la descente provoque une petite sélection par l’avant. Trois coureurs se font la belle avec Sergio Henao (Team Sky), Rafael Valls (Vacansoleil-DCM) et Gorka Izaguirre (Euskaltel-Euskadi). Ils rejoignent ainsi le duo Majka/Marczynski et abordent l’Alto de Arkale avec environ 25 secondes d’avance sur un peloton emmené par la Movistar Team, toujours.

Dans cette ultime difficulté, Henao lâche ses compagnons d’échappée. Mais il se fait reprendre juste après le sommet par un peloton qui a explosé suite à la violente accélération de Joaquim Rodriguez. Seule une petite dizaine de coureurs composent le groupe de tête avec notamment Bauke Mollema, Diego Ulissi (Lampre-ISD) ou encore Valverde. Mais la descente permet à de nombreux cyclistes de revenir et parmi eux Luis-Leon Sanchez. Et comme sur l’étape du Tour de France qu’il a remportée, Sanchez choisit d’attaquer à 9 kilomètres de l’arrivée. On pense sa tentative trop ambitieuse, mais c’est sous-estimer les capacités du rouleur. Surtout, Luisle, comme il est surnommé, est aidé par ses équipiers Mollema et Gesink qui reviennent sur chacun des contres initiés. Sous la flamme rouge, Sanchez a 12 secondes d’avance sur le groupe de poursuivants. C’est suffisant pour remporter une 2ème fois la Clasica San Sebastian. Au sprint, Simon Gerrans (Orica-GreenEdge) accroche la 2ème place et Gianni Meersman (Lotto-Belisol) la 3ème. Christophe Le Mével (Garmin-Sharp) finit à une belle 4ème position. Aujourd’hui, comme l’on pouvait s’y attendre, San Sebastian a sacré un homme malin, qui connaissait parfaitement ses classiques. Sa classique.

Classement :

1. Luis-Leon Sanchez (ESP, Rabobank) les 234 km en 5h55’34 »
2. Simon Gerrans (AUS, Orica-Greenedge) à 7 sec.
3. Gianni Meersman (BEL, Lotto-Belisol) m.t.
4. Christophe Le Mevel (FRA, Garmin-Sharp) m.t.
5. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) m.t.
6. Mauro Santambrogio (ITA, BMC Racing Team) m.t.
7. Mads Christensen (DAN, Saxo Bank-Tinkoff) m.t.
8. Joaquim Rodríguez (ESP, Team Katusha) m.t.
9. Xavier Florencio (ESP, Team Katusha) m.t.
10. Diego Ulissi (ITA, Lampre-ISD) m.t.