Laurent Didier, Justin Jules, David Le Lay, Yoann Bagot et Nicolas Bonnet possèdent un point commun : un papa retraité des pelotons professionnels. Laurent Didier (Saxo Bank-SunGard) est le fils de Lucien Didier professionnel de 1977 à 1984, Justin Jules (La Pomme Marseille) celui de Pascal Jules pro de 1982 à 1987, David Le Lay (Ag2r La Mondiale) celui de Gilbert Le Lay pro en 1978 et 1979, Yoann Bagot (Cofidis) celui de Jean-Claude Bagot pro de 1983 à 1994, Nicolas Bonnet (Roubaix Lille Métropole) celui de Patrick Bonnet pro de 1979 à 1986. Avantage, inconvénient ? Nous sommes allés à la rencontre de ces cinq garçons présents dans le peloton professionnel 2011 et roulant dans le sillage de leur père.

Qu’est-ce qui vous a poussé à faire du vélo, est-ce l’exemple de votre père ?
Laurent Didier : C’est grâce à mon père, mais également à mon grand-père qui, lui aussi, a été professionnel. Mais ils ne m’ont jamais mis la pression.
Justin Jules : Il faut dire que je suis issu d’une famille de cyclistes, ceci explique cela.
David Le Lay : Mon père a forcément été un peu à l’origine de cela mais l’élément déclencheur a été mon frère qui a commencé quelques années auparavant.
Yoann Bagot : Non, à la base j’ai commencé le vélo pour m’amuser.
Nicolas Bonnet : Pas vraiment, c’est le hasard. Un jour mon père m’a prêté un vélo, j’ai donc fait quelques courses et de fil en aiguille j’en suis arrivé là.

A quel âge avez-vous commencé ?
Laurent Didier : J’ai pratiqué un peu d’athlétisme avant d’en venir au vélo, j’avais alors 8 ans. Mais ce n’était encore que des épreuves d’école de cyclisme, de la technique. J’ai débuté la compétition seulement en Minimes.
Justin Jules : J’ai abordé le sport par la pratique du tennis, mais l’idée de monter sur un vélo m’a toujours trotté dans la tête, histoire de voir si les gènes étaient bien présents. J’ai donc effectué mes premiers coups de pédales en 2006, à l’âge de 20 ans.
David Le Lay : C’est à 12 ans que j’ai débuté le cyclisme.
Yoann Bagot : J’ai tout d’abord pratiqué l’athlétisme avant de m’essayer au cyclisme car je commençais à saturer. J’ai fait mes débuts à l’âge de 17 ans, en mars 2005.
Nicolas Bonnet : J’ai commencé le cyclisme à 6 ans après avoir fait un peu de foot.

Les gens ne vous comparent-ils pas trop souvent à votre père, au niveau des résultats entre autres ?
Laurent Didier : C’est effectivement le cas au Luxembourg, où mon père est populaire, mais cela ne se pose pas lorsque je cours à l’étranger. A vrai dire, je n’apprécie pas vraiment que l’on établisse un parallèle entre lui et moi, car lui était lui et moi je suis moi.
Justin Jules : Depuis mes débuts, de nombreuses personnes m’abordent pour m’encourager à accomplir la même carrière que mon père, je trouve cela plutôt flatteur.
David Le Lay : Plus petit, en Cadets et Juniors, on me parlait plus souvent de mon père parce que je courais en Bretagne. Aujourd’hui j’arrive évidemment toujours à trouver quelqu’un, aux quatre coins de l’Hexagone, qui connaît mon père et qui m’en parle mais cela se fait de plus en plus rare.
Yoann Bagot : Les gens m’identifient plus souvent comme « le fils de… ». Je m’y suis habitué et j’en fais désormais abstraction. Je suis mon petit bonhomme de chemin.
Nicolas Bonnet : Les gens ont l’intelligence de ne pas faire trop de comparaisons. C’est surtout les membres de ma famille qui me parlent de la carrière de mon père. Lui reste assez discret à ce sujet.

Est-ce pour vous un handicap ou un avantage que votre père ait été cycliste professionnel ?
Laurent Didier : J’estime que cela est un réel avantage. Les fées se sont penchées sur mon berceau. En effet, j’ai des « gènes cyclistes » me venant de mon père, mais aussi de mon grand-père maternel.
Justin Jules : C’est plutôt un atout, car cela m’a permis d’être plus facilement repéré et reconnu par les gens du milieu cycliste.
David Le Lay : Je pense que cela est plutôt un avantage car cela permet d’éviter de nombreuses erreurs lorsqu’on débute, à l’inverse de parents n’ayant aucune culture du milieu cycliste.
Yoann Bagot : Au regard de cela, les gens prêtent plus attention à mes résultats, ce qui peut être un avantage ou un inconvénient, c’est selon. Il est également assez fréquent que l’on mette mon père en avant dans les interviews, ce qui m’incommode quelque peu.
Nicolas Bonnet : Je considère que cela peut être un handicap car parfois il est plus enrichissant de faire des erreurs soi-même afin de mieux s’en rendre compte et de toucher les problèmes du doigt, de vivre ses propres expériences. En revanche, cela peut représenter un avantage car il s’est énormément investi dans les déplacements et l’achat de matériel. Comme on le sait « quand on aime, on ne compte pas » !

Vous donne-t-il encore des conseils et vous suit-il sur les courses actuellement ?
Laurent Didier : Oui, parfois. Mais le vélo a évolué si vite qu’il est de plus en plus difficile pour lui de me donner des conseils. En revanche, en Juniors, il était encore un guide précieux pour moi. Il me suit uniquement sur les courses importantes, il sera par exempte présent sur Paris-Nice.
David Le Lay : Il me donne toujours des petits conseils, mais depuis son époque énormément de choses ont changé, les pelotons sont plus massifs et les tactiques de courses différentes. Il n’en reste pas moins que les bases sont restées les mêmes. Etant donné que peu de courses se déroulent en Bretagne, il est difficile pour lui de me suivre régulièrement.
Yoann Bagot : Oui, mais je suis bien encadré chez Cofidis. Cela ne l’empêche pas d’avoir toujours un œil sur moi afin de s’assurer que je ne fais pas d’erreur globale et que je me gère bien. Il se déplace sur les courses à proximité de chez nous, les courses de début de saison comme le Grand Prix La Marseillaise ou le Tour Méditerranéen, ainsi que sur certaines courses importantes.
Nicolas Bonnet : Oui bien entendu, en tant que passionné et ancien pro, plus que jamais ! Il est d’ailleurs mon entraîneur.

Propos recueillis par Kim Caritoux.